Pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918), les femmes furent mobilisées à l’arrière du front et contribuèrent à l’effort de guerre. Écrire à des soldats fut un de ces engagements. Ces correspondances  permettaient aux hommes de tenir sur le front, de penser à autre chose, de s’extraire, le temps d’une lecture ou d’une réception de colis, du quotidien rude des tranchées.

Aliénor a étudié la relation entre une civile et des soldats dans son mémoire de recherche. C’est toute une vie qui se déploie à travers les journaux laissés par la marraine de guerre : Yvonne Fleury Cette étude s’inscrit dans la micro-histoire, un point de vue historiographique qui analyse les petites histoires pour en comprendre la grande.

Yvonne Fleury nous en apprend beaucoup sur elle mais aussi sur son époque, sa classe sociale et une marraine de guerre devient alors bien plus complexe qu’on pourrait le penser.

CONTEXTE :

La Police des Lumières est une des expositions impactées par la pandémie de COVID-19. Elle devait se dérouler de mars à juin 2020, puis du 18 septembre 2020 au 18 janvier 2021.

Nous avons eu l’honneur d’être invités à une visite privée pour le dernier jours de l’exposition. Au XVIIIe siècle la police est une idée neuve dans les ville d’Europe. Les groupes bourgeois autrefois chargés d’assurer la sécurité des habitants laissent place à des hommes qui s’occupent d’administrer la ville. Car la police a de multiples rôles à cette période et c’est ce que l’exposition montrait au public.

Vincent Milliot professeur d’histoire moderne à l’Université Paris VIII est l’un des commissaire scientifique de La police des Lumières. Il a accepté de répondre à nos questions et nous raconte l’histoire de cette police, les coulisses de l’exposition et les différentes scénographies sonores utilisées.

BIBLIOGRAPHIE / FILMOGRAPHIE / PODCASTS :

À L’OREILLE :

Gorgia – Ray Charles

Cette émission de 20min fut réalisé à l’occasion du stage de 3e de Nomena, qui a assisté à la prise de son et assuré la régie de l’émission, merci et bravo à lui !

Nous explorons les ficelles d’un scandale judiciaire qui eut lieu au Havre en 1910.

Une affaire oubliée alors qu’un innocent fut condamné à mort pour la simple et bonne raison qu’il était ouvrier, qu’il était syndicaliste.

Depuis trois semaines, les ouvriers charbonniers sont en grève et ce soir là trois d’entre eux titubent sur les quais. Ils sont ivres et croisent Louis Dongé un contremaître non gréviste, lui aussi sous l’emprise de l’alcool. Une bagarre éclate et Louis Dongé finit à l’hôpital et y meurt le lendemain.

Deux jours plus tard la police arrête le secrétaire syndical, Jules Durand à son domicile. Il a 30 ans, il n’était pas sur les lieux des faits mais sera condamné à la peine capitale le 25 novembre 1910. La gauche, la Ligue des droits de l’homme se mobilise et obtient la grâce Présidentielle mais le mal est fait : Jules Durand est devenu fou, traumatisé par l’injustice. Il est interné, son honneur ne sera rétablit qu’en 1918 lorsque la cour de cassation reconnaît définitivement son innocence.

Qui voulait le voir tomber ? Comment une telle erreur judiciaire fut possible ? Et que nous apprend-t-elle quant au fonctionnement de la justice en ce début du siècle ?

Marc Hédrich est Président de la cour d’assise à la cour d’appel de Caen. Il a consacré 10 ans de recherche sur cette affaire pour publier ce livre L’affaire Jules Durand. Quand l’erreur judiciaire devient crime aux éditions Michalon.

Il analyse toute la mécanique judiciaire de l’époque qui a conduit à détruire un homme. Ce livre vise à faire connaître l’histoire de Jules Durand et honorer sa mémoire. L’affaire fut un scandale national, Jaurès la qualifia cette affaire “d’affaire Dreyfus des pauvres”.

Le 1er novembre 2020, lors d’une interview télévisée en réaction à l’attentat terroriste de Conflans-Sainte-Honorine, le Premier Ministre Jean Castex y est allé de sa tirade :

Je veux ici dénoncer toutes les compromissions qu’il y a eues pendant trop d’années, les justifications à cet islamisme radical : nous devrions nous auto-flageller, regretter la colonisation, je ne sais quoi encore

Cette phrase témoigne d’un profond mépris pour les chercheurs et chercheuses dont le travail est de comprendre un phénomène complexe et d’analyser ses conséquences toujours présentes aujourd’hui.

Les études décoloniales ont mis vingt ans à sortir de leur tour d’ivoire, dans laquelle de nombreux acteur cherchaient à les cantonner. Elles sont toujours méprisée, en témoigne ce discours glorifiant “Notre histoire”.

Cette roue libre n’est qu’une modeste interprétation de textes dont la simple lecture nous fait mesurer à quel point une partie de nos gouvernants sont définitivement tombés dans la pensée facile.

Ces extraits ne sont qu’une parcelle d’un travail immense dans toute les disciplines de science-humaines, de productions culturelles qui ne cessent de rendre compte de la violence de l’histoire coloniale contre le déni, la nostalgie de l’empire, la peur de l’autre, etc.

Décolonisation du sang et des larmes par Pascal BLANCHARD et David KORN-BRZOZA diffusé le 6 octobre 2020 sur France 2

Rémi est étudiant à l’Université de Reims et nous parle de son mémoire rédigé en 2019, intitulé : Les élections consulaires à Rome pendant la deuxième guerre punique.

C’est l’occasion de revenir sur l’histoire de Rome de rappeler comment cette cité devint une Res-publica  à la chute de Tarquin le Superbe en 509 avant J.C et d’en interroger le concept. Rémi s’est plongé dans le fonctionnement même du régime qui à repris des prérogative royales à travers la fonction de consul. Comment ces derniers étaient-élus? Pourquoi peut-on parler d’une Oligarchie ? La population civique romaine est divisée par comices selon leurs richesses, l’élection consulaire suit un protocole précis où la dimension religieuse est inhérente.

Ainsi lorsque la République Romaine est en guerre et notamment au IIIe siècle avant J.C contre Carthage, elle doit s’adapter. Rémi nous raconte alors les anomalies électorales qu’il a pu analyser. Carthage est dirigé par le célèbre chef militaire Hannibal, les armées romaines subissent des défaites qui poussent certain à obtenir plus de pouvoir, pour plus longtemps ou de le conserver.

Les 26, 27 et 28 août 1940, l’Afrique Équatoriale française et le Cameroun se rallient à la France Libre dirigée par le Général De Gaulle. Deux mois après le célèbre Appel du 18 juin, Charles De Gaulle dispose désormais d’un territoire, des ressources humaines et matérielles pour continuer la guerre auprès des alliés. Entre 1940 et fin 1942, l’essentiel, si ce n’est l’intégralité, de la France Libre est en Afrique. C’est en Libye que les hommes du Colonel Leclerc combattent, en Guinée que d’autres sont au travail, au Cameroun que l’on produit du caoutchouc et au Congo que la France Libre se dotent d’instrument juridique, frappe monnaie et organise la mobilisation.

Cette souveraineté a permis au Général d’être crédible, légitime et in fine à la France de compter parmi les pays vainqueurs. C’est cette histoire qui est ici partagée. Un contexte et une exploitation coloniale sans lesquels la France Libre n’aurait probablement pas connu la victoire.

 À L’OREILLE :

Le meurtre de George Floyd le 25 mai 2020 s’inscrit dans une longue histoire des violence raciales dénoncée depuis tant d’années partout où elles s’exercent, c’est à dire partout dans le monde. La mobilisation Black Lives Matter fut lancée en 2013 par trois femmes activistes américaines. Il prend au fil de tragique violences policières une ampleur mondiale qui part écho, redonne souffle aux luttes françaises également portées ces dernières années par des femmes.

En Angleterre, en Belgique, en France et dans d’autre pays, un acte de ces mobilisation politique est au centre du débat : le déboulonnement de statues à la gloire de personnages qui incarnent un passé esclavagiste et colonialiste des sociétés occidentales. Trop associé à un acte révolutionnaire, à un changement de régime, les controverses actuelle témoigne qu’un débat apaisé sur notre histoire est encore difficile et que c’est là une énième preuve d’un problème d’une élite incapable de regarder le passé “avec lucidité” (E. Macron).

Pour commencer l’été et l’évasion, je vous propose la lecture  d’un extrait de l’Enquête d’Hérodote, considéré comme le père de l’Histoire. Nous partons au VIe siècle avec l’histoire de Gygès et Crésus.

Alexander Mimoun est un passionné d’histoire et s’est lancé à l’âge de 40 ans dans une reprise d’étude en parallèle de son activité. Arrivé en master, il a rédigé une recherche portant sur l’image des juifs dans les ouvrages produits à la cour d’Alphonse X le Sage de Castille. 1252-1284. Recherche qu’il poursuivra l’année prochaine en M2.

C’est l’occasion d’en apprendre sur la péninsule ibérique au cœur du XIIIe siècle. Un contexte dit de la Reconquista où les royaumes Chrétiens reprenne des territoires au entité musulmanes en Espagne. Ce terme fait débat il reste que les population locales musulmanes et juives demeure sur les territoire conquis, ce qui fait de l’Espagne une terre inter-confessionnelle. Alexander nous présente Alphonse X et comment les juifs participe à sa politique. Nous voyageons à travers un sujet complexe d’historiographie des minorités: Comment l’histoire des juifs d’Espagne médiévale fut écrite  et quelles idéologies sert-elle dans le contexte de leurs écritures ?

Puis nous abordons la recherche en elle même, les sources issue du Scriptorium d’Alphonse X, c’est le début des poncifs discriminants dans la représentations des juifs qui perdurera jusqu’à notre époque et les début des textes de ségrégation. Oui mais c’est à l’époque une norme un “idéal” construit à travers l’évolution théologique faite de règles “qui ne sont pas mis en œuvre”.

L’illustration de cette émission est une partie de la carte appelée l’atlas Catalan  que l’on date en 1375. Nos yeux se posent vers le Sud en Afrique où un souverain tient cette pépite d’or à la main et la montre au monde entier.

À partir de cette source, nous pouvons sillonner les grandes routes commerciales du continent africain, construites au fil des échanges entre les États arabo-musulmans et les États de l’Afrique subsaharienne.

Le souverain représenté est Mansa Mûssa (Moussa) roi de l’Empire du Mâli, fondé en 1235 par Soundiata Keita. La légende voudrait que cet homme ait crée la première charte des Droits de l’homme: La charte du Mandem aujourd’hui inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

L’Empire du Mâli connait un prestige dans le monde à partir de 1324 lorsque Mansa Mûsa entreprend un pèlerinage des plus fastueux qui marquera les esprits.

Sur la côte est, ce sont d’autres villes, d’autres États et d’autres légendes. Un autre pèlerin Ibn Battûta né en 1304 nous décrit les cités portuaires le long de la Somalie, du Kenya et de la Tanzanie.

Et puis nous pouvons passer l’équateur pour raconter la légende du royaume du Kongo. Royaume qui ne fut pas influencé par l’Islam mais quand les Portugais arrivèrent en 1483, les élites et le souverain se convertirent au Catholicisme.

Aurélia Michel est maîtresse de conférence à l’Université Paris Diderot, spécialiste de l’histoire de l’Amérique latine.

Elle a rédigé et publié en janvier 2020 Un monde en nègre et blanc. Enquête historique sur l’ordre racial au éditions du Seuil. Cet ouvrage est une synthèse qui lie le racisme contemporain à la longue histoire de l’esclavage. En retraçant et définissant cette institution, on rappelle qu’elle ne fut aucunement associée à une couleur de peau particulière dans les réseaux antiques et médiévaux, réseaux dont les royaumes d’Europe occidentale en sont bien éloignés au Moyen-Age. C’est la traite négrière qui crée des sociétés imprégnées de violence où la frontière entre la communauté esclave et la communauté libre ne se justifie pas. Mais les stigmates et l’association Noir-esclaves se consolident, au moment des révolutions au XVIIIe siècle le maintien de la frontière doit se justifier : les théories raciales se construisent alors dans la même période.