
Sign up to save your podcasts
Or
Avec Alexia Roux, Saad Chakali, Mehdi Benallal & Guillermo Kozlowski
Jean-Luc Godard ne sera jamais le nom propre d’un auteur consacré, mais le nom commun d’une pensée partagée, sésame ou schibboleth pour le cinéma qui vient et dont nous avons besoin : le partage au nom du commun et ce qu’il départage au nom de l’égalité. Quand il eût fini les Histoire(s) du cinéma, Godard disait qu’il n’avait aucun public, sinon des spectateurs, peut-être 100.000 dans le monde, ses amis : l’amitié pour ce qui se pense sous ce nom. Avec ce cinéaste, c’est comme avec les communistes selon le bon mot de José Bergamin, on ira jusqu’à la mort sans faire un pas de plus.
Le cinéma à le suivre, on peut se l’imaginer ainsi, à l’instar du tiers-état selon l’abbé Sieyès. Qu’est-il ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. Ce peu qu’il peut est sa dernière puissance, le miracle de donner ce que l’on n’a pas - les images, les idées. Liberté (le droit de citer contre le droit d’auteur et les citations à comparaître des procureurs). Égalité (contre toutes les hiérarchies). Phraternité (comme Marie José Mondzain nous a appris à l’écrire) pour les métaphores, ces transports en commun.
Si le cinéma a gagné (il est partout), il a perdu aussi (Auschwitz-Hiroshima) et il ne cesse pas d’être encore défait aujourd’hui (Gaza-IA). Le cinéma de Godard est le moins au centre car il est le plus au milieu, par où tout bifurque et tout recommence. Alors on recommencera par le milieu, moins nombril qu’ombilic : la crise et la critique qui est d’abord autocritique, la modernité contre elle-même, le legs des premiers romantiques et un retour sur la politique des auteurs, pas un autoritarisme mais une politique des marges. Une pensée par accords discordants, opérant par rapports à la fois destituants et constituants. Des montages d’images dialectiques qui sont toujours des démontages critiques. Une pensée remontée à démonter le terrain miné des clichés. Des faux-raccords pour faire fuser les correspondances. Des courts-circuits pour interrompre la bêtise des automatismes. Le sabotage poétique de toutes les chaînes d’asservissement, chaînes conjugales, chaînes d’usine, chaînes de télévision, toutes les chaînes d’esclaves.
Godard ? Le cinéma ne divertit pas, il divise. De deux choses, pas l’une pour montrer la troisième, l’invisible qu’il y a entre toi et moi - l’image qui revient de loin en donnant la main à celle d’après. Champ/contrechamp/hors-champ, une trinité. Godard juif, Godard arabe et ce sont les trois personnes. Sinon, on ne comprendra jamais que ce que l’on hait en l’autre, n’est autre que soi-même. Le cinéma est un art pacifique, il est fait pour rapprocher. Son cinéma ? À l’épreuve des conflictualités, au contraire de la guerre.
00:00 Jean-Luc Godard, un nom commun comme un mot de passe03:12 L'amitié contre la notion « fasciste » de public06:50 Un cinéma qui ne raconte pas d'histoire
10:57 Entrer dans le cinéma par sa porte de sortie
14:12 L'ami dont on se méfie
17:06 Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est le cinéma mais ce qu'il peut et ce qu'il expérimente
21:43 « Si je me suis bien fait comprendre, c'est que je me suis mal exprimé »
26:28 Le visible et l'énergie sombre
31:44 La crise, Homère et le geste paysan (plus rien ne va de soi, tout devient compliqué)
36:04 Debord, le grand mensonge et le renfrognement
42:40 Critique de la critique de la séparation
46:54 L'émancipation, la question juive, la question arabe
51:49 Le caractère spectaculaire du film « La société du spectacle »
56:02 La vie s'éloigne dans une représentation...
58:39 La prisonnière du désert, les gestes qui s
Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
Avec Alexia Roux, Saad Chakali, Mehdi Benallal & Guillermo Kozlowski
Jean-Luc Godard ne sera jamais le nom propre d’un auteur consacré, mais le nom commun d’une pensée partagée, sésame ou schibboleth pour le cinéma qui vient et dont nous avons besoin : le partage au nom du commun et ce qu’il départage au nom de l’égalité. Quand il eût fini les Histoire(s) du cinéma, Godard disait qu’il n’avait aucun public, sinon des spectateurs, peut-être 100.000 dans le monde, ses amis : l’amitié pour ce qui se pense sous ce nom. Avec ce cinéaste, c’est comme avec les communistes selon le bon mot de José Bergamin, on ira jusqu’à la mort sans faire un pas de plus.
Le cinéma à le suivre, on peut se l’imaginer ainsi, à l’instar du tiers-état selon l’abbé Sieyès. Qu’est-il ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. Ce peu qu’il peut est sa dernière puissance, le miracle de donner ce que l’on n’a pas - les images, les idées. Liberté (le droit de citer contre le droit d’auteur et les citations à comparaître des procureurs). Égalité (contre toutes les hiérarchies). Phraternité (comme Marie José Mondzain nous a appris à l’écrire) pour les métaphores, ces transports en commun.
Si le cinéma a gagné (il est partout), il a perdu aussi (Auschwitz-Hiroshima) et il ne cesse pas d’être encore défait aujourd’hui (Gaza-IA). Le cinéma de Godard est le moins au centre car il est le plus au milieu, par où tout bifurque et tout recommence. Alors on recommencera par le milieu, moins nombril qu’ombilic : la crise et la critique qui est d’abord autocritique, la modernité contre elle-même, le legs des premiers romantiques et un retour sur la politique des auteurs, pas un autoritarisme mais une politique des marges. Une pensée par accords discordants, opérant par rapports à la fois destituants et constituants. Des montages d’images dialectiques qui sont toujours des démontages critiques. Une pensée remontée à démonter le terrain miné des clichés. Des faux-raccords pour faire fuser les correspondances. Des courts-circuits pour interrompre la bêtise des automatismes. Le sabotage poétique de toutes les chaînes d’asservissement, chaînes conjugales, chaînes d’usine, chaînes de télévision, toutes les chaînes d’esclaves.
Godard ? Le cinéma ne divertit pas, il divise. De deux choses, pas l’une pour montrer la troisième, l’invisible qu’il y a entre toi et moi - l’image qui revient de loin en donnant la main à celle d’après. Champ/contrechamp/hors-champ, une trinité. Godard juif, Godard arabe et ce sont les trois personnes. Sinon, on ne comprendra jamais que ce que l’on hait en l’autre, n’est autre que soi-même. Le cinéma est un art pacifique, il est fait pour rapprocher. Son cinéma ? À l’épreuve des conflictualités, au contraire de la guerre.
00:00 Jean-Luc Godard, un nom commun comme un mot de passe03:12 L'amitié contre la notion « fasciste » de public06:50 Un cinéma qui ne raconte pas d'histoire
10:57 Entrer dans le cinéma par sa porte de sortie
14:12 L'ami dont on se méfie
17:06 Il ne s'agit pas de savoir ce qu'est le cinéma mais ce qu'il peut et ce qu'il expérimente
21:43 « Si je me suis bien fait comprendre, c'est que je me suis mal exprimé »
26:28 Le visible et l'énergie sombre
31:44 La crise, Homère et le geste paysan (plus rien ne va de soi, tout devient compliqué)
36:04 Debord, le grand mensonge et le renfrognement
42:40 Critique de la critique de la séparation
46:54 L'émancipation, la question juive, la question arabe
51:49 Le caractère spectaculaire du film « La société du spectacle »
56:02 La vie s'éloigne dans une représentation...
58:39 La prisonnière du désert, les gestes qui s
Vous aimez ou au moins lisez lundimatin et vous souhaitez pouvoir continuer ? Ca tombe bien, pour fêter nos dix années d’existence, nous lançons une grande campagne de financement. Pour nous aider et nous encourager, C’est par ici.
12 Listeners
225 Listeners
112 Listeners
29 Listeners
81 Listeners
169 Listeners
27 Listeners
77 Listeners
47 Listeners
4 Listeners
13 Listeners
16 Listeners
1 Listeners
3 Listeners