En l’an 509 avant l’ère commune, le fils du roi, Sextus Tarquin a violé Lucrèce, la précipitant dans un déshonneur que sa condition ne pouvait supporter, qui l’a porté à mettre fin à ses jours dans un sacrifice vengeur. Rapporté par Tite-Live, l’épisode a marqué la fin du règne des Tarquins et entraîné l’instauration de la république romaine. L’histoire étant devenue un mythe, on ne sait plus si elle a réellement eu lieu. Ses sources sont largement manquantes, là où les récits du mythe sont plutôt abondants. Avant l’opéra Le Viol de Lucrèce de Britten en 1946, mais après Le Viol de Lucrèce de Shakespeare en 1594, l’abbé Benedetto Pamphili se saisit de l’histoire et compose un poème pour qu’Alessandro Scarlatti – le père du claveciniste – en fasse une cantate en 1688. Plusieurs compositeurs vont aussi faire cantate à partir de la figure de Lucrèce : Benedetto Marcello ou encore Haendel et Montéclair. En y mettant chacun sa patte, les compositeurs soulignent des traits différents du drame de Lucrèce : du désir de vengeance jusqu’à l’extase paradoxale. En 2024, l’ensemble Les Paladins fait paraître un enregistrement de quatre de ces cantates par quatre chanteuses qui, au moment de les graver, se sont confiées au micro de Metaclassique. Pour ce numéro « Violer », vous allez donc entendre, par ordre d’apparition : Lucile Richardot, Karine Deshayes, Amel Brahim-Djelloul, Sandrine Piau avec, en contrepoint, les interventions du directeur artistique des Paladins à l’origine de cette quadrature, Jérôme Correas.