Photo fournie par Norma Bastidas
À un âge où les filles s’amusent, étudient et commencent à rêver à leur place dans le monde, sa vie s’est brisée. Durant de nombreuses années, au Mexique et au Japon. En arrivant au Canada, une brèche s'est produite à travers laquelle un rayon de lumière est passé.
Une histoire incroyable de résilience, de courage, de persévérance et de générosité.
Norma Bastidas (au centre) avec sa soeur Rosa Bastidas (à gauche) et sa cousine Susana Bastidas (à droite) devant leur maison à Culiacan au Mexique. Photo fournie par Norma Bastidas
Le retour à la vie de Norma Bastidas
Vancouver, Canada, un soir parmi d’autres.
Il n’est pas difficile d’imaginer Norma Bastidas en train de marcher avec ses enfants. Elle aime respirer cette ville à pleins poumons, elle s'y sent en sécurité, protégée. Là, elle a réussi à étudier et à obtenir son diplôme en administration des affaires. Elle travaille.
Et ce qui compte avant tout pour Norma, c’est de pouvoir vivre dans ce pays dans l’anonymat le plus total.
Tout était très différent à mon arrivée. J’ai dû me réinventer, me recréer. Les gens ne connaissaient pas mon passé, j’étais donc à l’abri de tout jugement. Les lois canadiennes étaient différentes. Bien que je me sois séparée très rapidement de mon mari et que je sois restée mère célibataire de deux enfants, j’ai vite compris que je pouvais réussir.
En 1993, Norma s'est mariée avec un consultant canadien au Japon. Ils ont ensuite déménagé au Canada. Norma est tombée enceinte de son fils aîné, Karl puis de son deuxième, Hans. Photo fournie par Norma Bastidas
Norma n'avait connu que des abus, de la violence et de l'exploitation sexuelle. Le contraste avec sa vie au Canada est énorme.
Au lieu de l'exploiter, les gens l'ont aidée à affronter cette vulnérabilité, dit-elle. Norma a commencé à gagner sa vie et se trouvait en attente d'une promotion lorsque son fils de 11 ans a reçu un diagnostic de maladie des yeux qui le conduirait inévitablement à la cécité.
Le diagnostic qui est tombé comme la foudre sur sa tête : dystrophie rétinienne mixte, une maladie oculaire dégénérative.
« À cause de la maladie de mon fils, j'ai dû quitter mon emploi. Dans mon esprit, l'histoire se répétait. J'ai pensé à mes 11 ans et je me suis dit : "Non, je ne vais pas m’écrouler à nouveau. Je vais faire face." Je ne voulais plus me cacher la nuit, derrière une bouteille d'alcool. J'avais besoin d'être présente pour pouvoir aider mon fils. Et c'est à ce moment que je me suis mise à la course. »
À partir de ce moment, Norma Bastidas a troqué la bouteille contre les chaussures de course. Et elle n'a jamais cessé de courir depuis.
Photo : Hans Christie
La femme la plus rapide de l'histoire
Six mois après avoir commencé à courir, elle s'est qualifiée pour le marathon de Boston. Par la suite, il y en a eu beaucoup d'autres. L'un des premiers a été la Course à la mort, un parcours de 125 km dans les Rocheuses canadiennes. En riant, Norma précise que ça s'appelle ainsi, non pas parce que c'est si difficile, mais parce que lorsque vous atteignez la ligne d’arrivée, vous avez le visage d'un cadavre.
Cette coureuse d'ultra marathon a fait beaucoup plus que simplement courir. Elle est passée à l'histoire.
7 marathons sur 7 continents en 7 mois, le 777 Run for sight
Photo fournie par Norma Bastidas
Le 11 juillet 2009, Norma est devenue la femme la plus rapide de l'histoire à avoir couru dans sept des environnements les plus implacables de la planète, sur sept continents en sept mois. Elle a parcouru les jungles du Brésil et les déserts les plus arides du monde, en passant par l’Antarctique, le Canada, l’Australie, l’Afrique et la Chine, le tout pour soutenir les aveugles et les malvoyants.