« Reconnaître l'importance de raconter son histoire » 

Le docteur Laurent Messer, rhumatologue aux Hôpitaux Civils de Colmar plaide pour une approche intégrative du soin, dans laquelle l’écoute des personnes accompagnées pour une maladie chronique, éclaire le choix des traitements, renforce l’alliance thérapeutique et donne du sens à l’expérience vécue. Avec la médecine narrative et la prise en compte de l'aspect subjectif des personne, il esquisse les contours d’une « esthétique relationnelle », où l’humain retrouve toute sa place au cœur du soin.

« Est-ce que je vais pouvoir reprendre conscience de qui je suis fondamentalement, en dehors de la maladie ? » 

Laure Goetz est art-thérapeute et accompagne les patients suivis en rhumatologie aux Hôpitaux Civils de Colmar, dans un espace nommé La parenthèse créative. Dans ce cadre sécurisant, les corps se remettent en mouvement et la créativité devient un levier pour restaurer l’estime de soi et pour renouer avec la capacité à être, au-delà de la maladie.

« Voilà, j’ai fais de mon mieux » 

Depuis plus de dix ans, Pakize accompagne son mari atteint de spondyloarthrite. La douleur, les non-dits, la fatigue et la nécessité de devenir la voix de l’autre auprès des soignants, sont son quotidien. Pakize veille et agit, souvent en silence, souvent dans l’ombre, mais bientôt elle va oser parler et agir autrement.

« C’est aussi notre humanité que l’on va rencontrer » 

Au CHU de Toulouse où il exerce et enseigne, Carle fait le récit d’une carrière jalonnée d’expériences marquantes qui l’ont amené à placer les compétences émotionnelles au cœur de ses formations.

« Pour un récit commun entre le patient et son soignant » 

Parce que les relations de soin c’est toute une histoire, il n’est pas étonnant de rencontrer Isabelle dans un hôpital. Au CHU de Bordeaux, elle co-pilote la chaire de Médecine narrative et propose aux soignants d’inviter les arts - littéraires, plastiques, vivants… - dans leur quotidien professionnel. Pour mieux s’approcher de l’expérience de leurs patients et pour disposer d’un espace de réflexion et de création sur leurs pratiques.

« Il m’a dit : 'de toute façon je ne vous lâche pas' » 

Un jour, une rencontre fait s’écrouler le mur de défiance que Fanny avait bâti contre le corps médical. Toute une équipe lui fait désormais sentir qu’elle n’est pas « un vase vide, dans lequel on déverse sa prescription et son savoir ».

« Pour être attentif à l’autre, il faut s’oublier soi-même » 

Emmanuel a plongé dans les neurosciences pour répondre à un impérieux besoin de comprendre les comportements humains. Aujourd’hui, en partageant ses savoirs sur l’expression du non verbal, les besoins fondamentaux aux racines de nos interactions ou l’instabilité du fonctionnement humain, il accompagne des professionnels pour qui écouter, entrer en relation et développer de la coopération sont des enjeux de premier plan.

« Je vais vous expliquer ce qu'on pourrait essayer de faire ensemble » 

Nathalie a choisi la dermatologie, parce que c’est sans doute la spécialité pour laquelle le regard posé sur les patients est le plus précieux. On peut ainsi faire un diagnostic par l’observation, sans avoir besoin d’examens intermédiaires. Le regard que l’on porte a aussi cette puissance qu’il peut engager l'autre dans une dynamique de coopération. Alors, pour rencontrer et accompagner ses patients à l’hôpital Saint Joseph à Marseille, Nathalie écoute, avec les yeux.

« C’est une maladie qui se soigne et j'aimerais qu'on l'entende » 

Avant de rencontrer la dermatologue qui lui a apporté des réponses et un traitement adapté, Véronique a d’abord rencontré des médecins désarmés et entendu pléthore d’idées reçues. Optimiste, elle ne désespère pas et continue à ouvrir des portes, jusqu’à faire la bonne rencontre : celle qui lui donne l’énergie et les compétences pour s’organiser face à la maladie. Avec sa dermatologue « qui sait, mais qui n’impose pas son savoir » et grâce à l’éducation thérapeutique du patient (ETP), Véronique avance, en confiance.

« On se raconte toujours dans des histoires » 

Dans l’espace qu’offre la relation de soin, Jean-Arthur aime être attentif à ce qui se donne en récit, à la façon dont les choses sont amenées, en mots ou pas… Au CHU de Bordeaux, il fait du rêve une réalité et coconstruit la chaire de Médecine narrative : un espace d’apprentissages pour accompagner les soignants à retisser le lien entre le médical et l’expérience.