Studio À Suivre

Eric Lambé s’associe à David B. pour publier un livre inattendu : Antipodes. L’histoire de Nicolas, un Français, qu’on découvre nu dans la jungle amazonienne avec la tribu des Tupinambas. Ils l’ont adopté, il les charme en chantant. Cela se passe au 16e siècle, au Brésil. S'il y a des Français dans les parages, c’est qu’ils tentent d’installer une colonie française. Au plus fort aussi des tensions religieuses entre catholiques et protestants.

Eric Lambé affirme repartir de zéro (ou presque) à chaque livre. Comme si sa curiosité graphique, et une forme d'incertitude, ne l’avaient pas lâché depuis ses études au début des années 90, époque où il a participé au renouvellement de la bande dessinée belge.

Le trait d’Eric Lambé est, magnétique, ici comme dans ses autres livres, et constamment renouvelé. Une avant-garde pour tous. 

Interview : Thomas Baumgartner

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Charlène Nouyoux

C'est une aventure, Eclore. Le livre d'Aude Mermilliod démarre par une naissance, c'est déjà prometteur. Dans cet album profondément intime, l'autrice partage son apprentissage du rapport au corps et à la sexualité. C'est une quête vers la liberté, où elle réussit à se débarrasser autant que possible des injonctions de la société. Mais aussi de quelque traumatisme originel. Le monde autour aurait tendance à se crisper, mais l'héroïne d'Eclore, va au contraire vers la détente. Aude Mermilliod le fait avec un trait plus libre encore que dans des livres précédents, une ligne claire au service du récit, pour laquelle l'autrice parle de rythme et de "musicalité".

Interview : Thomas Baumgartner
Direction éditoriale : Kathy Degreef
Réalisation : Malo Williams

Philippe Jarbinet est l'auteur d'une oeuvre patiente, à la fois historique et personnelle : Airborne 44, dont l'intégrale est en librairie. 10 tomes qui scrutent la guerre. Précisement, au moment du premier livre, le Débarquement est encore récent, les troupes américaines avancent en Europe. La guerre n'en finit plus de finir. Rien n'est sûr, la violence est omniprésente. La saga pose cette question : comment rester humain dans des époques de tels bouleversements ? L'amour est là, même si la douleur voisine. Conversation avec son auteur, Philippe Jarbinet, qui explique la valeur politique contemporaine d'une telle série à ses yeux, mais aussi lien intime qu'il entretient avec l'histoire qu'il nous raconte. Le trait est fin, la couleur souvent claire... Comme une lumière revendiquée.

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Malo Williams

Silence d'amour est un livre éclatant. Ligne claire, palette méditerranéenne. Son auteur, Matthieu Parciboula, nous parle pourtant d'un homme bouleversé. Paul est écrivain, il est jeune, et il a perdu sa compagne. Dévasté, le monde autour et ses couleurs de l'atteignent plus. Il part en Toscane. Le jaune, le bleu, l'ocre, le vert des cyprès débordent, mais Paul a une quête intérieure qui va le mener tout au bord du volcan Stromboli. Là, peut-être, dans le minéral et l'ébullition, il trouvera la paix.

En signant son nouveau livre La Querelle des arbres, Renaud Farace (avec sa co-scénariste Amaya Alsumard) nous emmène dans l'Indochine de l'entre-deux-guerre. On y fait la connaissance d'un grand bûcheron corse du nom de Settimo. Les colons forment un petit monde en vase clos, policiers, chanteuse d’opéra, un pilote de l’aéropostale… Ils font face à la population locale, qui est méprisée. Le grand Settimo se lie alors d’amitié avec un petit garçon, Chân Ly, qui a le pouvoir d’entendre ce que les arbres ont à dire.

Des références américaines, un atelier bruxellois et un certain sens du tempo : partons à la rencontre de Max de Radiguès. Ses deux derniers livres, Bâtard et Orignal (qui sont des republications "augmentées" et mises en couleurs), nous plongent dans des univers nord-américains, qui ménagent volontiers les retournements de situation. Le dessin de Max de Radiguès vise l'efficacité (et atteint sa cible), en mode ligne claire actualisée. On sent une révérence à l'égard du meilleur de l'underground, ainsi qu'une culture fanzine et cinéma, qui nous emporte. Derrière cette simplicité apparente, la sensibilité est présente.

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Charlène Nouyoux

En noir, blanc et rouge. Sang neuf, le nouveau livre de Jean-Christophe Chauzy ne pouvait pas arborer d'autres couleurs. L'auteur du Reste du monde relate dans cet album unitaire sa traversée d'une maladie du sang qui aurait pu lui coûter la vie. On parle avec lui de cette histoire personnelle d'une grande densité émotionnelle, pour raconter son trait, souple et exigeant. Chauzy, né au noir et blanc devenu champion de la couleur, élargit ses cases, affine son trait et nous cueille avec des décors habités et amples.

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Charlène Nouyoux

A l'occasion de la parution l'intégrale de son "southern" (plutôt que "western") Jim Cutlass, et de son nouveau livre Golden West, au plus près de "l'ultime élan de résistance" des Apaches, vous avez rendez-vous avec avec Christian Rossi. Maître des grands espaces, adepte d'un réalisme sensible, il nous parle de son dessin. Les volumes, les couleurs, la lumière... Et il revient pour nous sur deux influences et rencontres essentielles : Joseph Gillain, dit Jijé. Le père de Jerry Spring l'avait accueilli de nombreuses fois pour lui donner des conseils. L'autre nom est celui du dessinateur de Blueberry, Jean Giraud, un "grand frère" avec qui il a eu un vrai compagnonnage.

Interview : Thomas Baumgartner

Septante-cinq ans pour un des héros les plus flamboyants de la bande-dessinée franco-belge : Alix ! C’est Jacques Martin, figure de la ligne claire (à qui Studio A Suivre a rendu hommage lors de sa première saison), qui a créé Alix (l’intrépide) dans les pages du journal Tintin en 1948.

Interview : Thomas Baumgartner

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Charlène Nouyoux

Jean-Michel Beuriot est le dessinateur d'une saga historique impressionnante : Amours fragiles, qui prend fin avec la publication de son 9e tome, sur un scénario de Philippe Richelle. Le personnage central de cette série chorale est Martin Mahner, un anti-nazi, amoureux de sa voisine juive Katarina. Fidèle aux classiques de la bande dessinée franco-belge, Jean-Michel Beuriot a un trait réaliste, respectueux de ses personnages et de leur psychologie. Sa documentation est imparable. Et au coeur de cette exigence, son trait a gagné en souplesse et en clarté. On en parle avec lui, et de ces 25 ans qui séparent les débuts d'Amours fragiles dans le magazine (A Suivre), du dernier album.

Direction éditoriale : Kathy Degreef

Réalisation : Charlène Nouyoux