Share Un autre regard, Podcast du NPA76
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By npa76
The podcast currently has 19 episodes available.
En 1922, les chemises noires fascistes, financées par les grands propriétaires terriens, les industriels et les banquiers, armés par l’armée multiplient les expéditions punitives. Des centaines, voire des milliers de fascistes concentrent leurs forces sur une localité, saccagent les locaux des partis et des syndicats ouvriers, des ligues paysannes, des journaux de gauche, incendient les bourses du travail, les maisons du peuple, les coopératives, poussent à la démission les élus socialistes, passent à tabac ou assassinent les militants.
Face à cette violence, dans les zones ouvrières des équipes de défense, qui s’appuient sur les anciens combattants, leur barrent militairement la route. Mais sans coordination d’une ville à l’autre, le Parti socialiste et le syndicat CGL refusant d’organiser une riposte générale. Lorsqu’apparaissent les Arditi del Popolo ( les soldats du peuple), association d’anciens combattants issus des milieux populaires et socialistes, pour organiser le combat les armes à la main, ils ont désavoués par les partis de gauche.
En juillet 1922, sous la pression des bourses du travail anarchiste et socialiste de Rome, l’Alliance du travail, qui regroupait les syndicats ouvriers les plus importants, dont la CGL, appelle à une grève générale pour défendre les libertés politiques et syndicales. C’est une grève pour la défense de la légalité par l’État lui-même, celui qui protège les exactions fascistes, voire même les accompagne, arrête des défenseurs ouvriers. Malgré cela, elle n’est pas soutenue par le syndicat chrétien.
Sous la pression du gouvernement, l’Alliance du travail arrête la grève au bout de trois jours. Les chemises noires redoublent les attaques, le port et la ville de Gênes sont conquis par les fascistes, qui attaquent Milan et Parme.
Parme est une des seules villes dans laquelle, malgré les véto socialistes et communistes, existe une organisation sérieuse des Arditi del Popolo, qui sont structuré·es et entraîné·es. Ils se sont alliés à la légion prolétarienne et, depuis plus d’un an, les équipes d’autodéfense paramilitaire unitaires sont à l’œuvre, accueillant les prolétaires, hommes et femmes, syndicalistes et militants, des socialistes aux anarchistes. Toute la population participe activement aux combats, les oppositions politiques sont mises de côté.
Dix mille chemises noires attaquent Parme, bientôt renforcés face à la résistance.
Les combats font rage, les fascistes dévastent le centre de la ville, moins défendu, le cercle des cheminots, le siège du journal Il Piccolo, et d’autres locaux.
Le pouvoir passe sous le commandement des Arditi del Popolo qui sont décidés à résister jusqu’au bout. La population aide à dépaver les rues, creuser des tranchées, dresser des barricades : les quartiers populaires deviennent un camp retranché.
Face à cette résistance qui tue au moins quarante fascistes, contre cinq parmi les Arditi del Popolo, les chemises noires doivent quitter la ville : Parme la prolétaire a résisté et a sauvé en grande partie la ville de la dévastation.
Pourquoi ce qui a réussi à Parme n’était pas possible dans toute l’Italie ?
A ce moment, si la classe ouvrière est affaiblie, le parti fasciste a des résultats électoraux bien inférieurs aux socialistes, et face aux centaines de milliers de fascistes, peut-être un million, le mouvement ouvrier représente toujours une force importante, la CGL regroupe 2 320 000 syndiqués, la Confédération syndicale catholique près d’un million, le Parti socialiste italien plus de 200 000 adhérents, le mouvement coopératif socialiste compte 25 000 coopératives de consommation, de production et de crédit. La très grande majorité de la population et de la classe ouvrière est profondément hostile au fascisme.
Malheureusement, l’incapacité de mettre en place une riposte unitaire, d’organiser des formations de défense antifascistes du type des Arditi del Popolo donnera à Mussolini la possibilité de prendre le pouvoir quelques mois plus tard.
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Lorsque Mussolini est nommé Président du Conseil par le Roi en octobre 1922, le fascisme italien organisé est récent.
Créés trois ans auparavant face aux poussées révolutionnaires de 1919-1920, les chemises noires des faisceaux de combats, attaquent les organisations ouvrières et paysannes, les bourses du travail, brisent les grèves, bastonnent et assassinent leurs adversaires. Ce sont les garants de l’ordre bourgeois.
Mussolini a pour objectif de parvenir au pouvoir légalement, c’est pourquoi en 1921, il transforme son mouvement en parti politique, le Parti National Fasciste, en organisant en même temps les attaques des chemises noires. Le parti créé devient partisan du libéralisme, abandonne les envolées anticapitalistes du début, les nationalisations, les revendications fiscales qui maintenant qualifiées de « gauchistes », adopte un programme favorable aux grands intérêts financiers dont Mussolini cherche l’appui.
Ce n’est pas une force majoritaire électoralement, aux élections de mai 1921, ils ont 34 élus, dont Mussolini, sur les listes des « blocs nationaux » qui ont recueilli 20 %, moins que le parti socialiste avec ses 25 %.
C’est pourtant Mussolini qui est appelé à gouverner, soutenu par la grande bourgeoisie, les banquiers, les industriels et les propriétaires agricoles, qui veulent parachever la destruction des organisations populaires.
Bon nombre d’antifascistes ne mesurent pas la gravité de la situation, et pensent que ce gouvernement ne tiendra pas plus de deux mois !
Pourtant, la dictature fasciste est instaurée par étapes successives en 3 à 4 ans.
Mussolini commence par mettre en place un Cabinet d’union nationale, validé par un vote de confiance par 306 voix (fascistes, nationaux, libéraux, démocrates chrétiens et socialistes indépendants) contre 116, puis obtenant les pleins pouvoirs, il devient un dictateur légal.
Dans un premier temps, les 18 premiers mois, il affermit sa main mise sur l’État, en respectant formellement les institutions.
Il crée quand même le « Grand conseil fasciste », qui rassemble le gouvernement et la direction du parti, qui prend les décisions politiques, dispose d’une Milice légale, écarte tous les fonctionnaires hostiles.
La répression s’abat, les arrestations de communistes se multiplient, 40 000 cheminots sont licenciés, la fête du 1er mai est supprimée.
Après modification des règles électorales, les fascistes obtiennent la majorité absolue de la chambre aux élections de 1924, à l’issue d’une campagne durant laquelle ils sont financés par le patronat, et durant laquelle ils ont multiplié les agressions contre les autres listes.
Mais Mussolini n’a pas encore établi sa dictature de façon définitive, la Chambre rechigne à légaliser les pleins pouvoirs. L’assassinat par les fascistes de l’opposant le plus en vue, le socialiste Matteotti, provoque une levée de boucliers de toute l’opposition démocratique. Mussolini finit par désavouer publiquement ce meurtre, tout en permettant à l’armée de fournir 100 000 fusils à la Milice. Les bandes fascistes dévastent tous les locaux des opposants, même les plus modérés, et réclament la dictature fasciste ouverte.
Mussolini jette le masque le 3 janvier 1925, décide la saisie des journaux, la dissolution de 25 organisations « subversives », de 120 associations, les actes terroristes fascistes continuent. En Octobre 1925, les bourses du travail sont dissoutes, et les syndicats, qui ne sont pas encore supprimés, sont persécutés et paralysés par le monopole des organisations syndicales fascistes seules reconnues par les patrons.
Enfin entre 1925 et 1926 les lois appelées fascistissimes sont adoptées, qui suppriment toutes les libertés, le droit de grève, liquide les syndicats, instaurent une police politique qui arrête les dirigeants de gauche encore présents en Italie, et déchoit de leurs mandats les 123 députés de l’opposition.
Le processus de fascisation de remodelage de la société, de contrôle des esprits, d’enrégimentement des masses commence alors.
L’instauration de la dictature, si elle s’est appuyée sur les violences des chemises noires, a suivi formellement des voies tout a fait légales, et reçu pour arriver là, le soutien des forces bourgeoises italiennes.
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La question de l’eau est une des clés des rapports entre Israël et les pays voisins, et donc une des clés de la domination sioniste sur la population palestinienne. Dans ces climats arides et semis désertiques du Moyen Orient, sauf au Liban, elle est une ressource rare, donc très convoitée.
Dès sa création en 1948, en développant une agriculture basée sur l’irrigation, Israël a une stratégie de conquête hydrique, car sa principale source d’eau vient de l’extérieur de son territoire, du fleuve Jourdain, qui naît au Liban.
Les états unis ont proposé dès 1953 une médiation qui enregistre le caractère transfrontalier du Jourdain et donne 52% de l’eau à la Jordanie, 31% à Israël, 10% à la Syrie, 3% au Liban. Israël rejette ce plan et aménage unilatéralement un lac au nord de Tibériade, ce qui provoque des escarmouches avec la Syrie. En 1959, il commence à construire un Aqueduc pour détourner les eaux du lac de Tibériade vers le reste de son territoire. Les États Unis veulent arrêter cette construction en bloquant les fonds, mais les sionistes poursuivent discrètement les travaux. Le premier attentat du Fatah (organisation dirigée par Yasser Arafat qui lutte pour la libération de la Palestine) en 1965 vise cet aqueduc et de leur côté, le Liban, la Jordanie et la Syrie engagent en réaction des travaux pour détourner le Jourdain et ses affluents. L’armée israélienne bombarde et détruit les travaux et installations. Ce sont les prémisses de la guerre de 1967, la guerre des six-jours.
A la suite de sa victoire, Israël occupe, en plus de la Bande de Gaza et du Sinai qui sera restitué à l’Égypte, la Cisjordanie et le Golan syrien. Il contrôle alors tous les cours d’eau qui arrivent dans le lac de Tibériade et les nappes phréatiques de la Cisjordanie. Il exploite largement ces nouvelles ressources. L’eau du Golan a vite représenté près de 20% de la consommation israelienne et les nappes de Cisjordanie 25 à 30% (ce qui représente 50 % de son eau potable). Pour fournir ces quantités, plus de 85 % de l’eau des nappes de Cisjordanie est puisée pour Israël, seulement 10 % est attribué aux populations palestiniennes.
Pour arriver à ses objectifs, l’état sioniste met en place une législation sur l’eau qui en fait « une ressource stratégique sous contrôle militaire », qui s’applique aux territoires occupés depuis 1967. Les prélèvements annuels dépassent de 8 à 14% les ressources brutes disponibles, ce qui diminue les quantités disponibles : le niveau du Jourdain est sept fois plus bas aujourd’hui qu’il y a 50 ans notamment en raison des détournements pour l’irrigation.
Par contre de drastiques restrictions s’appliquent pour la population palestinienne. Tout forage de puits est soumis à une autorisation spéciale des autorités militaires et l’eau agricole est payée au prix de l’eau potable, quatre fois supérieur à celui payé par les colons israéliens qui bénéficient de subventions. En outre la consommation d’eau est fixée selon des quotas qui discriminent les Palestiniens : on arrive à une situation où les Israélien.nes ont une consommation par personne quatre fois supérieure aux Palestinien.nes, et la Jordanie est en situation de « stress hydrique ».
Quant à Gaza, l’une des zones les plus densément peuplées du monde, elle ne dispose d’aucune source d’eau de surface. Sa seule ressource en eau douce est une nappe souterraine peu profonde. Sa surexploitation, notamment par Israël a fait baisser son niveau et elle a été polluée par l’intrusion d’eau de mer, le déversement d’eaux usées et le ruissellement d’origine agricole. Selon l’ONU, au début des années 2020, 97 % de l’eau de cet nappe ne répondent pas aux normes de qualité pour l’eau potable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la majeure partie de la population de Gaza dépend de petites usines de dessalement et de camions-citernes privés pour s’approvisionner en eau potable.
Le problème principal n’est pas la quantité des ressources disponibles, mais l’appropriation par Israël de l’eau de la région et l’apartheid à l’encontre des palestinien.nes.
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Alexander Haig, secrétaire d’État sous Nixon qualifiait Israël comme « le plus grand porte-avions américain au monde qui ne peut être coulé, qui ne transporte pas un seul soldat américain et qui est situé dans une région hautement stratégique pour la sécurité nationale américaine. »
Cette caractérisation permet de comprendre le soutien indéfectible des USA à Israël et de replacer la guerre génocidaire engagée contre le peuple palestinien dans le contexte international, bien antérieur au « choc des civilisations » : le Moyen Orient joue un rôle central dans un monde dominé par les combustibles fossiles et l’état sioniste est essentiel pour l’impérialisme depuis les années 1950.
En effet, à la fin des années 1940, au moment où les états unis devenaient la première puissance économique et politique mondiale, le pétrole est devenu le principal combustible fossile, il représentera en effet plus de la moitié de la consommation mondiale dès la fin des années 1960. Et le Moyen Orient a joué un rôle décisif dans cette transformation du monde, en représentant 40 % des réserves mondiales connues à l’époque, il est devenu le centre des marchés pétroliers mondiaux et le fournisseur de l’Europe occidentale, détruire en partie par la guerre et dont la domination coloniale commençait à se réduire.
Dès le début des années 1950 l’ordre régional est bouleversé par les mouvements populaires contre la colonisation, en 1951 par l’arrivée au pouvoir de Mossadegh en Iran qui nationalise les compagnies pétrolières, en 1952 celle de Nasser en Égypte, qui nationalise le canal de Suez, en 1954 par le début de la guerre d’Algérie, en 1956 par l’indépendance du Soudan, etc.
Les USA ont réagi immédiatement en orchestrant un coup d’état en Iran pour y placer un gouvernement pro-occidental dirigé par le Shah. Puis ils ont décidé de faire d’Israël la clef de voûte de l’ordre régional. La victoire de l’état sioniste contre l’Égypte et la Syrie lors de la guerre de 1967 a confirmé sa puissance militaire, largement soutenue par les USA, qui a permis de briser les mouvements de résistance anticoloniaux panarabes. La capacité de l’état sioniste, qui est le plus grand bénéficiaire cumulé de l’aide américaine dans le monde, il par exemple a reçu sous Trump en 2021 plus de financement militaire que tous les autres pays du monde réunis, cela lui donne les moyens d’imposer un état permanent de guerre, d’occupation, d’oppression, en fait un bouclier contre les menaces qui pèsent sur les intérêts américains.
Et elles sont nombreuses.
Depuis la chute du Shah d’Iran en 1979, les USA ont ajouté à Israël un autre pôle stratégique, les monarchies pétrolières du Golfe, et cherchent depuis à réunir ces deux piliers essentiels, en y associant d’autres états arabes importants comme l’Égypte, la Jordanie. Le projet est de créer un espace économique de l’ensemble du Moyen Orient qui intègre Israël comme puissance financière, technologique et militaire incontournable, alors que la Chine a une place de plus en plus importante dans la région, y compris en Israël.
Pour que cette intégration économique régionale fonctionne, il faut un accord politique sur la question palestinienne. C’est un des objectifs centraux des accords d’Oslo de 1993, dans lesquels L’Organisation de Libération de la Palestine acceptait de constituer une autorité palestinienne, autorité qui dépend en fait complètement de l’état sioniste qui garde un contrôle total sur l’économie et les ressources palestiniennes : il n’a jamais été question d’un processus de libération de la Palestine, les colonies israéliennes ont continué de d’étendre en Cisjordanie, le mur de l’apartheid a été construit, au moment où des relations entre pays arabes et Israël s’établissaient sous l’égide des USA.
Pour contrer l’influence grandissante de la Chine, limiter le déclin relatif de l’influence des USA dans la région, il est crucial pour l’impérialisme américain d’obtenir un accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël. Mais c’est très difficile, pour ne pas dire impossible, sans l’acceptation de l’autorité palestinienne.
Jusqu’à ce jour, la résistance, la détermination palestiniennes ont fait échouer les plans impérialistes de stabilisation du Moyen Orient, l’épicentre de l’histoire du capitalisme fossile. En ce sens on peut dire que la lutte pour la survie de la population palestinienne représente l’avant garde de la lutte pour l’avenir de la planète.
La seule revendication est le départ d’un contremaître pratiquant sur les ouvrières le droit de cuissage.
En ce début du 20ème siècle à Limoges la principale activité industrielle, la porcelaine atteint son apogée. Elle occupe 40% de femmes, qui sont, en moyenne, payées deux fois moins que les hommes et affectées aux ateliers les plus dangereux pour la santé. En même temps leur embauche massive éclate la structure familiale rurale traditionnelle et la place des femmes dans la société.
Elles sont massivement syndiquées, représentent 42 % des membres de la Chambre syndicale de la porcelaine et dans la région, l’année 1905 est l’apogée du socialisme, du syndicalisme ouvrier, de la combativité ouvrière, situation qui permet aux ouvrières qui avaient déjà fait part de ces violences sexuelles sans être entendues, de chercher à mettre un terme au droit de cuissage.
Les contremaîtres décident des salaires, des embauches, des places, des niveaux hiérarchiques, ils focalisent donc les luttes contre eux. Chez Haviland le contremaître Penaud ” réserve le bon travail à ses créatures. On ne peut gagner sa vie sans s’être assuré, par des amabilités, des gracieusetés, des dons – en nature et en argent – de la bienveillance du contremaître… Les femmes et les jeunes filles sont soumises à des exigences de caractère particulier. »
C’est le refus du droit de cuissage qui déclenche la grève le 28 mars 1905. La propagation de la grève est rapide, le 2 avril elle est totale dans l’usine, qui est fermée par le patron, alors qu’elle s’élargit à d’autres usines de la ville dans les jours suivants. Les réunions à la Bourse du Travail se terminent par des manifestations de rue : tout cela montre que cette question du droit de cuissage concerne toute la population ouvrière.
La ville est socialement et politiquement coupée en deux. Les contremaîtres sont l’objet de sifflets, de huées, de crachats, des pierres jetées contre leurs maisons. Le patron Haviland, les contremaîtres sont pendus en effigie, les non grévistes sont poursuivi-es, molesté-es. Les patrons organisent un lock out : 19 fabriques de porcelaine sur 32 sont fermées.
Le patronat refuse toute négociation, il s’agit pour eux de savoir qui a l’autorité dans l’usine, qui choisit les contremaîtres, il refuse tout renversement même symbolique de l’ordre des pouvoirs.
Les ouvrières et ouvriersdéfendent leur dignité. Les ouvriers qualifiés qui sont exclus du processus de production, voient leurs acquis remis en cause, refusent le pouvoir disciplinaire humiliant qui leur est imposé. Ce refus de l’autoritarisme et de l’injustice est le ciment qui permet l’alliance des hommes et des femmes, renforcée par la conscience de classe à Limoges. Comme ils et elles le disaient : « Pour la sauvegarde de l’honneur des femmes, aussi bien que pour le respect de la dignité des hommes, travailleurs c’est vrai, mais citoyens libres aussi, il ne peut y avoir de toute puissance patronale. »
La violence des manifestations croît dès l’entrée de l’armée dans la ville, décidée par le Préfet. La situation prend alors une tournure nettement insurrectionnelle. C’est l’émeute, l’entrée des ouvriers dans les usines pour déloger les personnes qui y travaillent encore, l’attaque contre la prison pour délivrer les personnes qui ont été arrêtées, des barricades sont dressées. La troupe « charge et tire sans sommation sur une foule réfugiée au jardin d’Orsay». Un jeune peintre sur porcelaine de 20 ans est tué, et d’autres manifestant.es blessé.es. s.
Le 20 avril, les funérailles sont suivies par des dizaines de milliers de personnes.
Le 24 avril, c’est la victoire Haviland décide d’ouvrir sa fabrique sans la présence du contremaître Penaud .
Une femme syndicaliste, la “citoyenne Sorgue” a écrit magnifiquement sur cette grève si importante pour l’histoire ouvrière :
«C’est l’admiration de tout le prolétariat qu’ils méritent. Ils ont fait preuve d’une conscience, d’un courage, d’un héroïsme sans pareils. Et ce sont surtout les femmes que je salue, elles qui n’ont pas eu peur d’offrir leurs poitrines aux baïonnettes. Votre attitude prouve que vous avez conscience des souffrances de la femme prolétarienne. »
Salut et honneur à vous, ouvrières et ouvriers de Limoges.
Madagascar était un pays indépendant lorsqu’il a été conquis et annexé par la France en 1896, à la suite du partage de l’Afrique entre puissances coloniales européennes discuté à la conférence de Berlin en 1885.
La conquête de l’île par Gallieni est particulièrement brutale, dure plus de dix ans face aux insurrections rurales. Les habitant.es perdent tout droit et toute représentation, le travail forcé est instauré, durant la guerre 14-18 l’armée française enrôle 41 000 Malgaches dans des unités combattantes.
Depuis, les mouvements de lutte pour l’indépendance se succèdent, tous réprimés violemment.
En 1939, les organisations sont dissoutes par l’administration de la colonie, qui rejoint le régime de Vichy. Lorsque France de De Gaulle reprend le pays en 1942 les fonctionnaires de l’administration coloniale restent les mêmes.
La population est obligée de participer à l’effort de guerre, la durée du travail forcé est triplée, des contingents pour l’armée sont réquisitionnés, la famine règne, la population est exsangue.
En 1945 deux députés indépendantistes sont élus, et les comités électoraux se transforment en MDRM (Mouvement Démocratique pour la Rénovation Malgache), qui suit avec avec attention ce qui se passe en Indochine au même moment. En 1946, ils proposent une loi pour l’indépendance inspirée de l’accord conclu au Vietnam, refusée par la majorité des partis français, y compris le PCF et le PS.
L’ effervescence anticolonialiste monte, contre les colons dont les prérogatives sont renforcées, contre la misère, les réquisitions qui ont remplacé le travail forcé.
Dans la nuit du 29 au 30 mars 1947, une révolte embrase l’île, un camp militaire est attaqué par 2000 hommes armés de sagaies, les fermes des gros colons sont détruites, les voies ferrées, les lignes électriques sont coupées, les bases aériennes assaillies : tout ce qui représente puissance militaire et exploitation coloniale est visé, il y a 140 victimes européennes et des centaines de malgaches alliés aux colons. Les insurgés sont maîtres d’un 1/6ème de l’île. Le MDRM désavoue l’insurrection et dénonce les « crimes barbares ».
La répression du gouvernement d’union nationale, dans lequel des postes essentiels sont occupés par le PCF est terrible. Elle est soutenue par les forces politiques et sociales françaises rattachées au PS et au PC, syndicalistes, même LDH qui dans un télégramme 8 avril « approuvent les mesures prises par l’autorité civile et leur font confiance pour rétablir l’ordre dans la légalité démocratique et poursuivre l’œuvre constructive dans une totale union », car la préoccupation dominante est le maintien de la présence française à Madagascar.
Le MDRM est dissous, ses parlementaires emprisonnés. Notons que lorsque le gouvernement demande la levée de l’immunité parlementaire de ces députés malgaches, Thorez et les ministres PC quittent la salle avant la prise de la décision.
Les représailles de l’armée et des groupes dits « d’auto défense » des colons sont terribles, des prisonniers malgaches sont lâchés comme bombes humaines d’un avion vivants au-dessus de villages dissidents, d’autres enfermés dans des cases et brûlés vifs, la torture généralisée. 3000 membres du MDRM sont incarcérés, interrogés, torturés dont les deux députés. Les combats vont durer plusieurs mois.
En mai lors du débat à l’Assemblée, alors que les députés PC vont quitter le gouvernement, obligés de soutenir les grèves ouvrières qui se multiplient, ils s’abstiennent sur le vote permettant la continuation de la répression. De nouvelles troupes sont envoyées en août 1947, la légion étrangère, les tirailleurs sénégalais principalement. Les quadrillages, ratissages, exécutions sommaires, continuent , des régions entières sont affamées par la destruction de toutes les cultures. En 1948, il y a plus de 20 000 malgaches en prison.
L’administration coloniale reconnaît 11 200 victimes, l’État major français annonce 89 000 tués par la répression militaire, le Haut commissaire en 1949, dans une conférence de presse parle de « plus de 100 000 morts » . Ces chiffres sont aujourd’hui contestés sans qu’on ait les moyens de les fixer avec certitude. Quoiqu’il en soit, c’est un massacre.
L’insurrection malgache de 1947 illustre la politique coloniale de la France d’après guerre, qui refuse toute perte de territoires coloniaux, au prix de massacres répétés, retardant l’accès à l’indépendance de quelques années, moins de 15 pour Madagascar qui redeviendra indépendant en 1960, et sous hégémonie économique de la France encore 10 ou 15 ans après.
Il a nécessité une année de préparation : il avait donc été planifié par les dirigeants des forces anglo américaines seulement en mai 1943. Pourquoi cette date tardive ?
Car l’ouverture d’un second front à l’Ouest a été demandée par les soviétiques dès l’entrée en guerre des USA en décembre 1941. En effet depuis l’attaque de l’URSS par l’armée allemande en juin 1941, c’est ce pays qui affrontait les nazis en Europe, n’oublions jamais que c’est elle qui comptera le plus de victimes, plus de 25 millions dont 15 millions de civils.
Staline avait obtenu des anglo américains une promesse d’ouverture d’un second front en mai 1942 au moment où la situation sur le front de l’Est était critique. Dans les semaines qui suivent, le débarquement allié à Dieppe est un échec cuisant, celui de novembre en Afrique du Nord tarde à donner des résultats significatifs. En fait Churchill, anti-communiste acharné, avait persuadé les États-Unis de retarder le plus tard possible le débarquement pour affaiblir au maximum les Soviétiques.
Mais en février 1943, les soviétiques arrêtent la vague des victoires nazies à Stalingrad, et remportent une victoire décisive en juillet 1943 lors de la bataille de Koursk (entre Kharkiv et Belgorod ) : la guerre ne pouvait plus être gagnée par les nazis.
La guerre d’usure avec des bombardements massifs de l’Allemagne et de l’Europe de l’Ouest, qui touchaient principalement les populations civiles (moins de 20 % des bombes visaient les sites industriels et les bases de sous marins1), n’obligeait pas Hitler à déplacer ses forces à l’Ouest. Mais brutalement en 1943, voyant l’avancée des soviétiques, les forces anglo américaines veulent rattraper le terrain perdu, débarquent en Italie en septembre 1943 tout en préparant celui de Normandie.
Les décisions militaires sont toujours des décisions politiques.
Tous les possédants avaient en mémoire la montée révolutionnaire de la fin de la première guerre mondiale et redoutaient la reproduction de cette situation. Ils étaient inquiets des formes de résistance existant en Europe, qu’ils ne contrôlaient pas.
Les Américains n’avaient aucune confiance en De Gaulle, qu’ils estimaient n’être qu’un pantin du PCF et de l’URSS. Ils craignaient la dynamique de la résistance populaire.
Les gens combattaient parce qu’ils avaient faim, parce qu’ils étaient sur-exploités, parce qu’il y avait des déportations massives de travailleurs en Allemagne, des exécutions de masse, des camps de concentration, parce qu’il n’y avait aucun droit de grève, parce que les syndicalistes et les militants étaient mis en prison. Au delà de la résistance armée, il y avait des manifestations populaires, comme la marche de la faim de 5000 femmes devant l’hôtel de ville de Paris le 19 mars 1944, les émeutes pour le charbon.
Contre les élites au pouvoir, cette résistance est animée d’un anti-capitalisme vague, condamne l’affairisme, le parlementarisme, la trahison classes dirigeantes, identifie la grande bourgeoisie avec le régime de Vichy.
Les États-Unis ont longtemps cherché une solution politique à leur mesure, une sorte de « Vichy sans Vichy » appuyé sur les élites françaises collaborationnistes, soucieuses de négocier le passage de l’ère allemande à la paix américaine. D’abord avec Darlan, puis Giraud, puis Pucheu.
Mais la création du Conseil National de la Résistance en mai 1943, l’unification des résistances en décembre 1943 donnent à De Gaulle un poids politique qu’ils ne peuvent plus occulter.
Si la défaite nazie vient de l’avancée des troupes alliées à partir de la Normandie et de la Provence à partir du 15 août 1944, elle est aussi le fruit de la résistance, renforcée par les milices patriotiques en extension constante, dans un mouvement insurrectionnel d’une ampleur inédite.
Derrière les combats sur les plages normandes, dans les bombardements destructeurs des villes (Caen, Cherbourg, Le Havre et Rouen), plusieurs enjeux se croisent ; la défaite de l’Allemagne nazie, les conditions de l’affrontement à venir entre les puissances impérialistes et l’Union soviétique, les conflits en France entre la politique américaine, celle de De Gaulle et les aspirations de la résistance populaire.
1Ernest Mander « Sur la seconde guerre mondiale » ed. La Brèche, 2018, p. 154
Elle a été la plus grande confrontation avec l’Etat du mouvement ouvrier britannique depuis la grève générale de 1926.
Le charbon produit encore 75 % de l’électricité britannique, et 30 % de la production d’énergie pour l’industrie (c’était 90 % en 1945). Le syndicat des mineurs, le NUM, compte 210.000 membres dans 170 mines. Il a ébranlé le capitalisme britannique au cours de deux grandes grèves pour les salaires en 1972 et en 1974, qui ont eu une forte influence sur la combativité ouvrière dans les années 1970. Ils ont battu le Parti Conservateur de Margaret Thatcher, qui leur voue une haine tenace, et qui en a tiré les conséquences.
Il lance un plan pour briser les grèves, modifie la législation, fait des stocks de charbon, entraîne la police comme une force paramilitaire pour interdire les piquets de grève.
Pour Thatcher, il s’agit, après avoir défait le parti travailliste dans les urnes, de défaire ce qu’elle appelle le « socialisme non démocratique », le syndicalisme, et notamment ce syndicat. Elle veut commencer par fermer les 20 puits non rentables, et sortir de la dépendance au charbon et aux mineurs.
La grève démarre le 12 mars 1984 contre la fermeture du premier puits et s’étend vite dans presque toutes les régions minières. Les tentatives de la droite du syndicat d’organiser des élections prévues par la nouvelle loi anti grève pour la décider sont un échec : les mineurs entrent en action spontanément.
Mais le contexte n’est plus celui des années 1972-74.
Cette fois, la question clé est celle de la solidarité du reste du mouvement ouvrier. La majorité du TUC (Trade Union Cuncil) a évolué vers la droite depuis 1979, estime que les grèves réduisent les chances du parti travailliste de remporter les élections, certains dirigeants syndicaux déclarent que faire la grève en solidarité avec les mineurs est une tactique nuisible. On verra même un dirigeant travailliste condamner la violence des mineurs.
Or, un deuxième front était nécessaire car cette grève est un défi à la politique économique et sociale du gouvernement. D’autres professions devaient se mettre en grève, non pas simplement en solidarité avec les mineurs, mais pour défendre leurs propres emplois.
Le gouvernement, pour empêcher qu’une telle solidarité se concrétise, ne s’affronte pas aux mineurs dans un premier temps, il les isole, soit en signant des accords de paix sociale, par exemple avec le syndicat des chemins de fer, soit en s’attaquant à d’autres secteurs, par exemple le syndicat des imprimeurs qui sera défait.
Les mineurs, la direction de leur syndicat, autour d’Arthur Scargill, le meneur et l’âme de la grève, engagent l’affrontement avec courage et détermination. La grève va engager plus de 100 000 mineurs pendant un an, avec les piquets de grève, des piquets volants de solidarité, une mobilisation ouvrière à la base en soutien des grévistes, une participation des femmes très importantes.
En mai, dans la bataille d’Orgreave, la détermination est intacte. Plusieurs milliers de mineurs organisés en piquets volants pour empêcher le déplacement de stocks de coke entreposés pour les usines sidérurgiques s’affrontent très violemment à une énorme force policière.
En juillet les dockers refusent de décharger le charbon importé de l’étranger par le gouvernement, mais leur grève se termine dans la confusion.
En novembre, les autorités ont saisissent les avoirs du syndicat des mineurs, au motif il n’a pas respecté la loi en n’organisant pas d’élection pour engager la grève, juste au moment où la nécessité de la solidarité se faisait le plus clairement ressentir.
La répression est féroce: 7.500 mineurs ont été arrêtés et 40 parmi eux ont été emprisonnés, dont deux à perpétuité. Deux grévistes ont perdu la vie.
Dans un tel affrontement, le courage et la volonté de gagner ne suffisent pas. Au début de l’année 1985, les grévistes ne peuvent guère faire plus, ils reprennent le travail, fiers de leurs efforts mais, en même temps, défaits.
La défaite fut très lourde de conséquences, a déterminé la situation politique et industrielle du pays pour les vingt années suivantes, a modifié profondément la place des syndicats dans le paysage social et politique en Grande Bretagne.
Dans les années 1920, la société chinoise vit une crise structurelle. Le régime républicain issu de la révolution de 1911 qui a brisé le système dynastique est incapable d’unifier le pays colonisé par les puissances impérialistes et en butte aux seigneurs de la guerre qui contrôlent en partie le centre et le nord du pays. Dans ce vaste territoire paysan, l’industrialisation fait croître très rapidement la classe ouvrière dans certaines zones.
Une vague de luttes populaires et nationales, pour la justice sociale, pour la réunification du pays et son indépendance secoue toute la chine. Le Parti Communiste y joue un rôle important, et notamment dirige les syndicats en essor rapide.
Cela dans un contexte où la jeune Union Soviétique entretient des relations amicales avec le Kuomintang qui dirige la République, comme organisation anti impérialiste ,l’internationale communiste contraint même les militants communistes à y adhérer.
En 1925 un immense mouvement de protestation commence à Shanghai à la suite d’un massacre de la police anglaise contre des manifestants. Une grève générale paralyse le commerce, puis s’étend à Canton et Hong Kong en réponse à la répression des forces franco-anglaises. Elle va durer 15 mois !
Le comité central de grève animé par le Parti Communiste dirige la région, fait converger la lutte urbaine et les luttes rurales, organise les piquets armés. La bourgeoisie chinoise, commerçante, industrielle et bancaire s’en inquiète, même si ces succès permettent à l’armée du Kuomintang de chasser les autorités fantoches. Le gouvernement arrête la grève en renvoyant aux calendes les promesses de réforme agraire, et mettant une sourdine aux revendications ouvrières parce qu’il faut « d’abord chasser les impérialistes et unifier le pays ». Il va alors se lancer dans la préparation d’une campagne militaire contre les seigneurs de la guerre du Nord liés aux impérialismes, tout en réprimant les dirigeants ouvriers communistes.
L’épreuve de force au sein du mouvement national entre la direction bourgeoise du
Kuomintang et les communistes est engagée.
En mars 1927, à Shanghai une insurrection donne le contrôle de la ville aux communistes qui ouvrent la ville à l’armée du Kuomintang. Celle-ci, avec la pègre locale, les occidentaux et le patronat local tuent des milliers de militants ouvriers. En même temps le kuomintang purge les communistes de ses rangs.
En mai, la même chose se produit à Wuhan, où le gouvernement réprime le mouvement ouvrier et paysan, des gouverneurs locaux organisent des véritables massacres. Une insurrection paysanne dans le Hunan avec Mao Zedong est obligée de se replier dans les montagnes, rejointe par les éléments communistes de l’armée.
Des milliers, certains chiffres avancent 25 000, communistes et responsables ouvriers et paysans sont exécutés dans tout le pays lors de cette vague contre-révolutionnaire de la première moitié de 1927.
C’est pourtant à ce moment que l’Internationale stalinienne donne aux communistes chinois l’ordre de se soulever pour réaliser la perspective de la « dictature démocratique des ouvriers et des paysans »
Toutes les révoltes à la campagne échouent.
En décembre, le parti communiste organise une insurrection à Canton. Les insurgés se rendent maîtres d’une partie de la ville, libèrent plus d’un millier de prisonniers politiques. La Commune est proclamée, un soviet provisoire diffuse un programme révolutionnaire. Mais ces perspectives qui quelques mois plus tôt auraient pu mobiliser des centaines de milliers de prolétaires, tombent à plat car le mouvement avait déjà été brisé. Au troisième jour, les troupes du Kuomintang écrasent l’insurrection, déchaînent une atroce répression, on estime que 5700 prolétaires sont fusillés, brûlés vifs, décapités.
En cette année 1927, la montée du mouvement révolutionnaire a effrayé la bourgeoisie chinoise qui a fait bloc avec les forces réactionnaires et impérialistes pour écraser le mouvement communiste.
Toute une période révolutionnaire se termine. La portée de cette défaite est considérable, et va avoir une grande importance pour la suite.
Le régime de Vichy avait fait de l’avortement un crime contre l’État passible de la peine de
mort, ainsi Marie-Louise Giraud est guillotinée le 30 juillet 1943. Cette loi est abrogée à la
Libération. Mais la pénalisation de l’avortement et de la propagande anticonceptionnelle
prévue par la loi de 1920, au sortir de la première guerre mondiale dans un contexte de
politique nataliste, reste en vigueur.
Dans les années 1950, le mouvement qui va devenir le Planning familial est créé. Il lutte
pour le droit à la contraception et la rend accessible pour ses adhérentes, 100 000 en 1966.
Elle sera autorisée en 1967.
C’est dans ce contexte qu’en 1971 paraît le manifeste des 343 femmes parmi lesquelles des
personnalités du spectacle, de la littérature et de la politique qui déclarent avoir avorté.
Cet acte public rompt le silence sur le drame des avortements clandestins.
Chaque année près d’un million de femmes y sont contraintes. Seules les plus riches vont
en Angleterre. Pour les autres, par milliers, dans les milieux populaires, les conditions
dangereuses et insalubres tuent et mettent en danger leur santé. Elles subissent de plus les
condamnations, 527 en 1971.
L’avortement sort du silence, ce n’est plus un problème personnel, mais une revendication
collective qui va enclencher une mobilisation considérable des femmes pour la libre
disposition de leur corps jusqu’à l’adoption de la loi Veil en 1975.
Le 20 novembre 1971, plus de 40 000 femmes manifestent à Paris pour le droit à
l’avortement et à partir de ce moment, le mouvement se développe sous l’impact du
Mouvement de Libération des Femmes. En octobre 1972, le procès de Bobigny au cours
duquel Gisèle Halimi fait acquitter une jeune fille de 17 ans qui avait avorté après un viol
est une nouvelle échéance.
L’année suivante sera celle de la création du Mouvement pour la liberté de l’avortement et
de la contraception (MLAC), quelques semaines après la publication d’un nouveau
manifeste, celui de 331 médecins qui revendiquent avoir pratiqué des avortements, qui ne
seront pas inquiété.e.s.
Le MLAC, regroupe des militant.e.s du Planning familial, du Groupe Information Santé,
de la Mutuelle des Étudiants de France, des associations familiales, des organisations
politiques, comme le PSU, la LCR … il va donner une nouvelle dimension à la
mobilisation. Des comités MLAC se créent partout, comme une traînée de poudre, militant
pour que l’avortement puisse être exercé à la simple demande de la femme et remboursé
par la sécurité sociale.
Il ne s’agit pas seulement de revendiquer, de manifester, diffuser des tracts, diffuser le film
interdit Histoire d’A, le MLAC accueille les femmes désireuses d’interrompre leur
grossesse. Il faut trouver des solutions : la clandestinité s’organise publiquement ! Des cars
vers les pays autorisant l’IVG sont affrétés. Et surtout se développe la méthode Karman, de
l’avortement par aspiration, simple et sécuritaire. Petit à petit, les militantes du MLAC,
dans des groupes composés de non-médecins formés, pratiquent les avortements,
persuadées qu’on ne mendie pas un juste droit, qu’il faut se battre pour lui, s’auto-
organiser et assumer publiquement les actes illégaux. Cette pratique a donné un coup
d’accélérateur à la lutte. Le Planning familial décide de pratiquer des avortements dans ses
centres d’orthogénie.
L’avortement est devenu une question politique centrale. Le mouvement est subversif,
assume l’affrontement politique. Si le MLAC est une organisation mixte, le mouvement est
porté par les femmes qui brisent à cette occasion les carcans des milieux politiques amis.
Face à la puissance de cette mobilisation, le gouvernement lâche, même si les courants
conservateurs font de la résistance. La loi votée le 17 janvier 1975 portée par Simone Veil,
autorise l’interruption volontaire de grossesse (IVG) sous conditions, elle ne sera
remboursée qu’en 1982.
Malgré ses limites, c’est le texte fondateur de la dépénalisation de l’avortement en France.
N’oublions jamais que cette victoire trop souvent attribuée à la seule Simone Veil a été
acquise au prix d’un combat féministe acharné !
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