On se souvient d’un jeune homme timide, déjà barbu – il allait ensuite être glabre pour quelques décennies avant de revenir récemment à la barbe – sur la pochette d’un disque 33 tours – on n’avait pas encore inventé le CD. En 1983, le monde musical découvrait Christophe Rousset, 22 ans, claveciniste de génie, élève d’Huguette Dreyfus puis de Bob Van Asperen, deuxième seulement à recevoir un premier prix du Concours de Bruges, un concours qui n’avait accordé que des accessits à Christiane Jaccotet, Ton Koopman ou Christopher Hogwood et n’avait couronné jusque-là, douze ans plus tôt, que l’inégalable Scott Ross.
Venu du soleil du Sud de la France, le jeune Rousset allait rentrer dans l’ombre comme pour fuir une lumière qui le mettait mal à l’aise. Mais on allait le retrouver comme assistant de William Christie – notamment pour la fameuse aventure de l’Atys de Lully – puis, très vite, comme claveciniste soliste enregistrant pour Harmonia Mundi ou Oiseau-Lyre, la marque musique ancienne de Decca.
Comme beaucoup, Rousset allait franchir le pas vers la direction d’orchestre en créant son propre ensemble, Les Talens lyriques. Mais à la différence de la plupart de ses collègues, Rousset allait aussi continuer à cultiver son instrument soliste.
Quarante ans plus tard, le Rousset claveciniste génial des années 80 est toujours là, le fondateur des Talens Lyriques est toujours aux commandes de son ensemble – un des plus dynamiques du marché – et Rousset s’est imposé comme chef d’opéra au répertoire assez large – il est même un des seuls à avoir dirigé à la fois à la Monnaie et à l’Opéra Royal de Wallonie –, mais aussi comme spécialiste de Lully et de Salieri.
Sa discographie dépasse largement les cent références, et va de Monteverdi à Gounod en passant par Purcell, Bach, Haendel, Scarlatti, les Couperin, Lully, Rameau, Marais, Pergolesi, Mozart ou Salieri, mais aussi Balbastre, Colasse, Dauvergne, D’Anglebert, Forqueray, Mondonville, Royer, Jomelli, Soler, Sacchini, Spontini, Mehul ou Louise Bertin. On l’a même entendu récemment diriger du Wagner sur instruments anciens pour un disque du ténor américain Michael Spyres. A la rentrée 2024, on l’attend même dans la fosse de Bayreuth : pas la fosse couverte du Festspielhaus, mais celle du délicieux théâtre des Margraves pour l’Iphigénie en Aulide de Porpora, donné dans le cadre du festival Bayreuth Baroque.
Mais Rousset n’est plus timide : il parle avec une volubilité châtiée, et prend volontiers la pose – sonore – pour un Autoportrait.
Merci pour votre écoute.
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