Joan Roch est un auteur, photographe, journaliste, conférencier et ultra-marathonien. Il s'est mis à la course il y a quelques années, s'est investi dans cette communauté de façon importante, puis a pris une pause.
L'an dernier, notamment par son défi Percé-Montréal et la publication de son livre, il a démontré qu'il était revenu en force dans le domaine de la course à pied.
Qu'est-ce qui l'a poussé à prendre une pause mais surtout, comment a-t-il repris goût à la course? C'est sur ces questions que nous sommes sommes penchées avec l'athlète de Longueuil.
Daniel : Tout d'abord, qu'est-ce qui t'a poussé à abandonner la course, domaine où tu étais très impliqué?
Joan : J'ai pris une pause au début de l'année 2016, soit au moment où je publiais mon livre. Je sortais d'une année 2015 super chargée : 6 ultra-marathons en 5 mois, l'écriture d'un livre et la promotion de celui-ci. Ce fut très épuisant physiquement, mais surtout psychologiquement.
La fatigue mentale s'est donc installée, ce qui a eu des répercussions sur ma vie familiale, professionnelle et personnelle. Je savais donc que je devais changer quelque chose mais je ne savais pas trop quoi. Après environ 6 mois de questionnements, j'ai décidé qu'une pause de course serait peut-être la solution. C'est donc un matin de mai, du jour au lendemain, que j'ai arrêté de courir sans trop savoir combien de temps.
J'ai également pris une pause des réseaux sociaux, car je ne savais pas trop quoi dire aux gens qui me suivaient. Je ne savais même pas ce qui m'arrivait donc c'était très difficile pour moi d'en faire part ouvertement. J'ai opté pour un silence-radio le temps de comprendre ce qui m'arrivait.
Daniel : Crois-tu que la surcharge d'entraînement et de compétitions ont conduites à ta pause, comme un genre d'overdose?
Joan : Non, c'était vraiment différent en fait. Je fais des ultras non pas pour performer mais bien pour apprendre à me connaître. Quand tu cours seul pendant des heures, tu es confronté à une foule de situations et tes réactions face à celles-ci te permettent d'évoluer en tant que personne.
Quand j'ai enchaîné 6 ultras en 5 mois, j'avais l'impression de ne plus rien apprendre à la fin. J'ai trouvé ça tellement dommage de m'impliquer autant personnellement et financièrement pour au final, ne rien apprendre du tout. Je me suis donc rendu à l'évidence : j'avais découvert ce que j'avais à découvrir. On pourrait donc dire que j'ai arrêté plutôt par peur de faire une surdose, justement.
Daniel : As-tu ressenti un certain malaise face à ton absence sur les réseaux sociaux lors de ta pause de course à pied?
Joan : Absolument! J'aurais aimé expliquer aux gens ce qui m'arrivait, mais en même temps, c'est difficile quand tu ne trouves pas les mots et que tu ne comprends pas toi-même ce qui t'arrive.
D'un autre côté, je ne vivais pas un drame non plus : on parle simplement de course à pied après tout!
C'est après 6 mois que j'ai commencé tranquillement à trouver les mots, mais il me manquait encore des pièces du casse-tête.
J'ai finalement écrit un texte sur mon expérience et la réaction des gens m'a fait beaucoup de bien. En effet, il semblerait que ce que je vivais était assez commun et ça m'a rassuré de savoir que je n'étais pas seul. C'est à ce moment que l'idée d'écrire un deuxième livre a fait son chemin à partir de cette expérience.
Daniel : Est-ce que ton implication sur les réseaux sociaux a provoqué une certaine pression à courir et à performer qui aurait, au final, contribué à ton arrêt?
Joan : Oui, surtout dans les premiers mois. Je pourrais même mentionner que mon arrêt soudain a été causé par la pression justement.
J'ai vraiment voulu décrocher au point où, quand j'ai recommencé, je n'ai pas utilisé de montre pour ne pas me mettre de pression et pour ne pas donner de fausses idées aux gens qui me suivaient sur Strava.
Daniel : Qu'est-ce-qui t'a motivé à recommencer la course à pied?
Joa