Washington a exercé de très fortes pressions sur l'Arabie saoudite. : Donald Trump voulait un pétrole moins cher, pour au moins 3 raisons : contenir l'inflation chez lui aux Etats-Unis, affaiblir la Russie, garder les mains libres face à l'Iran.

Trump aurait demandé à Riyad d'augmenter sa production et les Saoudiens l'auraient donc fait. Mais l'histoire est plus complexe que cela, car l'Arabie saoudite n'a pas oublié l'humiliation de 2018. Cette année là, Donald Trump l'avait déjà convaincu d'augmenter sa production pour compenser les sanctions contre l'Iran. Il avait ensuite soudainement accordé des dérogations à plusieurs pays importateurs de pétrole brut iranien. Le résultat, c'est qu'il y a eu un excès d'offre sur les marchés, le baril de pétrole a chuté et l'Arabie saoudite a encaissé les pertes. Et, depuis, le ministre saoudien de l'Energie aurait juré qu'il ne referait plus jamais cette erreur.

Pourquoi avoir relancé la production de pétrole ces dernières semaines? Le Financial Times donne plusieurs explications, bien plus terre à terre que les fantasmes géopolitiques ou complotistes. Après trois ans de restrictions, et donc de diminution de la production pour faire remonter les prix de l'or noir, les quotas de l'OPEP n'avaient plus vraiment d'effet. Donc Riyad, qui avait supporté jusqu'ici l'essentiel des efforts, commençait à perdre patience et à revenir à un niveau de production plus élevé.

Mais il y a aussi une autre lecture : l'Arabie saoudite cherche à accélérer ses investissements dans l'intelligence artificielle, le nucléaire civil et la défense, et cela passe par un accès privilégié aux technologies américaines. D'où cette hypothèse : si le pétrole saoudien avait aussi servi de monnaie d'échange pour obtenir, en coulisse, des accords bilatéraux avec Washington? Or, c'est exactement ce qui s'est passé ces derniers mois avec l'accord historique noué entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, notamment sur l'intelligence artificielle.

Le problème, c'est qu'avec l'attaque israélienne contre l'Iran, les cartes sont à nouveau rebattues. Le baril remonte, la pression inflationniste va revenir et les marges de manœuvre de Trump se rétrécissent.

Moralité, ceux qui pensent que le pétrole est encore un marché comme les autres se trompent de film. Ce n'est plus du trading, c'est du billard diplomatique à trois bandes où chaque baril déplacé change l'équilibre du monde. 

--- La chronique économique d'Amid Faljaoui, tous les jours à 8h30 et à 17h30.

  

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