Depuis sa disparition il y a bientôt 10 ans, des titres, voire des albums posthumes de Prince, refont surface. Le dernier en date est une version acoustique de «Free», un titre poignant et épuré qui fait partie de la playlist RFI.
Le 21 avril 2016, lorsque Prince s’éteint dans sa résidence de Paisley Park à Minneapolis, il a 57 ans et trône sur un catalogue monumental. Plus de 30 albums studios, des tubes qui résonnent encore aujourd’hui, on pense à « Kiss », « Purple Rain » ou « I Wanna Be Your Lover », mais aussi beaucoup d’expérimentations et de recherches. Véritable bête de travail, il laisse derrière lui un héritage colossal d’inédits, de maquettes et autres chutes de sessions.
Depuis sa mort tragique, une longue bataille juridique entre les ayants droits se poursuit, mais on découvre régulièrement quelques titres « from the vault », sortis du coffre-fort. Ce coffre n’est autre que les archives de Paisley Park, un complexe mythique mêlant studios, salle de concert, club et lieu de vie, devenu aujourd’hui un musée. Parmi ces inédits, une version acoustique de « Free » sortie en juin dernier et que l’on peut retrouver en bonne compagnie dans la playlist de RFI.
Le titre originel fait partie de l’album 1999, sorti en 1982, quelques semaines après Thriller de Michael Jackson, son éternel rival. Avec ce premier succès mondial, Prince grave sa légende de producteur visionnaire, celle d’un virtuose parfois sulfureux qui propulse la pop vers de nouveaux horizons. Multi-instrumentiste et arrangeur obsessionnel, il s’aventure aussi vers des territoires plus minimalistes.
Un concentré de virtuosité et d'intensité Dénuée de presque tous ses artifices, cette version de « Free » enregistrée en 2008 révèle toute la mesure du génie princier, une déflagration d'intensité et de sincérité. Un micro, une guitare, quelques effets de reverb et de delay… Ne reste que l'essence de la chanson. La voix est comme susurrée, à la fois écorchée et soyeuse, habitée et hors du temps, exubérante et intimiste.
Selon ses propres mots, « Free » a été écrit comme un hommage à la liberté de dire non. Face au monde qui est le sien, lorsqu’il enregistre cette chanson en 1982, Prince cherche à apporter de l’espoir. Les paroles racontent l’importance de se battre pour le droit de rester libre, et surtout de ne jamais prendre cette liberté pour acquise. Quand on connait ne serait-ce qu’un peu la vie complexe de Prince, son indépendance artistique férocement défendue face à l’industrie du disque et du streaming naissant, on saisit toute la portée de ce texte. Lorsqu’il l'interprétait sur scène en version acoustique à la toute fin de sa vie lors de sa tournée Piano And A Microphone, il est arrivé que l'icône pop s’arrête de jouer pour sécher une larme.
En écho à cette facette acoustique vers laquelle il s’était tourné à la fin de sa vie, on pense à l’album Piano and a Microphone, son premier album posthume paru en 2018 et qui rassemble quelques joyaux à l’instar de « Mary Don’t You Weep » et son clip en hommage aux enfants victimes de violences aux armes à feu aux Etats-Unis.
En attendant la sortie d’autres trésors depuis le très convoité coffre-fort de Minneapolis, on peut toujours naviguer à travers l’œuvre tentaculaire de Prince, une œuvre qui a manifestement encore des choses à dire, et à transmettre.