Restitution plutôt que prêt, restituer ce n’est pas prêter, c’est changer de propriétaire, c’est rendre à l’ancien propriétaire, c'est-à-dire au Bénin, au Sénégal, au Tchad, au Maghreb… pour parler des anciennes colonies françaises mais aussi, au Nigéria pour les anglais, au Congo pour la Belgique, au Cameroun pour les Allemands…
Cela représente des centaines de milliers d’objets, pillés, razziés, volés, vendus, troqués, des faux parfois, durant la colonisation et qui se sont retrouvés dans les musées européens et sont devenus des biens patrimoniaux « inaliénables, insaisissables, imprescriptibles », des anciennes métropoles coloniales. Rien que pour la France : 90 000 objets, issus de la seule Afrique occidentale, dont 70 000 dans les fonds du musée du Quai Branly- Jacques Chirac… 90 000 objets qui ne sont pas chez eux, au Bénin, au Sénégal, au Ghana, au Congo …. où ils manquent, « Leur présence ici signe leur absence en Afrique ». 90 % du patrimoine subsaharien se trouve aujourd’hui en France !
La question des restitutions n’est pas nouvelle, elle est aussi vieille que celle des pillages, elle a été réactivée au moment des indépendances. En 1969, à Alger, le premier festival culturel panafricain déclare « la conservation de la culture a sauvé les peuples africains des tentatives de faire d’eux des peuples sans âmes et sans histoire ». L’UNESCO a œuvré pour que ces biens culturels retrouvent leurs véritables propriétaires, leurs civilisations mais il faut bien le dire, le lobbying occidental a joué à plein et rien de significatif ne s’est mis en place…
Le 18 novembre 2017, Macron, 6 mois après son élection, à l’université de Ouagadougou, devant un parterre d’étudiants, est venu faire un discours, promettant, c’était le temps des promesses, à la jeunesse africaine francophone, la fin de la Françafrique, discours fleuve, où un passage, a beaucoup frappé, l’auditoire d’abord, qui a beaucoup applaudi, les dirigeants africains et la communauté des historiens, anthropologues, conservateurs de musées, marchands d’art, d’Europe, voire du monde :« Je veux que d'ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique » Où en est-on 4 ans plus tard ?
Photo de Une : Statues du palais royal d'Abomey (musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris) (Jean-Pierre Dalbéra