Dès le texte biblique, libérer l’individu possédé par le diable est une question épineuse qui reçoit une réponse musicale : David soigne Saul grâce au pouvoir de son instrument. Si la théorie musicale et la glose médiévale véhiculent cette action de la musique sur le malin, c’est au XVe siècle que naît un genre littéraire particulier à la diffusion et au succès européens : le manuel d'exorcisme où les théologiens établissent une science des signes pour distinguer la possession démoniaque des maladies naturelles et discourent des remèdes spirituels et corporels. La musique y est signe de la présence du diable et son langage participe des altérations du possédé, mais elle est aussi antidote et rétablit l'harmonie du corps aliéné. L’analyse de la musique dans les manuels d’exorcisme, au cœur de cet ouvrage qui inclut également la littérature de sorcellerie et de nécromancie, dévoile un rôle et un statut de la musique méconnus jusqu’à aujourd’hui que celle-ci ne perdra pourtant qu’à la mise à l’Index des manuels les plus célèbres au début du XVIIIe siècle.
Introduction lue par Charlotte Simonin, enseignante en lettres-philosophie, au lycée Poincaré (Nancy, 54)
Pour se procurer le livre : https://www.droz.org/europe/product/9782600058681