Septembre 1962. Il est 5h30 du matin. Un groupe d'une trentaine de marcheurs et marcheuses, équipés de cordages, de piquets, de casques de protection, de lampes à acétylène, de sacs à dos et de sacoches en tous genres, se prépare pour l'ascension de l'impressionnant massif du Marguareïs. Le Marguareïs est un ensemble imposant de montagnes à la frontière franco-italienne, à 60 kilomètres au nord de Nice. Ce massif étonnant abrite de nombreuses cavités naturelles. Il cache dans ses entrailles des fosses souterraines, aux dénivelés abyssaux. On y trouve des gouffres profonds, allant jusqu'à 961 mètres sous terre. C'est un véritable paradis pour les amateurs de spéléologie ; un cauchemar pour les claustrophobes. L'ascension du massif commence. Le temps est instable. Nous ne savons pas ce qui attend cette équipe de grimpeurs matinaux. Pluie ? Grêle ? Chaleur étouffante ? En cette saison, tout est possible à plus de 2000 mètres d'altitude. Finalement, c'est une brume opaque qui les accompagne, durant les 5 heures de leur ascension épuisante. Ils grimpent sur un sentier étroit, escarpé et très peu praticable. C'est un ancien chemin, qui servait aux mules pour transporter des marchandises. Avec cette purée de pois, la montée est périlleuse. Les grimpeurs et grimpeuses voient, à peine, à un mètre devant eux. Le sol pierreux est glissant. Nos alpinistes sont concentrés et silencieux. Ils trébuchent parfois, mais se rattrapent toujours. A travers le brouillard, l'équipée n'entrevoit de la nature autour d'elle qu'aridité et sécheresse effrayante, végétation malingre et rocaille calcaire. Nous sommes en septembre 1962. Il est 5h30 du matin, et c’est l’Heure H de mon histoire.

 

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