Descartes a toujours raison. Impossible de trouver une faille dans ses raisonnements. Très agréable d’être en phase avec un gars de cette envergure, notamment sur les sujets de déterminisme, si chers à mon cœur. Il est comme moi, il ne supporte pas de ne pas savoir, ça l’empêche de dormir, toutes ces pensées incertaines qui tournent comme un écho dans une pièce vide. Et puis, on partage aussi la passion des maths, et ça, c’était très sympa également.

Enchanté par cette rencontre avec Michel, tellement bienveillant, tellement intelligent… Michel, c’est LA boite à punchlines. Peut-être aussi, un des premiers philosophes à comprendre que l’on y gagne toujours à être bienveillant. Et pourtant, il est aussi le premier à lutter (comme moi) contre les règles stupides. Nous avons par ailleurs partagé cette même angoisse non pas de la mort, mais de ce qui la précède.

Eckhart m’a permis d’approfondir la vacuité que nous avions déjà aborder avec Augustin. Ne plus rien vouloir, telle est la sagesse ultime. Profondément nihiliste, voire un peu gnostique, tout ce qui existe, constitue déjà un superflu. Mieux vaut se débarrasser de tout. Alors, c’est complètement infaisable pour un gourmand comme moi, mais la thèse du « rien plutôt que quelque chose » m’a beaucoup fasciné, et renvoyé à des domaines très variés : méditation, santé, deuil…

Augustin est un jouisseur contrarié, qui a vraiment lutté contre sa nature, en personnifiant le vide méditatif par le Christ et Dieu. J’ai adoré également son point de vue sur les limites de la volonté de l’homme, son approche déterministe du mal, et l’inégalité entre les humains. Et puis sa façon de relier conscience, temps, moi intérieur, fait vraiment la jonction entre les philosophies grecques antiques, et ce qu’on va trouver dans quelques siècles dans la philosophie européenne de Descartes, Goethe, puis Schopenhauer, Bergson, Jung.

Quand on voit Epictète, on éprouve en premier lieu de la pitié ; lorsqu’on parle avec lui, cette réaction cède sa place à une incommensurable admiration. Le mec a réussi à programmer son esprit à penser ce qu’il souhaite penser, et ce, dans l’intérêt de son propre bonheur. C’est la force de caractère incarné. Il y a tant à apprendre à ses côtés, pour un angoissé comme moi…

Avec Zénon, nous sommes partis sur une approche totalement différente du bonheur, moins fun que les précédents, hyper raisonnable, hyper calculé sur le long terme, et plus du tout sur le plaisir pris dans l’instant présent. Pour lui, le plaisir, c’est suspect !

Epicure m’a surpris, ce n’est pas du tout le gars qu’on imagine, enfin que moi j’imaginais, à savoir une sorte de Dionysos beatnik un peu perché… non non, c’est au contraire lea personnification de la maîtrise, de l’équilibre, du jamais trop ni trop peu. Je ne l’ai jamais vu bourré une seule fois de tout le séjour ! En plus, c’est vraiment le grand précurseur de la méditation en pleine conscience, très à la mode en 2021.

Aristote est un maître de logique, de biologie, d’alchimie. Mon séjour à ses côtés m’a rappelé mes cours sur la chimie cinétique, j’ai beaucoup aimé nos discussions sur ses théories du but, mais également sur les rêves, sur la solitude.

Je ne pensais jamais avoir autant de crises de fou-rire durant ses séjours philosophiques. Diogène est le premier des humoristes, il vit ce qu'il pense, il pense ce qu'il dit, et il dit ce qu'il vit. Je reviendrai avec plaisir.

Moments magnifiques avec Socrate, le suivre dans la rue est un délice. Un fou génial, caustique et bienveillant, totalement bipolaire, bref, un régal à nouveau.