Le mokutcho est une cérémonie traditionnelle Lomwé, il s'agit d'un d'échange entre les humains vivants et les esprits des ancêtres de la communauté. Les Mulukukane sont des femmes qui parlent en nom des esprits des ancêtres. Les humains vont présenter des doléances aux esprits moyennant la remise d'une offrande.
Cette cérémonie se déroule de manière annuelle à la montagne sacrée Nipale. Elle a lieu au cours de la saison des pluies, au plus fort de la soudure alimentaire. Les participants demandent aux esprits des ancêtres de bonnes conditions climatiques pour les futures récoltes, le rétablissement de proches malades, l'acquisition d'un bien, etc. Le rituel est codifié, il doit avoir lieu dans un lieu consacré, la montagne sacrée Nipale, avec des personnalités de la communauté définies (chefs coutumiers traditionnels, herboriste, mukulukane).
Autrefois il fallait plusieurs jours pour effectuer le périple jusqu'à la montagne sacrée. L'empiettement humain et l'extension de la ville de Gilé ont raccourci le voyage. Les participants aux cérémonies, que l'on ne peut dénomer pélerins car il n'y à pas de processus de prière, étaient alors soumis à de nombreux dangers: lions, éléphants, chute d'arbre, sortilèges, perte... Cette tradition et la marche périlleuse qui y est associée, ont longtemps été synonyme de mort.
Pendant la guerre, le mokutcho était toujours effectuée. On rapporte des histoires des contradictoires à l'égard du déroulement des processions se rendant à Nipale en ce temps là, tantôt constamment prises à parti par les combats tantôt intouchable et entouré d'un halo de paix. Dans tous les cas, cette tradition a vécu au rythme de l'histoire moderne et n'a, à aucune époque, laissé les populations indifférentes. C'est un socle structurant de l'identité locale.