Un chef d’orchestre un peu particulier a dirigé le philharmonique de Lucca en Italie. Le robot industriel YuMi développé en Suisse, doté de deux bras articulés a été programmé pour reproduire avec précision la gestuelle du maestro Andrea Colombini sur la scène du théâtre Verdi de Pise.
Il faut de tout pour faire un monde ! Un monde essentiellement géré bientôt par des robots ! Il ne s’agit plus de savoir si des hordes de machines à pattes, à roulettes ou héliportées représentent une menace pour nos emplois, mais plutôt quand elles occuperont nos postes au travail.
Et ce serait pour bientôt alertent diverses personnalités des high-tech, des cabinets d’études en stratégie économique ou encore les chercheurs américains de l’institut des technologies du Massachusetts prévoyant tous secteurs professionnels confondus, que 45 % des individus en activité perdraient leurs jobs d’ici à 2035.
Seul le domaine artistique semble pour l’instant résister au phénomène, comme le prouve le robot industriel très sophistiqué YuMi, développé par les laboratoires de la société suisse ABB, qui s’est métamorphosé le temps d’un concert en chef d’orchestre. Le maestro cybernétique a mené à la baguette le philharmonique de Lucca, lors d’une représentation clôturant la première édition du Festival International de la Robotique, au théâtre Verdi de Pise en Italie.
Au menu du livret d’opéra « La Donna E’ Mobile » un extrait du Rigoletto de Verdi et « O Mio Babbino Caro » tiré du triptyque de Giacomo Puccini.
Des airs célèbres qui étaient interprétées par la soprano Maria Luigia Borsi et le ténor italien Andrea Bocelli. Le robot suisse YuMi qui a été conçu pour reproduire la gestuelle extrêmement précise de certains ouvriers spécialisés dans les usines, s’est formé à la direction d’orchestre avec Andrea Colombini, dirigeant habituellement le philharmonique de Lucca.
Un travail fastidieux de 17 heures a confié le maestro à la presse après la représentation. « Au début, j’étais sans cesse remonté contre lui, parce qu’il n’arrêtait pas de se bloquer, et il fallait 25 à 30 minutes pour le réinitialiser. » Et de conclure, malgré les performances dont a fait preuve la machine, « qu’il n’y avait aucune chance que les robots remplacent la sensibilité et l’émotion d’un chef d’orchestre, parce qu’un robot n’a pas d’âme. C’est juste un bras, pas un cerveau, ni un cœur ».
Même son de cloche du côté des musiciens et des interprètes estimant que leur chef artificiel était incapable d’improviser et de réagir par exemple à un changement impromptu de tempo. Mais patience, la frontière entre le cybernétique et le biologique tend à s’estomper, font savoir les roboticiens qui intègrent dans les programmes de leurs futurs modèles de robots l’équivalent des processus cognitifs propres aux humains. Des machines qui seront capables d’apprendre de leurs erreurs, donc d’improviser et d’évoluer bientôt sans aucune intervention humaine.
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