Aujourd'hui Aliénor vous raconte comment les culottes sont arrivées dans nos tiroirs. Et non, pas en direct du magasin de lingerie féminine, le chemin est un peu plus tortueux que ça.
À l'origine, la culotte c'est un vêtement masculin qui a été plus ou moins long en fonction des époques.
Au Moyen-Age, ce sont les chevalier qui portent la culotte par-dessus les chausses pour monter à cheval. Les chausses se sont des grandes chaussettes qui montent jusqu'à l'aine et s'attachent à la chemise ou au pourpoint par des liens. C'est sexy à souhait, mais pas des plus confortable pour passer plusieurs heures en selle. D'ailleurs de nos jours, les cavaliers hommes ou femmes portent des culottes d'équitation, le nom perdure. À cette époque la culotte se porte assez courte, elle s'arrête en haut des cuisses.
Avec l'arrivée de la Renaissance, elle s'allonge un peu en s'approchant du genou; mais reste le vêtement d'une certaine classe sociale, principalement la Noblesse. C'est là qu'elle commence à s'inviter chez les dames. En effet, Catherine de Médicis, peu populaire à son arrivée à la cour de France, notamment à cause de son ascendance roturière, apporte avec elle dans ses bagages la selle d'amazone, qui lui permet de suivre son beau-père le roi à la chasse, et de gagner ses faveurs. Les selles de dames de l'époque, de simples sièges de côté, n'autorisaient que des déplacement au pas. La selle d'amazone, grâce à ses fourches qui calent la cavalière, offre l'opportunité de galoper, et même pour les plus hardies, de franchir des obstacles.
Mais, car il y a un mais, avec la mode de l'époque, cette manière de monter à cheval, notamment au galop, provoques des envolées de jupes et de jupons, laissant voir les jambes de la princesse. Or, si à l'époque la poitrine n'est pas un organe érotique, la cheville d'une dame, si ! Alors que dire d'une vision jusqu'au dessus du genou ? L'Église s'offusque et impose le port de culotte sous les jupes pour la pratique de l'équitation afin de préserver la pudeur et de garantir les bonnes mœurs de la Cour de France.
Mais que portaient les dames sous leurs jupes à cette époque ? Rien que des jupons et leurs chausses puis, leurs bas, même lorsqu'elles étaient indisposées. Le tissu coûtait très cher à fabriquer et bien peu pouvaient s'offrir la dépense d'un vêtement de dessous supplémentaire.
La culotte de ces messieurs s'allonge pour arriver parfois sous le genou, puis la Révolution la met au placard au profit du pantalon, vêtement emblématique des fameux "Sans-Culottes" et "porter la culotte" perd alors son sens premier de symbole de richesse et de pouvoir. Au fil du XIXième siècle, elle est petit à petit abandonnée par ces messieurs au profit du pantalon, mais elle persiste néanmoins dans les livrées, c'est à dire les uniformes, des domestiques des grandes maisons.
Chez les dames, le port de la culotte comme sous-vêtement s'impose peu à peu, tout d'abord chez les plus fortunées, puis, petit à petit, via le système de don des anciens vêtements et la copie des modes des plus riches, dans les couches le plus modestes de la société tout au long du XIXième siècle.
Au cours des 100 voir 150 dernières années, la culotte est devenue l'apanage des dames et sa longueur diminue de plus en plus jusqu'à désormais offrir plusieurs modèles de sous-vêtements du plus large au plus minimaliste, en fonction des goûts de chacune, parce qu'aujourd'hui, le tissu coûte beaucoup moins cher à produire, mais il tient beaucoup moins longtemps également. Les savoir-faire se perdent, ma bonne dame !
Ce sont donc désormais les femmes qui portent la culotte au sens propre du terme, au sens figuré, à chacun de décider pour chez soi.