Bonjour et bienvenue dans Comment C'est Arrivé Là ? Je suis ravie de vous retrouver pour partager une semaine sur deux de nouvelles plongées dans les méandres de l'Histoire. Et quand je serais absente ? Vous retrouverez Julien Boujot qui détourne sa célèbre chronique “ Ça alors !?” en un “Qui Alors !?”, où il nous parle d’un destin extraordinaire.
Pour cette première de la saison, il m'a semblé évident de remonter aux origines de la fameuse coupure estivale.Non, je ne suis absolument pas en retard, je suis simplement à une autre époque, mais trêve de digression !
On remonte à l'antiquité Romaine et aux alentours de l'an 100 après JC, sous le règne de l'empereur Hadrien, qui se fit construire une grande villa près de Tivoli, afin de quitter la ville de Rome pendant les fortes chaleurs estivales. S'il choisit l'intérieur des terres, de nombreux aristocrates romains, préfèreront eux les bords de mer, même si à cette époque, Pompéi est déjà sous les cendres.
Comment ça, on s'éloigne des épidémies, des odeurs, de la foule en été ? Bande de chochottes !
on va avancer de quelques siècles pour parler du concile de Vaison. Il en ressort que les prêtres doivent apprendre gratuitement à un ou plusieurs garçons le latin afin de pouvoir lire la bible et former ainsi les futurs clercs. L'Eglise étant catholique et romaine, les filles, sont évidemment mises de côté. Ha, le droit romain, ses déclinaisons dans le temps, et les femmes... Freud et ses collègues auraient des choses à en dire !
Charlemagne poursuit ce but avec la création en 789 des écoles monastiques, là encore, il s'agit d'instruire afin de propager la foi chrétienne. Les garçons intègrent l'école à 6 ans, apprennent d'abord l'hygiène et la moral, puis à lire la bible, à chanter les psaumes et le calcul.
Quelque deux siècles plus tard, les écoles vont petit à petit se démocratiser, pour accueillir plus d'élèves, puis même être tenues par des laïcs notamment à partir du XVieme siècle. Il sera question d'apprendre les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul, plus que du latin et de l'enseignement des textes religieux. De là vient la divergence "illettré" : qui ne possède pas ses lettres latines , et donc la connaissance des textes religieux, opposé à "analphabète' : qui ne connait pas son alphabet dans sa langue maternelle.
En 1231, le pape Grégoire IX accorde un mois de vacances aux écoliers afin que ceux-ci puissent aller aider leurs parents aux travaux des champs, mais laisse chaque établissement libre d'organiser son calendrier. Evidemment, les congés scolaires suivent le calendrier chrétien, et les fêtes religieuses sont des temps d'arrêt de l'étude, mais le plus souvent, pour se consacrer à la prière.
Une envie de voyager ? Un pèlerinage vous permettra de voir un peu le monde et de suspendre les cours quelques semaines.
Plus prosaïquement, les classes dirigeantes quittent à ce moment-là la capitale pour se retirer sur leurs terres quelques mois. Paris l'été, c'était déjà invivable à l'époque !
La révolution unifie ce calendrier en imposant le congé scolaire de la mi-aout à la fin septembre. Alors pour les travaux d'été, ça élimine l'aide pour les foins, (en juin) et les moissons (qui peuvent s'étaler de début juillet à mi aout selon les région). Non. C'est pour permettre aux élèves les plus fortunés de rejoindre leur familles dans les résidences secondaires pour la chasse à court.
Ces dates seront maintenues jusqu'en 1860 où on avancera les congés au début du mois d'août et Napoléon III accordera 5 jours de congés lors des fêtes de Pâques.
En 1912, les vacances sont avancée d'une quinzaine de jour et fixées entre le 14 juillet et une rentrée des classes au 1ier octobre. Quand aux jolies colonies de vacances sir chères à Pierre Perret, elles commencent après le premier conflit mondial.
Jusqu'en 1936, et l'avènement des congés payés, la coupure estivale à caractère de loisir reste réservée à une part de la population assez aisée. D'ailleurs, lors des premiers congés de 1936, peu de familles modestes quittent leur région. La plupart restent à leur domicile et profite des deux semaines accordées pour embellir ou restaurer leur habitat.
Suite à la nationalisation des chemins de fer, est instauré en 1937 un billet de congé annuel, qui incitera les français à se déplacer oui, mais principalement pour aller voir l'exposition universelle de Paris.
L'arrêté du 11 février 1939 uniformise les dates de vacances pour les cycles primaire et secondaires, fixant ainsi les congés de Toussaints, Noël-Nouvel An, Mardi Gras et Pâques.
En 1956, une troisième semaine de congés payés est accordée aux salariés français. Mais les vacances coûtent cher et ce sont les associations religieuses et laïques ou les premiers comités d'entreprises qui permettent aux classes modestes de partir quelques jours.
En 1961; nouveau décalage, la rentrée est avancée du 1ier octobre au 16 septembre; sauf dans les département viticoles où une dérogation est accordée jusqu'au 1ier octobre pour les élèves de plus de 12 ans. On ne plaisante pas avec les vendanges.
L'année scolaire se terminera alors le 28 juin, s'approchant ainsi de notre calendrier actuel.
1968 voit l'arrivée de la quatrième semaine de congés payés, et un certain nombre d'usines prennent l'habitude de ralentir ou de cesser leur activité au mois d'août. Les années 1970 verront se développer le tourisme de masse, les clubs de vacances et l'essor de la fameuse nationale 7, puis des autoroutes et des stations balnéaires. En témoigneront d'ailleurs la fameuse série à succès des "Gendarmes" avec les regrettés Louis de Funès et Michel Galabru.
Avec la cinquième semaine à partir de 1982, le "mois d'accalmie estivale" se verra décalé dans certains secteurs entre le 14 juillet et le 15 août.
Je vous dis à dans quinze jours, vous serez en excellente compagnie vendredi prochain avec Qui alors ?, et je vous souhaite une bonne journée à l'écoute du son unique.