L'œuvre du photographe Jean Mandanis entre dans les archives de la Bibliothèque de Genève. Jean Mandanis (1916-2011) fut un des grands photographes de la place genevoise. La discussion organisée par geneveMonde.ch entre Dora Mandanis, fille de Jean Mandanis, et Philippe Nussbaum, son petit-fils, revient sur le parcours de ce grand photographe, marquée par l'exil, la résilience et la créativité, ainsi que sur les enjeux de la transmission de l’héritage familial et artistique et les défis que posent parfois la conservation des archives privées.
Contexte familial et historique
Jean Mandanis est né en 1916 près d’Izmir, en Asie mineure grecque, un territoire qui est aujourd'hui en Turquie. En 1922, sa vie bascule lorsque ses parents sont tués lors du massacre de Smyrne par les nationalistes turcs. Alors âgé de six ans, Jean fuit avec sa sœur à bord d’un bateau pour trouver refuge à Salonique, où ils sont pris en charge par leur tante.
a fille, Dora Mandanis, partage les souvenirs de son père et évoque l’impact que ce traumatisme a eu sur lui. Jean Mandanis a rencontré des difficultés en tant que réfugié en Grèce continentale. Mal accueilli et perçu comme un "sous-grec", il a connu une enfance marquée par l'exil et le déracinement. Ces expériences ont influencé son parcours, mais aussi son approche artistique. C’est dans ce contexte qu'il a développé une passion pour la photographie.
À 13 ans, Jean Mandanis rêvait de devenir peintre, mais il ne put réaliser ce souhait qu’à sa retraite, se consacrant entièrement à la photographie pendant sa carrière active. Formé à l'École de Vienne et après un apprentissage de trois ans chez son cousin photographe, Jean entame un parcours professionnel impressionnant.
Le fonds photographique et sa préservation
Dora Mandanis et Philippe Nussbaum ont discuté de leur démarche de préservation du fonds photographique de Jean Mandanis. La famille a fait appel à la FONSART, dont le mandat est de sauvegarder le patrimoine de la RTS. Claude Zurcher, son rédacteur en chef, a suggéré à Dora et Philippe de contacter le centre iconographique de la Bibliothèque de Genève. L’expertise d’Eloi Contesse et de Cinzia Martorana du centre d'iconographie de la BGE a permis d'assurer que l'œuvre photographique de Jean Mandanis, qui compte quelques centaines des milliers de négatifs, serait préservée dans les meilleures conditions possibles.
Les souvenirs de Jean Mandanis photographe, partagés par Dora et Philippe, croisent naturellement les initiatives actuelles de préservation de son œuvre. Ces souvenirs sont intimes et souvent liés à des moments passés dans l’atelier familial, où Jean développait et tirait ses photos. Les gestes, les discussions autour de la lumière, de la composition, et de l'art de la photographie ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire de sa famille.
L’héritage de Jean Mandanis
Jean Mandanis a capturé à travers ses photographies des événements emblématiques tels que les Fêtes de Genève, le Salon de l’Auto, et des vues du Palais des Nations. Ces images constituent aujourd'hui un précieux témoignage historique. Pour sa famille, ces photographies sont d'une importance capitale, car elles documentent des moments clés de l’histoire genevoise et internationale.
Propos recueillis par David Glaser
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