Au commencement, il y a d'abord cette notion, vielle de mémoire d'histoire, qu'on appelle le féodalisme. Si on pratiquait le microtrottoir aujourd'hui, en questionnant le chaland sur l'actualité du féodalisme, il nous prendrait probablement pour des fous. Ce temps est révolu ! Le féodalisme, c'est un vieux truc de l'époque des châteaux forts, du Moyen Âge ! La corvée, la rente, c'est du passé...
Pourtant, la corvée, la rente, dans leurs définitions strictes correspondent à un temps de travail gratuitement fourni par le locataire de la terre au bénéfice du propriétaire lucratif, le seigneur, le clerc, le noble. Si nous voulions actualiser la liste des agents économiques qui font travailler gratuitement les locataires, nous pourrions ajouter aux propriétaires immobiliers déjà connus l'actionnaire, le banquier, le propriétaire lucratif de l'outil de travail, de l'argent avancé. Bref, vous constaterez que, si le capitalisme a innové dans la forme, il reste un régime féodal sans originalité, tout à fait d'actualité. Seule la population des propriétaires lucratifs a changé, notamment après la Révolution. Désormais, ce ne sont plus les nobles et le clergé qui vous font travailler gratuitement, mais une diffusion de millions d'agents doubles, "en même temps" propriétaires lucratifs et locataires. Ça, c'est nouveau, à tel point qu'on peut parler de néoféodalisme.