Une histoire vraie…
Celle du colonel Louis Archinard de l’armée coloniale française qui, en 1890, s’empare de Ségou, l’une des capitales du prestigieux empire Toucouleur et du trésor de son non moins prestigieux fondateur, El Hadj Oumar Tall.
Un trésor constitué de pièces d’or, de bijoux, de meubles, de livres, d’armes … dont un sabre qui aurait appartenu à El Hadj Oumar Tall.
Devenu butin de guerre le trésor de Ségou est dispersé, certaines pièces sont envoyées dans les musées français dont le fameux sabre d’Oumar Tall, déposé au Musée de l’armée à Paris, qui a fait l’objet d’une restitution officielle et définitive au Sénégal en 2019, premier objet restitué à la suite de l’engagement du Président Macron, lors du discours de Ouagadougou en 2017, pour « que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain à l’Afrique »
Des objets mais aussi des otages…
Archinard s’empare aussi de l’héritier Toucouleur encore enfant, Abdoulai Tall, qu’il envoie à Paris, pour, selon un système bien huilé et théorisé par Archinard lui-même, au nom de l’armée française, couper les racines africaines de ces héritiers de chefs politiques ou religieux, les envoyer en France, les « former » et les transformer en agent de l’administration coloniale.
L’Institut des Afriques, le 2 mai 2023 à la Halle des Douves de Bordeaux, avait mis à son programme, un dialogue performé autour du livre de Taina Tervonen, en présence de l’auteure, avec une performance et des lectures de la comédienne Patricia Houéfa Grange, et une animation assurée par la spécialiste de l’Afrique de l’ouest, Elara Bertho, chargée de recherche au CNRS/LAM à Bordeaux - en partenariat, le Musée d'Aquitaine et le Laboratoire " Les Afriques dans le monde".
Un public nombreux a pu dialoguer avec l’auteure, d’origine finlandaise, à l’enfance africaine au Sénégal, devenue française, pour qui cette histoire vraie doit être racontée des deux côtés, pour que personne ne soit oublié et que les européens retrouvent la mémoire…
Taina Tervonen nous propose aussi une réflexion particulièrement intéressante sur ces objets arrachés à leur civilisation, déposés dans les musées européens, montrés pour raconter la puissance coloniale française, appréhendés aujourd’hui avec un regard exclusivement esthétique ou, pour la plupart d’entre eux, oubliés dans les réserves. Des objets qu’il faut restituer mais aussi ressusciter, grâce à des recherches de provenance sérieuses, pour poser sur eux, à nouveau, un regard juste.
Références musicales :
- Sira : Ablaye Cissoko et Volker Goetze. 2008.
- Troisième Z : Ablaye Cissoko et Cyrille Brotto. 2022
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