À la question de la pratique du jeûne par ses disciples, Jésus commence par une réponse assez simple : il se définit comme l’époux lors d’un mariage durant lequel, évidemment, les invités ne jeûnent pas mais se réjouissent en sa présence (34) ! Jésus aurait pu s’arrêter là, mais il va encore plus loin. Par sa venue, Jésus instaure une ère nouvelle : la nouveauté (le vêtement neuf), c’est l’Évangile ! Le vêtement ancien représente le judaïsme de son époque. Jésus propose une façon radicalement nouvelle de vivre. Peut-on donc adapter cette nouvelle façon de vivre, totalement différente, à d’anciennes règles et d’anciennes pratiques qui ne trouvent plus sens en ce qui est nouveau ? Tenter de rapiécer l’ancien avec du neuf ne peut pas fonctionner. (...)

Suite à son premier face-à-face houleux avec les pharisiens dans le passage précédent, Jésus se met à table avec des collecteurs d’impôts, des personnes particulièrement détestées et méprisées par les Juifs à cause de leur collaboration avec les Romains et des taxes exorbitantes qu’ils demandaient. Mais pourquoi Jésus voudrait-il d’un collecteur d’impôts comme disciple ? Si cette scène se déroule en public, évidemment ce n’est pas un hasard. Alors que les premiers disciples sont appelés au bord du lac de Génésareth (5.1-11), dans un cadre plus restreint et éloigné, c’est au cœur de la ville que Jésus choisit d’appeler Lévi (plus connu sous le nom de Matthieu). Jésus va utiliser l’appel de ce disciple pour parler de ce qui découle de son identité : le but de sa mission (31-32). (...)

Au début du ministère de Jésus, qui commence à prendre de l’ampleur (Lc 5.15), pour la première fois, les pharisiens viennent eux aussi l’écouter. Ce passage marque le début des tout premiers affrontements entre Jésus et les pharisiens, qui conduiront à sa condamnation. Alors que Jésus jusqu’à présent restait discret sur ses miracles et sur son identité (4.41 et 5.14-16), il choisit ce moment précis, face à ses futurs accusateurs, pour affirmer son identité avec force pour la première fois (20-24). Jésus aurait pu prendre peur et rester évasif en voyant les pharisiens, mais il ne se laisse ni impressionner ni censurer par leur présence. Ni leur opposition ni même leur mépris n’ont arrêté Jésus dans la poursuite de son ministère. (...)

Ce psaume, qui est un chant, semble se découper en trois parties, chacune est entrecoupée de pauses : 1) Cri de détresse du psalmiste et appel au secours de Dieu (1-3). 2) Confiance que le Seigneur va lui répondre (4-5). 3) Assurance et paix retrouvée (6-9). Les pauses exprimées dans les psaumes sont des moments de respiration entre les strophes du chant. Elles marquent la progression de la prière où le psalmiste se met à l’écoute de Dieu et le laisse agir dans son cœur pour lui apporter ce dont il a besoin suite à l’expression de ses difficultés. Nous ne savons pas comment le psalmiste a vécu sa prière initiale, s’il y a eu des temps de silence ou non, mais les pauses ajoutées dans la structure de son chant montrent qu’il y a eu différents temps dans ce moment qu’il a passé avec Dieu. Ce psaume souligne l’importance de la prière, et l’effet qu’elle peut produire en nous : dans le simple fait de parler à Dieu et de nous confier à lui, nous pouvons trouver la paix et l’assurance de son secours. Même quand tout semble noir, notre fidélité à Dieu est plus forte que nos émotions ou nos envies. (...)

Les évangiles ne relatent que deux cas où Jésus a guéri des personnes atteintes de la lèpre, celui-ci et celui des dix lépreux de Lc 17.11-19. Mais puisque Jésus envisage la guérison des lépreux comme l’un des signes de sa messianité (7.22) et qu'il mentionne la guérison des lépreux parmi les miracles associés à la mission des douze (Mt 10.8), il est fort possible qu’il y ait eu d'autres guérisons de lépreux qui n’ont pas été décrites dans les évangiles. Une personne atteinte de la lèpre devait vivre à l'écart des autres par peur de les contaminer. Pour des raisons religieuses de pureté rituelle, elle devait même signaler sa présence pour éviter d’être approchée par inadvertance. L’homme dont il est question ici semble violer cette règle en entrant dans une ville (12). (...)

Jésus enseigne au bord du lac. Mais la foule autour de lui est si grande que dans la bousculade il risque d'être poussé dans l'eau. Il doit trouver une façon plus efficace d’être entendu. C'est ainsi qu'il choisit la barque de Simon comme estrade, pour qu'on le voie et l'entende plus facilement. Simon commençait à connaître Jésus : il l'avait rencontré de l'autre côté du Jourdain (Jn 1.40-42), et Jésus utilisait sa maison comme base à Capernaüm (4.38). (...)

Après avoir enseigné et guéri un homme dans la synagogue, Jésus accompagne Simon et d'autres disciples à la maison, où ils comptaient sans doute se détendre pendant le repas de midi. Mais la belle-mère de Simon est atteinte d'une forte fièvre. Jésus se penche sur elle, lui prend la main pour solliciter sa foi et la guérit instantanément. Immédiatement, elle se met au travail. (...)

En quittant Nazareth, Jésus se dirige vers Capernaüm, empruntant un chemin qui a un dénivelé de 600 mètres sur une cinquantaine de kilomètres, puisque le lac de Galilée est à 200 mètres au-dessous du niveau de la mer. Il reprend le ministère d'enseignement et de guérison qu'il y avait déjà commencé (23), et là aussi il entre dans la synagogue le jour du sabbat. L'enseignement que donne Jésus frappe par son autorité : en effet, Jésus se démarque des autres enseignants. Comme le dit Marc : « Il enseignait avec autorité, et non pas comme les spécialistes de la loi » (Mc 1.22). Ces derniers basaient leur enseignement sur celui de leurs maîtres, mais l'autorité de Jésus venait directement du Père. Celui qui reconnaît en Jésus « le Saint de Dieu » et qui a peur de son autorité, c'est l'esprit impur qui possède un homme dans l'assistance. (...)

Luc place cette visite à Nazareth au début de son récit du ministère public de Jésus, même s'il est clair dans le passage que Jésus avait déjà acquis une certaine renommée par son activité ailleurs, par exemple à Capernaüm (14-15, 23). Dans la synagogue, Jésus se lève pour lire le rouleau du prophète qui est lu en complément du Pentateuque, et il choisit un passage clairement messianique. Après l’avoir lu, il rend le rouleau à l'assistant, il s'assoit, signe dans la synagogue qu'il allait commenter la lecture. Les assistants sont étonnés par les « paroles de grâce » qui sortent de sa bouche (22). Luc ne nous raconte donc pas tout ce que Jésus a dit. (...)

Jésus aussi a vécu un temps de désert, de sécheresse et de solitude. Jésus a eu faim et il a été éprouvé au plus profond de son identité et de sa mission sur terre. Il semblerait que Jésus ait été envoyé dans le désert par l’Esprit pour être confronté au mal originel et ouvrir un nouveau chemin : sa victoire dans le désert est un modèle pour nous aujourd’hui. D’abord, le diable remet en question l’identité de Jésus. Après avoir entendu la déclaration du ciel (« Tu es mon fils bien-aimé », 3.22), le diable demande à Jésus d’en prouver la véracité (« Si tu es le Fils de Dieu »). (...)