Inspiré par la mort de Nahel Merzouk, tué à bout portant par un policier, Tristan Saule poursuit son exploration romanesque d’une France marginalisée. A Monzelle, ville fictive, Lounès et Léa se marient alors que le climat, caniculaire, porte au point d’ébullition les tensions des bandes locales. L'auteur français est au micro de Céline O'Clin.

A travers ses souvenirs intimes et les mémoires collectives, Claro traque dans une langue touffue et introspective les origines de sa vocation d’écrivain. Une route qui passe par l’Algérie et ses violences politiques, par un poète hongrois et les labyrinthes du deuil. Un récit qui se joue des codes de l’autofiction et prend les formes d’une enquête personnelle.

Dans son deuxième roman, la scénariste française Carine Hazan s'inspire librement de la vie de sa grand-mère. Elisabeth Halpern, survivante de la Shoah, fait venir de Paris sa petite-fille pour un séjour dans les montagnes australiennes, et lui présente Carl Schubert, vieil homme antipathique. Or, il y a un gros hic, ce Carl,qui vient de demander Elisabeth en mariage, ignore tout de la judéité de sa promise, en plus de s'avérer être un véritable ancien officier SS. Elisabeth convainc sa petite-fille, scénariste, de l’impossible : éliminer cet homme.

En tentant de dérouler l’histoire de Zoé, enfant poursuivie par un oncle insistant, Olivia Rosenthal bloque : le récit se refuse à elle et ne pourra exister que sous la forme de ce livre étrange,"Une femme sur le fil" (ed. Verticales), texte hybride de 1000 chapitres où ce sont les fils, racontés sous toutes leurs formes, qui aideront Zoé à se libérer de l’emprise. L'autrice française est au micro de Salomé Kiner.

Le récit d’un ancien négociant qui choisit de tourner le dos à son passé. Dans un petit village de Fermagina, sur une île de la Méditerranée, il trouve une forme de salut dans une économie de gestes, de paroles et une existence sans heurt. Une sobriété de vie, qui se traduit par une sobriété de mots dans le premier roman de cette jeune autrice française. Par Sarah Clément

En reprenant la trame d’un film méconnu, “Le portrait de Jennie”(1948), Philippe Forest conte dans "Et personne ne sait" (ed. Gallimard) le destin d’un peintre maudit, sauvé de l’oubli par l’apparition d’une jeune fille mystérieuse. Une nouvelle méditation romanesque sur le thème de la perte et de l’inspiration artistique, portée par une écriture à la beauté lumineuse. Le romancier français est au micro de Nicolas Julliard.

Seule dans sa chambre, les yeux rivés sur son téléphone, Ottessa attend un message. Pourquoi Oscar ne lui répond-il pas ? Elle l’aime, elle enrage. L’alcool et l’anesthésie par le sexe, c’est sa façon à elle d’éviter de souffrir. Enfin, c’est ce qu’elle se raconte, car les rencontres en boîte finissent souvent mal. Ottessa se met en danger en rentrant avec des sales types choisis au hasard. Mais ce samedi soir, alors que ses espoirs de renouer avec Oscar semblent évanouis et que l’ivresse a embué les esprits, Ottessa se fait embarquer par son amie Chloé. Celle-ci l’invite chez son mec du moment, un trentenaire séduisant qui leur propose de rester pour la nuit. Peut-être une nouvelle forme de désir qui pourrait sauver Ottessa de sa noirceur ? Mais lorsqu’on a seize ans, il n’est pas facile de discerner l’appel de la liberté des sirènes du danger…

Afin de fuir la violence du "Chef de famille", le narrateur de ce long monologue a refusé, lorsqu'il était enfant, de suivre ses parents dans leur nouveau logement. Réfugié au pied de l'immeuble, avec comme seule compagnie un laurier, il crée "La Figure", une émanation de lui-même. Un conte aux frontières du fantastique, qui dit l'incapacité à raconter la violence. Par Ellen Ichters

Prix Goncourt en 2016 avec "Chanson douce", Leïla Slimani clôt sa trilogie "Le pays des autres" avec un ultime volet plus personnel, "J’emporterai le feu", suite et fin de la saga familiale ancrée dans le Maroc des 40 dernières années. L'autrice est au micro de Sylvie Tanette.

Saigon, 1953. Paul-Bernard met sa caméra au service de l’armée française avant d’être désabusé par la guerre et ses crimes. 30 ans plus tard, celui qui se rêvait cinéaste engagé se lance dans l’industrie pornographique. Après sa disparition, son fils Pierre renouera avec l’actrice à qui le réalisateur doit ses plus grands succès et, à travers elle, avec toute une époque trouble où se croisaient chanteurs yéyés, vedettes porno et demi-monde des colonies. Par Philippe Congiusti