La littérature sert à rendre présente l’absence : Laurent Mauvignier, avec son chef d’œuvre "La maison vide", couronné par le Prix Goncourt, excelle à faire vivre pour nous et devant nous les figures d’un passé qu’il sort des tiroirs de son imaginaire, avec des photos, dont le visage d’un femme découpé avec soin pour la faire mieux disparaître, un cerisier, une commode au marbre ébréché, une légion d’honneur introuvable, des bribes de confidences et un piano monumental échoué dans un salon déserté. Le mammouth .

Le succès s’annonçait de bouche à oreille et grandissait comme une mer. Venu à Bruxelles, quelques semaines avant l’obtention du prix Goncourt, Laurent Mauvignier était déjà assailli de demandes d’entretiens. Son roman s’étend sur quatre générations et saisit les secrets des siens dans une ruralité à la fois cossue mais complexée que l’on reconnaît d’emblée. C’est parce que « je ne sais rien de mon histoire familiale que j’ai besoin d’en écrire une sur mesure ». Rien ne rend plus vivants les êtres que l’écriture et c’est devant ce prodige que l’on se tient, lecteurs patients et passionnés.

De ce qui aurait dû leur revenir, veaux, vaches, cochons, couvées, il ne reste que la mort en héritage et cette maison vide, chambre noire où Laurent Mauvignier regarde se définir avec délicatesse des scènes depuis une fenêtre dont son écriture découle. Il offre une tendresse, une attention à ces femmes et ces hommes, piégés par leur condition, possédant mais dépossédés de l’essentiel : la liberté d’être soi.

  

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