Les Rendez-vous du cinéma québécois invitent les artisans du milieu issus de la diversité à se livrer au sujet de leur appartenance au cinéma québécois. Chacun leur tour, ces derniers témoignent de leur expérience personnelle, accompagnés sur scène de musiciens et d'un illustrateur. En ressortent des histoires encore jamais racontées qui forment le fil conducteur de ce spectacle unique en son genre.

Le travail de création théâtrale a pris tout son sens lors de la production de La bonne âme du Se-Tchouan, expliquent la metteure en scène Lorraine Pintal et le compositeur Philippe Brault. L’œuvre de Bertold Brecht a bénéficié d’une traduction nouvelle. Toute la musique est originale. Philippe Brault raconte, au cours de cet échange avec l’animateur Julien Morissette, comment il a intégré des éléments allemands et chinois dans sa musique, tout en la teintant d’une sensibilité québécoise. Il a pu composer les chansons en fonction des acteurs, un « luxe », dit-il. Lorraine Pintal, quant à elle, parle de l’histoire de cette pièce, de sa perception de la comédienne principale, Isabelle Blais – « Elle devient un soleil, une lumière », dit-elle – et de la réception critique et populaire de cette pièce de Brecht. Avec Julien Morissette (animateur), Lorraine Pintal et Philippe Brault (invités). Organisé par le Théâtre français du Centre national des Arts, enregistrée à l’Alliance française d’Ottawa le 2 mars 2017

Les artistes du 7e art ont très souvent porté au grand écran des œuvres théâtrales. L’inverse est beaucoup moins vrai. Adapter pour la scène une œuvre cinématographique ne se fait pas aisément. Cette année pourtant, on présente les pièces Le déclin de l’empire américain et Les bons débarras, deux chefs-d’œuvre de la cinématographie québécoise. L’animatrice Marie-Louise Arsenault reçoit les artisans de ces œuvres théâtrales, Alain Farah et Frédéric Dubois, pour discuter des défis de l’adaptation. La langue et les outils du cinéma que constituent le montage, les valeurs de plan et le son ont dû être adaptés pour respecter l’espace scénique. Le dramaturge Michel Marc Bouchard explique, quant à lui, sa collaboration avec le cinéaste Xavier Dolan pour porter à l’écran sa pièce Tom à la ferme. De plus, le cinéaste Bachir Bensaddek présente sa méthode pour faire passer en long métrage de fiction sa pièce de théâtre documentaire Montréal la blanche.

« Je décris mon cerveau comme un GPS qui est constamment en train de recalculer la route », affirme l’humoriste Louis T. Il explique que chaque fois qu’il apprend quelque chose de nouveau, il se met à reconsidérer toutes ses opinions, ses idées reçues. C’est sa façon d’être le plus rigoureux et objectif possible dans son humour à caractère politique. « Je n’ai pas choisi volontairement d’être [un humoriste] engagé. Moi, je lisais le journal le matin et c’est de ça que j’avais envie de parler le soir quand je montais sur scène. L’humour engagé m’a choisi. » Lors de cet échange avec l’animatrice Catherine Pogonat, Louis T révèle aussi pourquoi il a décidé de dévoiler publiquement son diagnostic du syndrome d'Asperger. « J’ai senti que c’était une clé qui permettrait aux gens de mieux me comprendre. »

Sénèque a dit que la chance se produit quand la préparation rencontre l'opportunité. Que faire lorsqu'on est préparé, mais qu'on manque d'occasions? Voilà une réalité à laquelle sont constamment confrontées les minorités qui peinent à pénétrer des réseaux où elles ne sont pas représentées. Pour en discuter, la journaliste Maxime Bertrand a rencontré trois ambassadeurs de la communauté noire québécoise qui sont issus de divers secteurs : Kerlande Mibel (du milieu des affaires), Fabienne Colas (du milieu culturel) et Dwight Best (du milieu communautaire). Le thème de la diversification des réseaux se transforme peu à peu en diversification du réseau alors que les critiques se dirigent plus spécifiquement vers Radio-Canada. En tant que société d'État se voulant agent de changement, le diffuseur devrait faire preuve de plus d'audace dans l'ouverture de son réseau, estiment les intervenants. Ils concluent la rencontre en proposant des pistes de solution concrètes pour remédier à cette inégalité.

Lorraine Pintal, directrice artistique et générale du Théâtre du Nouveau Monde (TNM), reçoit Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, codirecteurs d’UBU, compagnie phare de la création québécoise. Le duo est à l’origine de nombreuses réalisations, fortement nourries par les arts visuels et la technologie, qui débordent les frontières du théâtre. Après le vif succès de leur production des Femmes savantes en 2012, Marleau et Jasmin ont poursuivi leur exploration de l’œuvre de Molière avec Tartuffe l’automne dernier au TNM. Ils parlent ici de leurs parcours artistiques respectifs, de leur processus de création et de leur vision de cette œuvre magistrale.

Emmanuelle Walter est une journaliste française établie au Québec depuis 2011. Son dernier livre, qui porte sur les féminicides autochtones au Canada, s’intitule Sœurs volées, une expression utilisée pour désigner les femmes disparues ou assassinées de cette communauté. Selon des statistiques publiées par la GRC en 2014, le risque pour une Autochtone de mourir assassinée est de trois à quatre fois plus élevé que pour toute autre femme au Canada. L’auteure aborde ici cette tragédie trop longtemps banalisée par la population et les autorités politiques. L’entretien se termine par l’intervention de Laurie Odjick, mère de l’une des deux adolescentes disparues en 2008 évoquées dans le livre.

« J’aime me mettre dans le trouble, dans des situations de survie », lance Dominic Champagne. Après avoir exploré l’univers musical des Beatles dans le spectacle Love, présenté à Las Vegas, le metteur en scène s’attaque à l’œuvre de Pink Floyd avec Another Brick in the Wall : l'opéra, qui sera présenté à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal. Une adaptation qui ne pourrait pas mieux tomber, croit Dominic Champagne, si l’on pense au projet du président américain Donald Trump de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique. Dans cet entretien avec l’animatrice Catherine Pogonat, l’artiste replonge également dans ses souvenirs et parle de ses premières créations, notamment de la pièce collective Cabaret neiges noires.

Comédienne, metteuse en scène, auteure-adaptatrice, réalisatrice à la télévision, animatrice radio, directrice générale du Théâtre du Nouveau Monde (TNM)… Lorraire Pintal porte d’innombrables chapeaux. « Je me suis toujours dit que plus j’aurai de cordes à mon arc, plus je pourrai rayonner dans ce métier », révèle la diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal. Grande admiratrice de l’œuvre du dramaturge allemand Bertolt Brecht, elle aborde ici sa mise en scène de la pièce La bonne âme du Se-Tchouan, ainsi que l’effet de distanciation en théâtre; un procédé par lequel l'acteur se dissocie de son personnage, afin de solliciter l’esprit critique des spectateurs.

« Pour une interprète, c’est assez génial quand un metteur en scène t’interpelle et te dit ‘‘j’ai envie de créer un spectacle avec toi, j’ai envie que tu participes à la création’’. » La comédienne Julie Le Breton décrit l’enthousiasme, mais aussi le vertige qu’elle a ressentis en montant la pièce Huit avec le metteur en scène Mani Soleymanlou. « Il y avait une date de prévue pour le spectacle, mais il n’y avait rien d’écrit. Il y avait quelque chose de très courageux de sa part », estime Julie Le Breton. L'animateur Julien Morissette a rencontré les deux artistes à l'occasion d'une conférence enregistrée en public.