Il y a un an, Paris vibrait au rythme des Jeux olympiques et paralympiques. Depuis, la flamme s’est éteinte, mais que reste-t-il de cet été hors norme dans la capitale française ? Avec une série de reportages, RFI revient pendant deux semaines sur les promesses, les transformations, et les traces laissées par les Jeux dans la ville et dans les vies. Aujourd'hui, on s'intéresse à une technologie dont le déploiement a été discret, mais rapide : la vidéosurveillance algorithmique. Des caméras sont apparues dans des dizaines de lieux publics avant les JO. Une technique encore en phase d’expérimentation, mais très décriée.
 Au détour des quais, à côté d’un kiosque, partout dans la gare Montparnasse, des caméras ouvrent l’œil. Des caméras classiques, mais il suffit de connecter certaines à un logiciel et faire ainsi de la vidéosurveillance algorithmique.
 Ce n’est plus un humain qui analyse les images filmées, c’est une intelligence artificielle. Elle détecte les mouvements de foule, les objets ou encore les comportements suspects.
 « Elles pourraient être les invitées les plus discrètes des JO : des caméras dites intelligentes. Prévues par le projet de loi pour Paris 2024, elles permettraient de scruter les abords des futurs lieux de compétition comme le Stade de France ou la tour Eiffel, mais aussi les transports en commun », expliquait France 24 dans un reportage diffusé début 2023. 
 La nécessité de garanties pour les personnes 
Depuis, ces caméras ont été installées dans plus de 69 lieux à Paris et dans ses environs. Un déploiement observé par la CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés.
 Marie Duboys Fresney est adjointe au service de l’Économie numérique : « Ce qu’on a souligné dans le cadre de la loi JO, c’est justement qu’on comprenait l’intérêt de vouloir tester des choses. Mais il fallait avoir cette notion d’équilibre et de garanties pour les personnes. Et la loi JO, de ce point de vue-là, prévoyait un certain nombre de garanties pour les personnes. Que pour certains évènements, qu'à certaines conditions, avec une temporalité aussi limitée dans le déploiement, que par certains acteurs. Ça ne fait que l’alerte, ça ne prend pas de décision à la place d’un humain ».
 La loi JO prévoyait l’usage de la vidéosurveillance algorithmique jusqu'en mars 2025. Il est finalement étendu à 2027, toujours à titre expérimental. Et pourquoi pas jusqu'à 2030, puisque la France accueillera les Jeux olympiques d’hiver.
 Le risque de pratiques plus répressives 
Des organisations dénoncent une atteinte au droit à la vie privée. « Du point de vue d’Amnesty International, ce n’est pas l’héritage qu’on voulait des Jeux olympiques », explique Katia Roux, chargée de plaidoyer libertés au sein de l’ONG. « Se penser ou se savoir surveillé, ce n’est pas anodin. On peut imaginer qu’une personne puisse y réfléchir à deux fois, voire même renoncer par exemple à rejoindre un rassemblement ou à exercer son droit de manifester. »
 Selon Katia Roux, la vidéosurveillance algorithmique ouvre la porte à des pratiques encore plus répressives, comme la reconnaissance faciale. Une option qui pourrait être activée sur les caméras actuelles. Pour l’instant, la loi JO l’interdit strictement. Mais des personnalités politiques s’y sont dites favorables, comme Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui à la Justice, ou encore Philippe Tabarot, ministre des Transports.
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