Chaque semaine, RFI fait le le point sur les avancées scientifiques dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Et cette semaine, une étude qui ne parle pas d’hydroxychloroquine mais d'un nouvel antiviral : le remdesivir.
Fin avril, le laboratoire Gilead présentait le remdesivir comme ayant des effets très efficaces face au Covid-19. Un mois plus tard, le très sérieux New England Journal of Medecine a publié une étude aux résultats que l’on peut qualifier d’encourageants sur la molécule. Cet essai inclut plus de 1 000 patients qui proviennent majoritairement des États-Unis mais aussi de quelques pays européens. Le modèle de l’essai est assez classique : les malades sont divisés en deux groupes, l’un reçoit des doses de remdesivir et l’autre un placebo.
« Globalement il y a seulement une diminution du temps de guérison clinique de 32 %, et il n’y a pas d’efficacité significative sur la mortalité, pointe Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris. Mais il y a un bénéfice chez les patients sous oxygène non ventilés, c’est une population importante que l’on a vu dans les services. Le bénéfice chez ces patients, est de 42 % de réduction du temps de guérison et 5 fois moins de décès. »
L’étude, malgré des conclusions prometteuses n’est pas allée à son terme, afin que les patients puissent tous recevoir du remdesivir.
Cependant, un essai chinois publiée dans le Lancet tempère l’optimisme sur ce traitement, démontrant un effet sur la durée de guérison, déjà constaté par ailleurs, et qui affiche un effet limité. Ce qui reste certain, c’est que concernant les formes les plus graves, il n’y a aucune certitude quant à l’efficacité de cet anti-viral. C’est plutôt vers d’autres traitements comme le tocilizumab, que la recherche semble se tourner.
Immunité mémoire
C’était une question centrale autour de ce virus et de la gestion de cette épidémie : un patient infecté est-il ensuite protégé ? L’Institut Pasteur et le Centre Hospitalier et de Recherche Universitaires de Strasbourg apportent des éléments de réponses dans une étude. 160 soignants testés positifs grâce à un test PCR, ont subis durant six semaines des tests sérologiques, afin de détecter leur réponse immunitaire au virus. Tous les patients, à l’exception notable de l’un d’entre eux, ont développés des anticorps au bout de six semaines.
Mais il a fallu également tester la qualité de ces anticorps, analyser leur action bloquante face au virus, ce qu’on appelle leur capacité neutralisante, mais aussi leur quantité. Dans ce domaine également, l’étude apporte des éléments rassurants.
« On a pris des mesures des personnes qui avaient des anticorps avec une activité neutralisante, on a vu que ce taux augmentait au cours du temps d’à peu près 60-70 % à partir de J13, jusqu’à 98 % des personnes, explique Olivier Schwartz, responsable de l’unité virus et immunité de l’Institut Pasteur et signataire de l’étude. La quantité varie d’une personne à l’autre, mais c’est encourageant, car cela montre que le système immunitaire est capable de produire des anticorps avec une activité neutralisante. »
Des anticorps efficaces chez la quasi-totalité des malades, tous symptomatiques, avec une quantité qui augmentent avec le temps. Pour autant, deux questions restent en suspens : les patients asymptomatiques, par nature plus difficiles à trouver, donc à tester, produisent-ils également des anticorps ?
Et surtout, combien de temps dure cette immunité ? Impossible de déterminer pour l’instant, si il s’agit d’un modèle similaire à une grippe avec une protection qui s’estompe au bout de quelques mois ou si une personne infectée est protégée pour plusieurs années. Pour cela, par définition il faut mener une étude à plus long terme.