« Le Lesotho, un pays dont personne n’a jamais entendu parler », disait Donald Trump en mars dernier au moment de passer en revue les aides internationales américaines pour y mettre fin. Si les décisions du président américain, commerciales et humanitaires, font craindre le pire pour ce petit royaume de 2 millions d’habitants enclavé dans l’Afrique du Sud, les habitants veulent utiliser cette moquerie pour justement faire connaître leur pays et sa culture. Parce que le Lesotho, ce n’est pas seulement un pays pauvre frappé par le VIH, c’est aussi un royaume indépendant avec une histoire riche et une jeunesse urbaine dynamique.
De notre envoyé spécial de retour de Maseru,
Dans un café de Maseru, trois hommes partagent un verre sous un grand parasol. Ils ont évidemment entendu la phrase du président américain : « Le Lesotho est devenu viral sur les réseaux sociaux, et j'étais très heureux. Je me suis dit, "nous ne sommes pas responsables de la naïveté de Trump, mais nous serons responsables si nous n'utilisons pas cette vitrine médiatique". »
La course contre-la-montre est lancée pour surfer sur cet extrait devenu viral et parler du Lesotho. Mais ici, il y a peu de musées pour raconter son histoire. Tseli Motsoane a donc lancé son propre projet d’archivage : « Nous avons des coupures de presse. Là, c'est une ancienne carte de Maseru, ici vous avez Maseru-Ouest, où nous irons plus tard. Regardez, c’est indiqué : "Refuges des militants de l’ANC". »
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La jeune historienne, bonnet en laine vert sur la tête, connaît la ville comme sa poche. Elle est née ici : « Voilà l’ancien hôpital Queen Elizabeth II. On est beaucoup à être nés ici ! »
Un hôpital au cœur de la ville, dans cette capitale animée d’un peu moins de 500 000 habitants. Capitale qui a accueilli de nombreux militants anti-apartheid. Un volet de l’histoire parfois oublié que Tseli Motsoane veut réhabiliter : « Là où nous sommes, c’était autrefois un quartier blanc. Parce que la ségrégation a existé ici. C’est juste que ça n’a pas été aussi loin qu’en Afrique du Sud. Et nous avons défendu nos frères et sœurs d'Afrique du Sud, jusqu'à subir des massacres au Lesotho. »
« Ici, c’est le "BNP". C’était le siège du Parti national Basotho, le premier parti à être entré au gouvernement après l’indépendance. C'était leur quartier général à l'époque. Aujourd'hui, c’est un centre commercial, mais le nom n’a pas changé. »
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Le soleil se couche sur le paysage montagneux du Lesotho, nous terminons notre visite à « Maseru-Ouest », lieu de culture où de nombreux militants sud-africains s’étaient réfugiés pendant l’Apartheid. Tseli Motsoane nous invite à la projection d’un court métrage. Là-bas, nous rencontrons Lineo, une écrivaine de Maseru : « Quand on parle de la France, on pense à la haute couture. La Suisse, c’est le chocolat. Mais quand on parle du Lesotho, c’est directement le VIH. Et maintenant, les taxes. Il n’y a donc que ça qui nous caractérise ? »
À la fin du film, le jeune réalisateur est largement acclamé par son public. Loin des débats sur l’aide au développement ou sur le commerce, le Lesotho, c’est aussi ça : des jeunes déterminés avec des rêves plein la tête.