Quel est ce plat qui raconte une société, sa construction, son histoire, les migrations, les apports des uns, des autres dans ce qui la compose ? A fortiori, dans une société multiculturelle, plurielle. Quel est ce plat, ce pot, cet « en commun » qui nous incarne et nous représente, dans lequel la société se reconnait, comme une évidence, sur lequel il y a un consensus total, au-delà des différences qui nous sommes ? Quel est cet « en commun », la cuisine en serait-elle la meilleure interprète ?
Massalé, rougail, cari, dholl puri, ndolé, thiéboudienne, mine frit, sauce gombo, ou harissa ?
« Dans les sociétés multiculturelles, dans les imaginaires, se dessine, en cuisine, en musique aussi, dans l’humour, un « en commun ». Dans la façon dont on considère qu’un plat, une préparation, une manière de faire, un ingrédient forme un consensus total. La cuisine créole réunionnaise est considérée – avec la langue- comme ce qui marque l’appartenance et l’identité commune réunionnaise, parce que chacun y a contribué : les Européens, les Africains, les Malgaches, les Indiens, les Chinois : tous ont apporté quelque chose, ont contribué et contribuent encore à construire cette cuisine. La cuisine comme la langue sont vivantes, parfois même inconsciemment ».
Avec Laurence Tibère, sociologue, professeure des Universités détachée à l’IRD, Institut de recherche pour le développement actuellement à La Réunion.
Dans l’émission, nous parlons de ces plats en commun, le Nasy Lemak, le Dholl puri ou encore le Thiéboudienne, un « en commun » sénégalais, inscrit patrimoine immatériel de l’humanité à l’Unesco. Le conteur sénégalais Massamba Gueye a contribué à cette inscription, il décrit et raconte ce plat emblématique.
Le conteur sénégalais Massamba Gueye
Cette émission a été conçue et imaginée en écho au colloque de la Chaire alimentation du monde de l’Unesco à Montpellier, cette année à propos des « alimentations africaines ». Une journée à suivre en replay
« Les jardins créoles sont vraiment des lieux qui permettent de comprendre la société. Quand vous regardez un jardin, la cour, c’est un espace un peu fouillis, mais vous avez des choses pour vous nourrir, pour vous soigner, ou soigner les autres, et des choses pour vous protéger, ou pour faire peur, parce que les plantes ont cette dimension à la fois totémique, symbolique et magique. Un jardin créole, c’est magique. Quand on connait son jardin, on maitrise quelque chose du monde en fait !»
En lien ou pour aller plus loin
- Le projet Or-Alim
- La revue Diasporas, histoire et société
- IRD, Institut de recherche pour le développement
- Dictionnaire des cultures alimentaires, sous la direction de Jean-Pierre Poulain, éditions PUF
- La cuisine réunionnaise, de Brigitte Grondin, éditions Mango
- Goûts d’Antilles, de Jérôme Bertin, éditions Mango
- Easy île Maurice, de Kristel Froger, éditions Mango
- Cuisine indienne vegan, de Natasha et Yasmine Tourabi, éditions Solar
- L’exposition Migrations au musée de l’Homme à Paris.
Programmation musicale :
- Nbendia, de Arat Ilot et Mamani Keita, titre du nouvel album Danama, sortie le 7 mars 2025.
- Quelques extraits de Souvnans, de Lindigo et la chanson de fin de repas de l’émission « Le goût du monde » avec le groupe