Cʹest un film étrange, interpellant, libre, entier, social, vivant : Shadows, de John Cassavetes, sorti en 1959.
Tourné par un comédien devenu réalisateur, Shadows bouscule tous les codes en vigueur.
Nouvelle vague américaine par excellence, le film est tourné dans les rues de New-York, de nuit avec des comédiens amateurs.
Les dialogues sont improvisés sur un canevas donné.
Les plans sont inégaux, le montage saccadé, le son naturel.
Le thème est le racisme, lʹamour, la jeunesse et le jazz.
Lʹhistoire se déroule au cœur de la Beat Génération à New York, dans le sérail dʹune forme artistique bouillonnante.
Une fratrie, deux frères et une sœur, métis, afro-américains, côtoient dʹautres jeunes gens.
Lʹun des frères est noir, les autres blancs.
Un jeune homme blanc tombe amoureux de la jeune femme, mais fuit quand il découvre ses origines pour revenir ensuite, la queue entre les jambes, quêter son amour.
Lʹhistoire est simple.
Sans réel début ni fin.
Les images sʹaccompagnent de la musique de Charles Mingus, pianiste, compositeur et chef dʹorchestre, dont la carrière est guidée par une idée fixe : comment être Noir et Américain ? La même question qui parcourt Shadows.
Le film est boudé en Amérique, mais adulé en Europe. Il est primé à Venise.
Forcément, en Europe, les lignes du cinéma traditionnel explosent avec le Free Cinema anglais, le Cinéma nova et la Nouvelle vague française.
REFERENCES
Cassavetes. John Autoportraits, Editions de lʹÉtoile ; Cahiers du cinéma, 1992
L'Avant-scène n° 197 : Shadows, découpage définitif après montage et dialogues in extenso, 1977.
John Cassavetes et son cameraman en 1969
John Cassavetes par Thierry Jousse - Blow Up - ARTE