Dans ce cinquième épisode d'À corps perdus, Lola Bertet et Lola Rudrauf s'intéressent au modèle type de la ballerine.Il repose sur une logique de fétichisation du corps des danseuses, vu avant tout comme un objet sexuel et dont les différentes parties sont objets de fantasme.
Tout commence dans l'enfance: les danseuses sont exhortées à faire attention à «ce qui ne va pas» chez elles, à se détailler dans le miroir pour trouver un nouveau défaut à corriger. Les jambes, par exemple, doivent suivre une courbure en forme de cou de cygne, et les pieds dessiner une cambrure censée aider à monter sur les pointes. Un cou-de-pied jugé essentiel pour devenir danseuse étoile. Si une jeune fille ne «l'a pas», on lui demande de le «travailler».
Les méthodes sont violentes, Marion, chorégraphe de 40 ans, raconte comment des «douleurs très fortes dans les chevilles» sont apparues après les avoir forcé à se cambrer tous les jours quand elle était adolescente: «Comme mes pieds ne fonctionnent plus aussi bien qu'avant, je n'arrive plus à danser […]. Je deviens peu à peu une élève médiocre.»
Inès, 25 ans, raconte également comme la souffrance est «valorisée», voire «romantisée» dans le monde de la danse. Héloïse, ancienne danseuse de l'Opéra national de Paris, évoque, elle, les douleurs presque quotidiennes, ainsi que les «os cassés, les entorses» avec lesquels s'obligent parfois à performer les ballerines.
On entend également Florent Cheymol, ancien danseur devenu psychologue, Florian Gaité, critique artistique et chercheur en philosophie de l'art, Ilse Ghekiere, critique, chercheuse et danseuse flamande du collectif «Engagement Arts» qui lutte contre le harcèlement sexuel, et Ionela Roharik, sociologue à l'EHESS. Kathy, danseuse de 25 ans, témoigne également dans cet épisode.
Dans À corps perdus, Lola Bertet, journaliste, et Lola Rudrauf, danseuse professionnelle, ont traqué pendant des mois les violences dans l'univers de la danse, en partant à la rencontre de danseuses mais aussi de sociologues, de psychologues, de militantes ou d'historiennes. Elles veulent comprendre ce qui fait que la parole dans ce monde est encore si rare, si peu écoutée.
À corps perdus est un podcast de Lola Bertet et Lola Rudrauf, produit par Slate Podcasts.
Direction éditoriale: Christophe Carron
Production éditoriale: Nina Pareja
Montage: Aurélie Rodrigues avec Marius Sort
Réalisation: Aurélie Rodrigues
Illustration: Raphaëlle Macaron
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