VIGNAL La déchéance d’une idole
Sur les terrains, il volait. Après sa retraite de footbaleur, il devient voleur.
La notoriété du gardien de but de l’équipe de France avait en effet largement débordé du cadre des pelouses, à une époque où les sportifs n’étaient pas adulés comme ils le sont aujourd’hui. Il fut notamment l’idole de Jean-Paul Belmondo qui aurait pu l’incarner dans un Lautner en noir et blanc.
Bascule dans la vie de débauche,
Pour l’époque, Vignal a bien gagné sa vie en jouant au ballon. Il s’est même offert un bar, « L’Éclair », rue Gambetta à Toulouse. Mais il doit travailler après sa carrière. Il devient représentant en champagne dans la ville rose. Le monde de la nuit lui tend les bras et avec lui le grand banditisme.
En 1970, il est arrêté après plusieurs braquages, dont certains à main armée, entre Colomiers et Toulouse. « Il braque pour retrouver l’adrénaline du gardien qui arrête un penalty », écrit Baud. Il est jugé en 1971 et écope de quinze ans de prison ferme. Son procès fait salle comble pendant trois jours. Just Fontaine, alors président du syndicat des joueurs professionnels vient témoigner en sa faveur. Leur amitié ne se démentira jamais. René Vignal purge sa peine, finalement ramenée à huit ans. Au ballon, à Muret, il crée un club de foot.
Sa liberté recouvrée, il rebondit comme agent immobilier, activité exercée jusqu’à sa retraite, à Toulouse. Bien que privé de la vue, il aura suivi l’actualité du football jusqu’à la fin. À Béziers, en avril 2015, un stade à son nom a été inauguré. Sur la plaque, on peut lire : Terrain d’honneur René Vignal, « le gardien volant ».
Victime d'un malaise à son domicile le 19 novembre 2016, il meurt le surlendemain à l'hôpital, à 90 ans.