Alien cʹest avant tout un film dʹépouvante.
Mais cʹest aussi un film de science-fiction.
Cʹest donc un film transgenre qui va faire évoluer lʹhistoire du cinéma.
Car jamais avant, on nʹa poussé si loin à lʹécran le mariage entre horreur et SF.
A la fin des années 70, lʹespace est à la mode dans la production cinématographique hollywoodienne.
Huis clos dans lʹespace, remake dʹun nanar de Science fiction des années 50 intitulé Terror from Beyond Space, Alien est la réponse pessimiste à la rencontre du 3e type de Steven Spielberg, sorti lʹannée précédente.
Cʹest également un écho cauchemardesque à Star Wars.
Et si du côté de Star Wars on lorgne du côté des mythologies et du complexe freudien de la mort du père, dans Alien on va plus loin.
On interroge le mythe de Thésée et du Minotaure dans le labyrinthe.
Une histoire terrible qui fonctionne toujours aussi bien.
Alien cʹest lʹirruption incontrôlée de lʹorganisme vivant et animal dans lʹunivers aseptisé du 2e millénaire, un terrifiant retour du refoulé dʹune extrême simplicité.
Tout cela relève du champ de la psychanalyse et plus précisément de la représentation de la sexualité.
Des signes symboliques de naissance et de mort sont à voir partout, des formes phalliques ou vagino utérine, le viol et la matrice, qui tiennent également un discours que tout le monde peut saisir.
Ridley Scott, le réalisateur nous dit : je nʹai pas voulu faire rencontres du 3e type ou 2001. Ma démarche est différente dans le sens où je désirais absolument que ceux qui payaient pour voir Alien soient constamment soumis à une tension nerveuse, se sentent mal à lʹaise et se demandent pourquoi. Vous savez, le succès de Star Wars et de Rencontres du Troisième type a montré que le film de science-fiction ne sʹadressait plus seulement à un public très spécialisé, mais à lʹimmense majorité des spectateurs. Aujourdʹhui, certains critiques mʹaccusent dʹavoir joué sur le velours et profité dʹune mode pour réaliser un film à succès. Or, rien nʹest plus difficile à réaliser quʹune œuvre de science-fiction, parce que tout est basé sur lʹambiance et les effets spéciaux, or rien ne se démode plus vite que les trucages : les gens en demandent de plus en plus, mais rigolent si on en met trop et le film perd alors toute sa crédibilité.
Et justement, Alien va jouer à fond la carte de lʹambiance.
Si la simplicité de lʹhistoire est évidente : un huis-clos, un monstre, des morts, deux survivants, le chat et le lieutenant Ripley, Alien doit son succès à lʹexcellence de ses décors, de ses maquettes, de ses effets spéciaux et de ce monstre inventé par lʹartiste suisse Hans Ruedi Giger.
Cʹest là et pas ailleurs quʹest le génie de ce film.
Dans sa conception graphique jamais vue auparavant.
Dans sa noirceur ultime.
Dans la beauté sombre du monstre, élancé, rapide, meurtrier et sans pitié
POUR LE NET
MONNIER CLAUDE, Ridley Scott, le cinéma au cœur des ténèbres, LʹHarmattan, 2014
le trailer
Alien design documentaire
Alien Legacy documentaire
Une Archive RTS, le plateau de Spécial Cinéma