Les légendes locales regorgent de lutins, esprits de la forêts et autres dames blanches. Le monde occidental cartésien a presque complètement écarté ce petit peuple magique avec lequel nous avons cohabité pendant des siècles. Mais voilà que ces figures du merveilleux reviennent dans le numérique: les trolls des réseaux sociaux, les démons qui font tourner certains systèmes dʹexploitation. Comment expliquer la migration des forêts aux machines de ce bestiaire imaginaire? La magie et le mystère perdurent-ils dans la technologie du XXIe siècle? Tribu reçoit Nicolas Nova, anthropologue et professeur à la Haute école dʹart et de design, à Genève. Il publie "Persistance du merveilleux Le petit peuple de nos machines" aux éditions Première Parallèle.

"Dodo, lʹenfant do, lʹenfant dormira bientôt." La plupart des parents chantent une berceuse à leur enfant pour les endormir. Dʹoù viennent ces chansons que lʹon chante au moment du coucher? De quoi parle-t-elle? Est-ce que la pratique de la berceuse est universelle? Tribu accueille Constance Frei, professeure associée en musicologie à lʹUniversité de Lausanne. Elle participe à la rencontre "Sommeil et musique: l'art de la berceuse", un concert commenté, qui se déroule le 7 décembre 2024 à Lausanne, de 11h à 12h15 au Palais de Rumine, avec Audrey Burgener, chanteuse alto et Gaëlle Poirier, accordéoniste.

Cʹest un phénomène qui a gagné la plupart des villes suisse. La consommation de crack. Le crack est une drogue hautement addictive, un dérivé de la cocaïne sous forme de cristaux, qui est fumé. Quels sont les conséquences de cette hausse de la consommation du crack, pour les consommateurs, mais aussi pour les commerçants et habitants de villes? Existe-t-il des solutions pour essayer dʹendiguer le phénomène? Tribu accueille Matthieu Rouèche, directeur de la fondation ABS (Accueil à bas seuil) à Lausanne, en charges des deux espaces de consommation sécurisé du Vallon et de la Riponne.

Pour fêter ses dix ans dʹexistence, Tribu se penche sur dix thématiques sociétales qui ont changé ces dix dernières années. Aujourdʹhui: la très forte hausse des livraisons à domicile. Habits, chaussures, repas, électro-ménager: nos achats sur internet ont explosé en une décennie. Pourquoi cet engouement pour les commandes en ligne? Quels en sont les conséquences sur notre manière de vivre, mais aussi sur les villes, qui sont traditionnellement organisées autour des commerces physiques? Pour en parler, Tribu reçoit Luca Pattaroni, professeur de sociologie urbaine à lʹEPFL.

En Suisse, environ 105 00 adultes sont soumis à des curatelles, selon les chiffres de 2023. Soit près de 1.5% de la population de plus de 18 ans. Les curatelles visent à accompagner et contrôler les affaires des personnes qui ne peuvent plus gérer leur quotidien de façon autonome. A quoi ressemble ce travail de curatelle? Comment faire ce travail sans trop restreindre la liberté individuelle des personnes sous curatelle? Comment respecter leur autonomie en évitant des attitudes paternalistes? Tribu reçoit David Pichonnaz, sociologue, professeur à la Haute école et école supérieure de travail social, à Sierre. Il a mené, avec Agnès Aubry, Marlène Bouvet et Lucile Quéré un projet de recherche sur les personnes qui sʹoccupe professionnellement de curatelle.

Ces dernières années, la gauche a beaucoup investi les questions sociétales: le sexisme ordinaire, lʹécriture inclusive, le racisme systémique, les études post-coloniales, le privilège blanc, lʹappropriation culturelle, pour ne citer que quelque exemples. Lʹessayiste et philosophe Alain Deneault regrette la disparition de la gauche sociale au profit de cette gauche sociétale. Il dénonce une "gauche stridente", dont "le fanatisme et lʹinintelligence" nuisent au féminisme et aux luttes contre les discriminations raciales et sexuelles. Professeur de philosophie à lʹUniversité de Moncton, au Canada, il est lʹauteur de ce livre "Mœurs. De la gauche cannibale à la droite vandale", chez Lux éditeur. Il est lʹinvité de Tribu.

Il y a 30 ans que le massacre du Temple Solaire a eu lieu en Suisse. Comment aborder ce sujet auprès des élèves? Comment traiter des thèmes sensibles comme les "sectes" et les croyances jugées "irrationnelles"? Comment les amener à se questionner sur des sujets complexes et socialement vifs? Pour en parler, Tribu reçoit Sybille Rouiller, docteure en Sciences des religions et Chargée dʹenseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et Philippe Gilbert, enseignant dans le cadre de lʹatelier dʹ"éthique et cultures religieuses" à la Haute école pédagogique du canton de Vaud et collaborateur scientifique au Centre intercantonal dʹinformation sur les croyances (CIC), à Genève. Il et elle signent aux côtés dʹAline Baumgartner lʹarticle "Dépasser " lʹirrationnel " avec la pensée critique: lʹOrdre du Temple Solaire (OTS) comme étude de cas en sciences des religions" paru dans la Revue de didactique des sciences des religions.

Il nʹest pas forcément évident de réagir lorsquʹon assiste à une incivilité, un conflit ou une situation de harcèlement ou de discrimination. Comment être sûr de bien comprendre ce qui se passe? Comment bien agir? Quels sont les risques encourus? Pour en parler, Tribu reçoit Nada Jmili, psychologue et doctorante spécialisée sur les questions de discriminations et de harcèlement au travail.

Donner une somme fixe à chaque personne, chaque mois, indépendamment de ce quʹelle produit. Cʹest le principe du revenu de base inconditionnel, refusé par le peuple suisse à plus de 70% en 2016. Guillaume Mathelier, philosophe politique, maître dʹenseignement à la Haute école de gestion de Genève, travaille depuis une vingtaine dʹannée sur ce sujet. Il propose de combiner le revenu universel avec un "capital dʹémancipation", idéalement de lʹordre de 60ʹ000 francs, qui serait touché par chaque jeune à sa majorité. Objectif: lui permettre de se lancer dans la vie. Comment financer tout cela? Quid de la motivation à travailler? Guillaume Mathelier est lʹinvité de Tribu.

A lʹépoque où lʹon traquait les sorcières, accusées de pactiser avec le diable, les femmes étaient souvent torturées pour obtenir des aveux. Pourquoi lʹinquisition avait-elle besoin dʹarracher les aveux par la violence? Comment ces pratiques résonnent-elles avec notre société actuelle? Peut-on tirer des parallèles entre ces procès en sorcellerie et certaines pratiques contemporaines dʹinterrogatoire et de torture? Tribu reçoit Olivier Silberstein, chargé de cours à lʹInstitut dʹhistoire de lʹUniversité de Neuchâtel et auteur dʹune thèse intitulée "Analyse des procès du comté de Neuchâtel à la lumière des confessions forcées (XVe-XVIIe siècle)". Une thèse qui sʹappuie, en partie, sur des études contemporaines en psychologie forensiques comprendre la mécaniques des aveux forcés.