Dimanche, les Français sont invités à élire leurs députés lors du premier tour des législatives. Un scrutin à fort enjeu pour les ministres d'Emmanuel Macron qui se présentent, comme Amélie de Montchalin.

Emmanuel Macron aura-t-il la majorité absolue ou une majorité relative ? Les macronistes décortiquent les sondages, font des projections mais la photo est floue. Dans un monde idéal les marcheurs pur jus sont assez nombreux pour ne pas avoir besoin des députés d'Edouard Philippe mais ça n'est pas du tout gagné. Et si jamais LREM, Modem et Horizons n'atteignent pas les 289 sièges, le quinquennat sera rock'n roll. La macronie serait obligée de draguer LR. Un ténor de la droite en rêve : "il faudra faire sauter Macron à la corde. Il veut une réforme des retraites ? On la vote à condition qu'il y ait ce qu'on veut dedans, idem pour la réforme des institutions". Bref, de la négo texte par texte sinon ça ne passe pas.

Le Conseil d'État a recadré le ministère de l'Intérieur en décidant de comptabiliser les votes de la Nupes sous une bannière unique. La majorité encaisse cette décision.

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Ecoutez Un air de campagne avec Aurélie Herbemont du 07 juin 2022

L'ancien Premier ministre est éliminé dès le premier tour dans la circonscription des Français d'Espagne, du Portugal, d'Andorre et de Monaco. Manuel Valls est arrivé 3e derrière le candidat de gauche et le député sortant en marche qui avait refusé de céder la place à l'ex socialiste. C'est un nouveau revers pour Manuel Valls qui comptait revenir en politique française après avoir essayé, en vain, de conquérir la mairie de Barcelone en 2019. "Il m'appartient lucidement d'en tirer les conséquences. La vie est suffisamment belle pour tourner tranquillement les pages" a écrit Manuel Valls sur Twitter avant de supprimer son compte du réseau social. Ca lui aura peut-être évité de voir les tweets de Jean-Luc Mélenchon et tous les insoumis qui ont posté les photos d'eux dans l'hémicycle avec des affichettes "bon débarras"... affichettes qu'ils avaient brandies le jour où Manuel Valls avait quitté l'assemblée pour tenter son aventure catalane.

DÉCRYPTAGE - Porté par un début de quinquennat difficile et des sondages encourageants, les Républicains pensent conforter leurs députés sortants et même gagner certaines circonscriptions aux législatives.

Ils ne sont pas candidats mais ils s'activent : Bruno Le Maire et Edouard Philippe. L'ancien premier ministre sera allé soutenir 30 candidats d'ici le premier tour. Ajoutez à ça 45 vidéos de soutien aux candidats qu'il n'a pas le temps d'aller voir "et des tonnes de messages de soutien écrits" dixit son entourage. Le carnet de bal de Bruno Le Maire est aussi très rempli : déjà 7 déplacements au compteur, encore 11 programmés et l'idée c'est d'arriver à une trentaine. 41 vidéos de soutien à son actif plus une centaine de petits mots écrits qui sont insérés dans les professions de foi des candidats. Edouard Philippe a clairement la présidentielle dans le viseur. Bruno Le Maire n'y pense pas aujourd'hui, même s'il a déjà été candidat à la primaire de la droite en 2016. Un proche d'Emmanuel macron se marre : "la succession a été ouverte au lendemain de la réélection du président" vu qu'il ne pourra pas se représenter.

La Nupes vit bien, pour l'instant. 4 semaines aux allures de lune de miel, comme si la gauche avait basculé dans le monde des bisounours. Ecolos et socialistes disent qu'en fait les insoumis sont sympas, les insoumis trouvent le PS finalement tout à fait fréquentable. Certains socialistes vivent leur meilleure vie : ils ne se font plus traiter de "social-traîtres". Un ancien de la campagne Hidalgo n'en revient pas : "on est passés de l'anéantissement au cœur de l'actu, on nous re-regarde, Mélenchon nous a ressuscités". Mais personne ne peut dire si cette union vivra bien après les législatives. "On verra en marchant" évacue un communiste. Un socialiste prédit des futures "confrontations" sur l'OTAN, l'Europe, les retraites. Signe que le monde des bisounours n'est pas forcément durable, un écologiste lâche : "si on gagnait ce serait le début des problèmes, alors qu'être d'accord dans l'opposition c'est facile il suffit de dire le gouvernement est méchant".

Elisabeth Borne a tenu une visio hier avec les candidats macronistes aux législatives. La cheffe de la majorité s'en est surtout prise à la Nupes, parlant de son "malaise" et de son "inquiétude pour le pays" face à Jean-Luc Mélenchon. La Première ministre a ressorti les fameux dérapages mélenchonistes "la république c'est moi, ma personne est sacrée" et de lâcher "la Nupes ce n'est pas le front populaire, c'est un front renversé qui prétend combattre le RN alors que certaines convergences sont troublantes". Dans les intentions de vote, la majorité et la gauche sont au coude à coude. Donc l'objectif c'est d'activer la peur de l'insoumis. Les sondages donnent au Président une majorité moins large qu'à la sortie de la présidentielle. De 290 à 330 élus selon les projections. Certains blêmissent à l'idée d'une majorité ric rac avec une opposition survoltée. "Si on finit avec 150 à 200 députés de la Nupes et 40 RN l'assemblée sera cauchemardesque" tremble un proche d'Emmanuel Macron.

Les législatives du 12 juin vont fixer le montant du financement public des partis politiques pour les 5 prochaines années. Un député rapporte 37000 par an. Pour y avoir droit il faut présenter au moins 50 candidats qui font plus de 1%. Une voix rapporte 1 euro 50. C'est comme ça que depuis 2017, le parti animaliste touche 67000 euros par an, 105 000 euros pour l'alliance écologiste indépendante. C'est un scrutin crucial pour les partis en difficulté financière. Le RN de Marine Le Pen a 23 millions d'euros de dettes. "Le RN joue sa survie financière, c'est aussi pour ça qu'elle n'a pas voulu d'alliance avec nous" grince un proche d'Éric Zemmour. Moins de candidats c'est moins de voix et mécaniquement moins d'argent. LR, qui n'a pas pu être remboursé de la campagne présidentielle faute d'avoir atteint les 5%, mise aussi sur les législatives pour se refaire politiquement et financièrement.