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By Isabelle Carrère
The podcast currently has 96 episodes available.
Pour bien voyager il faut pouvoir s’arrêter. Mais s’arrêter où ? Les espaces que décrit Nara et qu’on peut toutes et tous voir ici ou là sont des sites oubliés, cachés, proches de déchetteries, de stands de tirs, de bretelles d’autoroutes ou de sites dangereux. Les conditions de vie, les empêchements à stationner, les harcèlements, les obligations à aller dans des centres sociaux spécifiques aux gens du voyage pour des démarches administratives, les refus de domiciliation ou de scolarisation des enfants, etc.; autant de faits que l’ODCI consigne et dénonce, soutenant les voyageurs et voyageuses dans les luttes pour leurs droits.
Aujourd’hui, avec Bernard Eynaud qui nous parle depuis Marseille, nous poursuivons les réflexions sur les choses qui s’avèrent indispensables à repenser et remettre en actions s’agissant de l’habitat – et ici de l’habiter la ville.
S’appuyant sur des utopies mais aussi de très concrètes actions collectives, il propose entre autres de :
Celles qu’il nomme ses “bonnes fées” ont contribué au cheminement de Pascal Breil-Dupont, depuis la rue jusqu’à un hypothétique habitat participatif en passant par les hôtel, foyer, résidence sociale puis logement HLM — mais aussi, explique-t-il ici, à la construction en parallèle d’engagements politiques, associatifs, …, dans ce quartier qui se vit comme insulaire, entre la voie ferrée depuis la gare du nord, celle de la gare de l’est et au nord, le boulevard périphérique.
Pascal nous parle de ces espaces, mentaux et dans la ville, et des liens qu’il tisse : entre les axes vitaux du quartier, entre les personnes qu’il rencontre, entre les projets, entre les sites, …
Masse informe, bulle, goutte, forme indistincte, … en tout cas ni animal ni végétal ni champignon.
Le BLOB est aussi un terme informatique pour Binary Large OBject.
Et c’est ainsi que des liens se tissent entre architecture et science-fiction : une imagerie de la demeure comme grotte, nid, œuf, creux dans l’arbre en même temps que celle du monstre visqueux, de la gelée avaleuse, de l’alien et de son vaisseau spatial.
Sont imaginées des formes rondes ou ovales, des courbes ascendantes ou descendantes, par les adeptes d’une blobitecture.
Tout cela et bien d’autres choses encore sont décrites et rassemblées par Emmanuel Rubio dans son livre “Blobs, rêves et cauchemars de l’architecture à l’heure de l’informatique” (avec une foultitude de références cinématographiques autant qu’architecturales). Emmanuel parle ici des créations de monuments gigantesques, des bâtiments qui débarquent ou se posent au milieu des villes : nombreux dirigeants de pays ou de métropoles veulent “leur blob” et font appel aux architectes qui utilisent leurs ordinateurs et leurs logiciels pour créer toujours plus d’antagonismes entre une ‘utopie’ technologique supra-numérique, modernité et/ou effroi, et d’autre part une rengaine primitive de lieux ronds voire utérins, un refuge. L’effet blob !
Pas de coin pour habiter dans tout cela, ou très peu : Emmanuel démontre comment on parle surtout d’espace de transit, de sites — tous construits par des ouvriers précarisés et forcés à une mobilité de travail — pour des ‘nomades’ modernes super adaptables, contraints à des mobilités tout azimut (ingénieurs, scientifiques, ..), et des hommes d’affaires d’une surclasse triomphante. Le blob est, selon Emmanuel, à la rencontre de ces deux mobilités et forme par là des substituts de territorialisation.
Jusqu’aux mobiliers des GAFAM ou autres Accenture qui, à Zurich ou ailleurs, font semblant dans leur rondeur d’entourer et de prendre soin des travailleurs et travailleuses (alcôves, espaces de repos en cocon, …) avant de leur proposer un toboggan mou vers la sortie …
La partie 1 est là
Le collectif « Médiatiser l’habiter » s’est constitué en 2019-2020. Il comprend actuellement 40 membres, universitaires, artistes, essayistes, journalistes indépendants, activistes en provenance de toute la France. Après deux annulations en 2020 du fait des mesures sanitaires, les premières rencontres Médiatiser l’habiter ont eu lieu à Roche d’Agoux, en Combrailles, du 2 au 5 juillet 2021.
Nous n’habitons pas seulement nos logements, nous habitons des lieux faits de nature et de culture. L’habiter est une façon d’être au monde qui relie les dimensions naturelle et culturelle des lieux. Les interactions concrètes et symboliques entre les habitant·e·s et leurs milieux de vie ne sont pas immédiates. Les médias alternatifs-indépendants, ancrés localement, font connaître et mettent en débat public les expérimentations et réalisations initiées par les habitant·e·s, et les luttes ou actions menées. Mais leur rôle ne se cantonne pas à la médiation : par leur présence, leur finalité et leur mode d’organisation ils sont eux-mêmes une incarnation de la volonté des habitant·e·s de se réapproprier leur existence, de ré-habiter lieux et territoires. L’objectif de l’atelier est d’échanger et de réfléchir sur la place des médias alternatifs dans les processus de réappropriation – ré-habitation à partir de diverses expériences en milieu rural et/ou qui relient urbain et rural.
Captain Frog & Julien Martin, dans le concert à la Roche d’Agoux
Le colloque “médiatiser l’habiter” a été l’occasion de rencontrer un collectif qui a choisi un habitat collectif, mixant roulottes, verdines contemporaines, caravanes, yourtes et une maison ancienne pour les communs, le tout sur un terrain de trois hectares. Des expériences circassiennes antérieures partagées ont favorisé l’installation du premier groupe, qui s’est élargi depuis à d’autres personnes, dont d’autres intermittents du spectacle. On suit Estelle dans la visite du site et on l’écoute expliquer comment cette installation s’est déroulée, incluant un investissement dans le village.
Cette expérience fait écho à d’autres émissions UN COIN QUELQUE PART abordant l’habitat léger et/ou mobile (et les difficultés d’acceptation tant institutionnelles que des habitant·e·s de maisons ‘en dur’), ainsi que l’autoconstruction, et l’habitat choisi comme collectif et autogéré.
Le site de l’association habiter-autrement
Dans les Hautes Pyrénées, dans un petit village au bord de la rivière de la Neste sur la route des Baronnies, plusieurs personnes ont acheté via une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) en SAS (société par actions simplifiées) un terrain de 14000 mètres carrés, avec des bâtis existants à rénover — dont une ancienne maison de retraite. Très à l’écoute de ce que d’autres projets, en cours ou déjà aboutis, ont acquis comme expériences, Stéphane et Philippe nous racontent comment le groupe part dans le projet avec des principes très clairs, une philosophie déterminée sur les communs, une volonté de participer à la vie du village et des alentours, et également les étapes par lesquelles il est intéressant de passer pour faire aboutir le projet dans des conditions joyeuses.
Pourquoi le 23 ? parce que le 22 était pris ! Un café associatif existe depuis 24 ans dans le village, très ouvert, collégial, sans prix fixe ni caisse, sans salarié ni patron, sans porte … Des animations musicales ou théâtrales sont régulièrement proposées — les 22 de chaque mois avec un festival cinématographique (cinéma muet) très réputé maintenant.
L’occasion d’entendre et d’échanger avec Marc DILET est donnée ici par Fabiola BADOÏ : une rencontre sous le signe d’une exposition qui se tiendra à Paris tout début juin, de photographies et de dessins et maquettes : “Streetscapes, Vers l’incréé“.
Fabiola prend la main ici pour évoquer avec Marc DILET son travail, et comment il tâche de faire surgir un monde, des mondes (ou un “Tout monde” à la façon de Édouard Glissant) à partir des trouvailles dans les rues de la photographe Sandra BINION : un amas de tubes plastiques, des cordes enlacées, des filets déchirés, … objets abandonnés perdus oubliés à Kyoto, New Delhi, Paris ou ailleurs, là où ils ont chuté — ces déchets et leurs prolongations dans des formes imaginées, poussées, posées, dépliées, … parlent des formes des mondes que nous habitons.
Il est question aussi durant cette émission du langage, sur / de l’architecture, des cultures soutenant nos constructions, de la poésie des espaces, des volumes et des images — et aussi, bien entendu, là où passe, existe du politique ; citons l’exemple donné par Marc DILET de l’enfermement, l’encerclement — voire le siège — que constituent les centres commerciaux autour des villes , tels des remparts et limites à nos libertés, de circuler, de penser , de créer…
C’est à Montréal (Québec). Un grand espace, sur plusieurs niveaux, est habité depuis plusieurs années par un collectif, un groupe de la communauté queer. Rue Parthenais, dans Hochelaga. Et puis le propriétaire vend à des gens qui décident d’habiter l’appartement et elleux doivent partir. C’est ce que mathilde capone a décidé de documenter : cette éviction, dans le contexte de crise du logement dont Marine Gourit-Armengaud nous a parlé dans une émission précédente, qui est aussi voire surtout, selon iel, la perte d’un lieu, d’un espace queer dont il est dit que la renommée et la présence étaient diffuses bien au-delà de ses habitant.e.x.s, et qu’il “permettait une transmission intergénérationnelle et l’expression d’une sous-culture“.
Ce film, Éviction, sera sûrement distribué et visible en France prochainement, mais d’ores et déjà ici on peut partager les problématiques qu’il pose et que mathilde explique d’une part à travers ses réponses à une entrevue avec un.e journaliste québécois.e et celles qu’iel apporte aux spectateurices après la première projection. Il s’agit ici d’éclairer singulièrement les questions qui sont souvent abordées dans Un coin quelque part : sur les habitats alternatifs qui ont du mal à exister sur la durée notamment en mode urbain, sur les groupes affinitaires qui cherchent des lieux — au-delà des sites commerciaux ou associatifs et en viennent à squatter par manque d’espaces laissés possibles, … etc
Les associations faisant partie du collectif “le revers de la médaille” dont on a transmis ici le rapport concernant le grand nettoyage social qui a fait de nombreuses victimes, expulsées, empêchées de travailler, délogées, enfermées, déplacées … ont appelé à un rassemblement Place de la République à Paris — la veille de la cérémonie d’ouverture des JOP 2024.
On y est allé et voici les paroles militantes et engagées des personnes présentes :
On y rencontre aussi d’autres personnes, qui ne sont pas monté sur la tribune mais ont parlé et décrit des situations très concrètes.
Toutes contre les organisations des jeux olympiques, avec détermination engagées pour soutenir les personnes qui ont été maltraitées durant toute la préparation de ces évènements ET pour lutter contre tout ce qui a été mis en place à cette occasion : surveillance accrue avec des moyens toujours plus contraignants et liberticides, expulsions sans relogement en dépit des règlementations et lois existantes, bétonisation toujours plus grande des territoires qui saccagent les jardins et les espaces publics, etc.
Toutes prêtes à se battre contre les futurs jeux prévus en Italie (2026), aux États-Unis (2028) puis à nouveau en France en 2030. Car les impacts sociaux et environnementaux des jeux sont grands et complexes ; transformant violemment des quartiers entiers, sans aucune recherche de discussions avec leurs habitants et habitantes ; nourrissant d’autres chantiers plus masqués telles les volontés de gentrification et d’urbanisation toujours plus forte, de rejet des plus pauvres encore plus loin, de cadeaux faits à certains (à certaines entreprises aussi) quand d’autres sont forcés de travailler dans des conditions déplorables et précaires, etc.
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