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Face au
L’envie
L’odeur
Elle
Hier, sa
Elle a
Je t'ai
Est-ce
Est-ce
Est-ce
Je t’ai
Non. Ce
De forêt
Il n’y a
D’un bain
J’y
Je suis
- Tu vas où ?
- A la gare
- A la gare ? Pourquoi
- Qu’est-ce qu’on peut bien
- Tu attends
- Prendre un train. J’ai
- Pour aller où ?
- Qu’est-ce que ça peut
- Tu m’inquiètes, Michel. Tu
- J’ai le regard d’un mec
- L’aventure, c’est pas toi.
- Donne-moi ma valise. Il y
- Et tu y mettrais quoi
- Rien. C’est juste pour la
- Quelque chose à
- Si tu veux. Mais donne-moi
Quelques minutes plus
La dernière fois, c’était quand ?
La dernière c’était un samedi d’automne. Tard dans la soirée, les verres avaient tinté aussi fort que nos rires incrédules.
Puis les lumières s’étaient éteintes. Michel, le patron, avait tourné la clé dans la porte, avait baissé le rideau de fer. On était resté planté là. Devant toi. A te contempler dans la nuit, petit radeau sur lequel nos vies tanguaient.
Pendant des mois, on a essayé de t’éviter, pris d’autres chemins pour ne pas te croiser. L’estomac noué.
Mais ce soir, nous avons enfin rendez-vous avec toi.
Tiré à quatre épingles, la fleur aux dents, le panama fièrement cloué sur la tête, je descends la rue puis tourne à droite, hypnotisé par les néons des devantures comme un lapin dans la lumière des phares.
Sur le trottoir, j’aperçois Jacques, Paco, Mina, José, Sami. La clique, quoi. Et même des gens que je ne connais pas.
Michel apparait avec son tablier sur l’épaule : « Vous êtes tous là, bande de……. ! Tournée générale ! Cacahuètes à volonté !
Entre nous, Michel n’a jamais servi de cacahuètes. Tout arrive !
Ce soir, ce 22 mai, nous avons enfin rendez-vous avec toi, mon petit bistrot, mon petit radeau pour tanguer à nouveau.
Le jour où j’aurai rendez-vous avec toi, sais-tu ? Je m’y rendrai sans arme, sans larme et sans rancœur. J’attacherai à ma boutonnière une fleur sans odeur puisque le parfum de ta chevelure emporte tout. Je n’irai pas par quatre chemins. Je te demanderai simplement ta main. Comme dit Brel, nous aurons des « orages » mais je m’en fous. Je viendrai sans bagage car je préfère porter le tien. Peu m’importe son poids. Toi, tu n’auras qu’à me faire un signe de la main.
Ta belle main de sculpteur que tu agites quand tu rêves.
Si tu le veux, ce matin-là, je serai ta statue et je prendrai la pose. Dans un jardin paisible, dans une rue dégueulasse, dans un coin flippant, dans un hall d’aéroport, sur une bouche de métro, dans un hôtel miteux ou la suite d’un palace.
Je serai ta statue et tu me soulèveras. Pour dire que tu aimes les hommes. Mais surtout moi. Ton homme.
Je ne sais pas écrire mais je m’appelle John. Et ton prénom, c’est Auguste, je crois. Je l’ai lu quelque part.
Pour son anniversaire, elle lui avait bandé les yeux jusqu’au quai. Juste avant qu’elle lui rende la vue, il avait cru sentir un parfum de vent marin. Ou était-ce dans son imagination ?
La veille, elle lui avait demandé, l’air de rien :
« Qu’est-ce que tu dirais de traverser l’Atlantique ? »
« Avec toi ? »
« Avec moi »
« Je ne suis pas sûr d’arriver à bon port… »
« Pourquoi ? »
« Tu serais bien capable de me jeter par-dessus bord…méduse, murène ou que sais-je ! »
« Je suis si dangereuse que ça ? »
« Oui, je crois »
Quand il a ouvert les yeux, il a vu un navire devant lui, un capitaine vêtu de blanc pour l’accueillir. En levant la tête, il s’est dit qu’il y avait suffisamment de gilets de sauvetage pour flotter au cas où. Et des bouées aussi.
Ce rendez-vous était salé. Le gars n’avait pas le pied marin mais la fille avec qui il allait traverser l’océan avait des yeux de daurade royale.
Royal !
J’te donne rendez-vous à la gare de Lyon, sous la grande horloge…
Lorsque je passe par là, j’y pense toujours. A ce rendez-vous avec Barbara que je n’ai jamais eu. J’aurais bien voulu.
Les rendez-vous manqués sont les plus beaux, parait-il. Il ne saura jamais ce que tu portais, ni la couleur de ta robe ni celui de ton sac à main. Il ne saura jamais si tu avais changé de coiffure pour l’occasion, si tu étais devenue brune ou rousse. Il ne connaitra jamais le son de ta voix, le goût de tes lèvres ni la douceur de ta peau. Pour lui, toute sa vie, tu seras, Sylvie. Certains jours, tu regretteras d’être arrivée trop tard. D’autres non, au contraire. Mais, pendant des années, quand tu passeras dans le coin, tu y penseras. Bien sûr, tu n’en parleras jamais à la personne qui t’accompagne.
Et un jour, tu n’y penseras plus. Tu traineras des valises légères pour des escapades de deux jours avec Edouard ou Hélène ou Maxence. Tu riras fort, tu ne feras plus attention à rien. Ni aux gens, ni aux lieux.
Lorsque je passe dans le coin, j’ai toujours cette chanson qui me trotte dans la tête.
J’te donne rendez-vous à la gare de Lyon, sous la grande horloge, près du portillon. Nous prendrons le train pour Capri la belle pour Capri la belle avant la saison.
Barbara, 1964
.
Il est arrivé sur scène à 21 heures 03. Je le sais. Je m’en rappelle. Avant, nous avons perçu le crépitement d’un feu de joie puis le bruit sourd d’une lame de fond. Et puis quelque chose a crevé le plafond pour le déposer à nos pieds. Nous avons entendu avant de voir. Les quatre premiers accords d’une guitare reconnaissable entre toutes. Instantanément, nous avons senti nos oreilles grandir comme celles d’un cerf inquiet, notre sang bouillonner dans nos veines quand une voix a dit : Bonsoir. Combien vous êtes ce soir ? Beaucoup ? Oui. Vous êtes beaucoup !.
Alors, comme le lapin d’un magicien, il est sorti d’un chapeau géant. Il s’est planté devant nous. En avant-scène. Le dieu vivant de la musique. Dans son costume de lumière et ses bottes de sept lieux. Nos yeux écarquillés ont vu. Nos yeux ont pleuré. Des mains se sont levées. Des corps ont dansé. D’autres se sont évanouis. Des silhouettes ont allumé des briquets.
Le concert de notre vie. Nous sommes restés là vacillants, hypnotisés. Combien de temps ? Jusqu’au bout de la nuit. Encore. Encore une pour la route ! Après, promis. On s’en va ! Le concert de notre vie.
Furtif et piquant comme un moustique sur une bouche fermée. Sur la pointe des pieds, hardi puis maladroit, au bas d’un escalier. Ultime et dramatique comme celui d’un voyageur à la porte 32 du Terminal D. Dis un seul mot et je pars avec toi. Tu es fou ! Fou de toi ! Quelques heures avant, gourmand, insatiable sur ton dos frissonnant. Ce matin, devant l’école. J’en ai vu un solennel sur un front digne. Un sucré qui claquait sur une joue rose. Un si frais ! Comme un bonbon à la menthe. Un mouillé, mêlé aux larmes. Un dans le cou, chatouilleur comme un cha cha cha.
Même si celui à venir, ce soir ou dans un an, sera le meilleur, celui dont je me souviens est salé, volé, entre deux vagues. Un baiser atlantique. Immense comme l’océan.
Et le vôtre ? Vous souvenez-vous du goût de votre premier ou de votre dernier baiser ?
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