Je suis l’œil du loup. Je suis une iris, incandescente et ronde avec, bien au centre, une pupille noire. Je ne cligne jamais. Comme une bougie dans une toile de Georges de La Tour, je suis une goutte de feu dans la nuit. On ne peut que me voir. Je suis rouge quand s’affine la gourmandise, jaune quand grandit l’appétit et bleue quand s’aggrave la faim. La première éduque l’estomac, lui apprend à contenir davantage, désirer avec endurance, et ne pas si tôt s’arrêter. Elle le charge, l’hypertrophie, l’habitue et augmente son importance. Le suivant n’est qu’un second degré de la dernière, son souvenir ou sa peur. Il est plus ou moins grand en ceci qu’il est affaire de distance, et s’avère moins être un élan vers la nourriture, qu’une fuite loin de sa successeuse, un surgissement en dehors d’elle. L’ultime est un sombre moyen de connaitre le monde sous le charme duquel, la première pourra être maudite et le second combattu, jusqu’à connaitre sa gueule ouverte et jouir, de privation en privation, d’une ivresse telle que l’on s’y rassasie en mangeant de moins en moins, tandis que nous dévore la flamme de la maladie. Le mal à dire. La dure diction de son mal, ce qui s’articule difficilement, ou ne se dit pas du tout. Je suis rouge quand s’affine la gourmandise, jaune quand grandit l’appétit et bleue quand s’aggrave la faim. Je suis ce qui brûle sous la coiffe de mère grand. Je suis l’œil du loup...
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