Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
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Après la tempête Boris qui a secoué l'Europe centrale le week-end dernier, l'heure est au bilan. Il faudra reconstruire de vastes zones. S'il est difficile de s'adapter à un évènement météo de cette ampleur, il est possible de se préparer à des inondations de moindre ampleur grâce à des solutions efficaces : digues, barrages, retenues d'eau et autres constructions. Mais également des solutions plus naturelles, souvent sous-estimées et pourtant bien moins chères.
À chaque gros orage et chaque grosse intempérie, c'était toujours la même chose pour cette petite bourgade de l'Oise, en France, se souvient Olivier Pialat. La pluie entraînait la terre des champs et la boue envahissait les quelques maisons du hameau de la Bordé, situé en contrebas, entrainant de nombreux dégâts dans ses cultures agricoles.
« On perd le sol, on perd la culture qui est sur place et qui subit les ruissellements, se désole-t-il. En Seine-Maritime, il y a des champs qui ont baissé de niveau tellement il y a eu de ruissellements. »
Il s'est donc porté volontaire pour tester quelques aménagements simples, basés sur des solutions naturelles, avec l'aide de Clara Morvan, directrice technique du Syndicat des eaux de la Nonette. « On voit ici le dispositif de la fascine, des fagots de bois bien tassés, montre-t-elle. Quand l'eau boueuse passe à travers, elle agit comme un filtre et retient la terre, bloquée derrière, que l'agriculteur peut ensuite récupérer et rependre à nouveau. Ou alors la noue, qui est un fossé enherbé dont la pente est très douce. En plus de retenir l'eau à l'intérieur, l'herbe va aussi avoir un rôle de filtration et d'infiltration, c'est-à-dire que les racines de l'herbe qui pousse vont permettre d'infiltrer encore plus rapidement l'eau. »
Installation de fascines, de noues, plantation de haies ou mise en place de prairies inondables en cas de crues, etc. Il existe toute une gamme de solutions pour retenir l'eau et empêcher l'érosion. Claire Morvan liste les nombreux autres avantages que comportent ces méthodes respectueuses de la biodiversité : « Ce sont aussi des refuges pour la faune et la flore. Ce sont aussi des zones dans lesquelles on va avoir plus de fraîcheur. L'eau qu'on a réussi à stopper, dont on a réussi à éviter le ruissellement et à qui on a permis d'infiltrer la terre grâce à ces aménagements, cette eau-là va venir recharger la nappe phréatique. En période de sécheresse, le sol résistera mieux parce qu'on a pu remplir ces réserves hydriques. »
Et si le hameau de la Bordé n'est pas à l'abri d'une catastrophe météo exceptionnelle à l'avenir, les travaux réalisés il y a cinq ans semblent pour l'instant donner de bons résultats, explique Olivier Pialat. « Il n'y a plus d'eau dans le hameau, donc les installations ont bien fonctionné. Et je vois de plus en plus de haies qui se plantent dans la région, donc c'est plutôt bon signe », se félicite-t-il.
En France, une personne sur quatre est exposée au risque d'inondation et les dégâts sont estimés, par les assureurs, à 50 milliards d'euros jusqu'en 2050.
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En France, près de trois semaines après la rentrée scolaire, plusieurs milliers d'élèves sont toujours à la rue. À la veille de la reprise des cours, l'Unicef, l'agence des Nations unies des enfants, comptait 2 043 mineurs sans hébergement, au lieu de 1990 à la même période. Une situation, sous-estimée, l'Unicef le reconnaît, puisque sont comptabilisés uniquement les enfants dont les parents ont fait une demande d'hébergement d'urgence et n'ont rien obtenu. Sont donc exclus de ce calcul, les familles qui vivent en squats, en bidonville ou qui ont cessé de faire des demandes, faute de réponse positive.
À Lyon, troisième ville de France, les familles d'une vingtaine d'enfants n'ont trouvé d'autres solutions que de dormir dans l'école d'un de leurs enfants, neuf établissements occupés en tout, grâce à l'intervention d'un collectif. À l'heure où les parents viennent récupérer leurs enfants à l'école, ceux de Mariam, cinq ans, la rejoignent pour y passer la nuit. « Je dors dans la salle de musique parce qu'on n'a pas de maison », explique la petite géorgienne qui nous guide avec fierté dans les couloirs de cette école, qui est aussi son refuge depuis huit mois. Quelques chaises, une table contre un mur et un grand tableau noir. Il faut de l'imagination pour ne plus y voir une salle de classe, mais bien une chambre d'enfant. Comme chaque soir, la famille doit, avant cela, récupérer, dans le gymnase, ce qui lui servira de lit.
Même si la situation est tolérée par la mairie, la famille doit se faire discrète. « Il faut que tous les matins, à 7h20, ils aient libéré l'école pour qu'il n'y ait pas de suspicion de leur trace, il faut que tout soit dans l'État dans lequel ils l'ont trouvé », explique Alexandra Grasset, une mère d'élève qui les accompagne.
Une discrétion qui arrange bien la jeune Mariam, dont les camarades de classe ne sont pas au courant. « Ils ne savent pas. Ils posent des questions : "ou tu dormais ?" Je ne veux pas lui répondre parce que j'ai peur », confie la fillette, qui avoue craindre les moqueries. Elle est pourtant loin d'être la seule à avoir dormi dans ces locaux.
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Depuis plusieurs années, des parents et des instituteurs de l'établissement engagés au sein du collectif Jamais sans toit s'organisent pour héberger dans l'école des familles d'élèves. « Chaque début d'année, on a des enfants que l'on repère grâce à leur adresse, parce que c'est une adresse postale ou parce que les mamans en parlent aux enseignants qui nous alertent et après, on essaie de trouver des solutions. Très souvent, la solution, c'est d'occuper une école pour ces familles pour les mettre à l'abri. »
Sans cette solution, Mariam et ses parents vivraient à la rue. Déboutés du droit d'asile, ils ont dû quitter un foyer il y a neuf mois. Depuis, leurs appels quotidiens au 115, la plateforme d'hébergement d'urgence, restent vains. « Nous avons dû dormir dans notre voiture pendant près d'un mois, raconte le père. Mais Mariam n'arrivait pas à se reposer. Une voiture, c'est trop petit pour trois personnes. Elle était tout le temps nerveuse. Elle pleurait tous les jours. Alors que maintenant, nous avons au moins sept pièces, des matelas, nous pouvons dormir comme des humains. Elle est maintenant plus calme, plus facile. »
Une amélioration de son état qui se ressent en classe. Mariam progresse bien, elle qui s'était endormie sur un petit bureau d'écolier lors de la première rencontre entre ses parents et son instituteur.
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Chaque été depuis 2020, des dizaines d’apprentis agriculteurs montent à 1 700 m, sur la montagne de Sulens (Haute-Savoie) pour se former à l’alpagisme. Pour s’adapter au réchauffement, plus marqué en altitude, l’alpage haut-savoyard mène également des expérimentations pour une gestion plus durable des ressources fourragères et aquifères.
De notre envoyé spécial à Serraval,
Il est 19h20 ce dimanche 11 août, le 4x4 déboule sur le parking du col du Plan Bois, mouillé par la bruine et entouré une épaisse brume. Au volant, la fromagère Pauline Burnier-Framboret. Elle vient chercher Élise, Emma, Corentin, et Noura, 16 et 18 ans - deux camarades manquent à l’appel. Brève embrassade des parents et c’est parti : le quatuor est emmené trois kilomètres en amont d’une route de caillasse, à 1 650 m d’altitude, sur la montagne de Sulens.
C’est là-haut que ces élèves de première et terminale du lycée agricole voisin de Contamine-sur-Arve, en Haute-Savoie, dans les Alpes françaises, passeront la semaine pour apprendre les rudiments de l’alpagisme : monter le troupeau en montagne, le temps de constituer des réserves de foin en bas pour l'hiver. La bergère, Louisa Daude, les y attend. Avec Morgane Duffy, ingénieure-cheffe chargée de projet, le trio féminin, 24 ans chacune, gère en très grande autonomie – de l’encadrement des apprenants à l’intendance en passant par la boutique et l’entretien des terrains – l’alpage-école de Serraval, qui achève sa cinquième estive.
Doté de 64 hectares, dont 34 de pâturage (soit l'équivalent de 24 terrains de football), il accueille de mai à octobre un large public allant de classes maternelles et primaires aux adultes en reconversion professionnelle, incluant tout le panel des acteurs de la montagne : écologues, guides, jardiniers paysagistes, étudiants en protection de la nature. Il y a même des élèves italiens dans le cadre d'un échange trans'alpin. Toutefois, le gros des troupes est constitué des lycéens de Contamine – le stage est obligatoire – et d’étudiants en BTS de l’École nationale des industries du lait et de la viande (Énilv). Au total, près de 500 personnes y sont passées en 2023. « L’intérêt de l’alpage-école, c’est de croiser ces formations pour que, plus tard, les futurs professionnels soient habitués à dialoguer entre eux et comprennent les enjeux de chacun », résume Morgane Duffy.
Les jeunes grimpent à l’étage prendre leurs quartiers dans les chambrées portant 21 lits de ce chalet refait à neuf en 2017, après trois ans de travaux à hauteur d'un million d'euros aux frais de la région. Le bâtiment d’origine, une ancienne grange vouée à la destruction, a été racheté par la Communauté de communes des Vallées de Thônes et proposé au lycée qui cherchait un nouvel alpage. Un « chantier hors-norme », se souvient avec une pointe d’émotion Michel Varlez, membre de l’équipe d’ingénieurs de la maîtrise d’œuvre, « il n’y avait rien de standard donc c’était très intéressant ».
Éco-conçu, la structure se compose pour l’essentiel d’épicéa, local, et son isolation thermique est en matériaux naturels. Son toit soutient panneaux solaires et son grenier loge trois tonnes de batteries de stockage, qui sont aussi raccordées au réseau, pour lisser et sécuriser l’alimentation électrique.
De la traite en entravée au fromage « de A à Z »Polenta et côtes de porc avalées, c’est l’heure du « speech » de Pauline sur le fonctionnement des lieux : ici, « tout le monde file la main », autrement dit participe aux repas, à la vaisselle, au nettoyage. Avec un accent particulier mis sur un usage modéré de l’eau : « les douches… 4-5 minutes s’il vous plaît ! Pour les toilettes, on n’utilise pas celles du haut ! » Un cabanon a été construit derrière le bâtiment. De quoi faire réfléchir en cas de besoins nocturnes. Et quand Louisa annonce que cette semaine, il faudra « brasser » la fosse septique, on entend un « oh non… », poussé par Noura, mi-soupire, mi-sourire.
Après quelques heures de nuit, vers 4h30, on entend les premiers réveils et l’escalier en bois qui grince sous les pas qui descendent à la cuisine. Corentin est le premier debout. Comme 90 % des élèves de l’enseignement agricole, il est « hors cadre familial » : aucun de ses parents n’est agriculteur. « J’ai toujours voulu faire ça », dit-il en haussant les épaules. Depuis ses 15 ans, il passe ses étés à travailler dans la ferme de ses voisins « pour se faire une expérience ». Il est déjà très informé sur l’environnement rural.
Après un premier en-cas, Emma et Elise se glissent dans des bottes vertes, direction l’écurie, bientôt remplie de 38 vaches de race abondance, dont le lait donnera le fromage éponyme. Nettoyage du trayon, fixation des griffes sur le pis, traite… les deux ados se familiarisent avec la méthode de l’entravée : restreint en place, l’alpage-école ne dispose pas de salle de traite c’est donc la broche de traite qui vient aux bêtes, non l’inverse. Une méthode artisanale. « La difficulté, c’est de les attacher, explique Elise. Elles ne se mettent pas à leur place. C’est la première fois que je fais ça, c’est d’autant plus compliqué. Mais elles sont gentilles vu qu’elles nous connaissent, c’est les mêmes qui viennent au lycée durant l’année. »
De l’autre côté de la cloison, Corentin et Noura turbinent à la fabrication des fromages. Il y en a deux ce matin puisque le lait de la veille, jour de repos, n’a pas encore été transformé. Ils seront bientôt capables d’envoyer à l’affinage trois emblèmes de la Haute-Savoie : abondance, tomme et, depuis cette année, reblochon, dont la ville voisine Thônes est la capitale.
Le savoir est technique et le faire méticuleux: chauffage du lait à 33°C dans les cuves, ajout des ferments pour acidifier, ajout de la presure, relevé du taux d’acidité, décaillage, moulage à la toile, retournement : « vous remettez le fromage dans ta toile, vous l’accompagnez tout le tour du cercle et vous n’enfoncez pas la toile avant de mettre le fromage, sinon cela va faire des plis, cela se retrouvera sur le fromage, c’est moche. Devant vous, vous gardez 10 cm de toile pour la rabattre. On sert un coup le cercle, 1 cm à peu près, et vous allez mettre sous presse. Vous réglez sur 1,8 bar pendant 1h puis vous montez la pression à 2,4 bar… », dirige fermement Pauline, elle-même pressée de partir livrer ses meules d’abondances à un affineur de la vallée et de les laisser gérer la suite comme des pros.
La fromagère, également monitrice diplômée, est une passionnée de la fabrication fermière : « On fait des études où on étudie le lait, comment il peut réagir, etc. Mais en industrie, on le standardise tellement qu’on n’a pas l’occasion d’appliquer toutes ces bases. En fermier, le lait n’est pas le même tous les jours. Réussir à le ressentir, c’est là qu’on reconnait notre vrai métier. À l’alpage, on gère tout de A à Z, de la cuve à l’affinage [pour la tomme, NDLR], même la maintenance matérielle. C’est un job très complet et très plaisant. »
« Je pensais que ce serait plus physique », s’étonne Corentin, qui n’est pas emballé par ce volet du métier, préférant la vie à l’air, le contact avec les animaux et le matériel agricole. « C’est spécial aussi… Il y a l’humidité, la chaleur », le défend Noura, qui elle apprécie d’être au chaud. Fluette, elle retourne non sans peine les meules d’abondance encore gorgées, qui pèsent en moyenne 10 kg en moyenne à sec. Elle nourrit un projet de polyvalence agricole : un peu d’élevage, de transformation, de maraîchage, à l’image du modèle des micro-fermes.
La traite est terminée. Emma et Élise lavent l’écurie – plus modeste que celles d’Augias –, pendant que Louisa raccompagne les « filles » au pré. Un berger, iconiquement représenté avec un béret, un bâton et un chien à la tête d’un troupeau de moutons ou de chèvres, s’occupe de garder le bétail pendant les mois d’estive, souvent en montagne. Fréquemment pourtant, ce sont des femmes – et ce n’est pas l’époque qui veut ça, Jeanne d’Arc en était une.
« Il faut vraiment être passionné pour monter en alpage et moi, j’adore, confie la jeune femme qui achève sa troisième et dernière saison. Mon père est agriculteur mais n’avait pas d’alpage, je l’ai découvert en stage. Donc je trouve cela super que les jeunes aient aussi l’occasion de le découvrir. Vivre et travailler dans ce cadre plutôt qu’en plaine, cela n’a rien à voir, parce que cela nécessite des sacrifices et toute une organisation en plus : au printemps, faut faire des allers-retours pour aller chercher les enfants à l’école, faire les courses, descendre le lait, acheter les sacs de concentrés [ration alimentaire pour les vaches]. Et certains n’ont même pas d’accès 4x4 ! L’alpage, ce n’est pas que la traite, c’est l’entretenir, faire du bois, agrandir les parcs, vivre vraiment au rythme de son troupeau, c’est aussi différent au niveau de la pousse de l’herbe, du rendement… »
L’alpagisme, c’est d’abord se mouler dans les contraintes des lieux, vrais maîtres des horloges.
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La sécheresse prend aussi de l’altitudeL’emmontagnée - ou transhumance - consiste à monter les ruminants en alpage pour leur donner un végétal plus frais et plus riche et, pendant ce temps, constituer en plaine des réserves de fourrages pour l’hiver. « C’est un alpage compliqué ici », souffle Louisa Daude, en grimpant à grandes enjambées la pente franchement raide de graminées grasses et boueuses. « Même pour les bêtes : elles n’ont pas de replat dans les parcs et elles s’épuisent. » Au relief s’ajoutent « les coups de chaud et les coups de froids », des écarts de température qui « leur grillent énormément d’énergie » pour adapter leurs corps. « Moins d’énergie, c’est moins de lait, on le voit bien… »
En France, la sécheresse de l’été 2022 a laissé des traces dans les mémoires rurales. Elle n’a pas épargné pas les alpages, les bêtes et l’enherbement : à cette époque, les pentes étaient jaune-marron, et le cheptel avait produit 150 litres de lait en moins, soit presque deux abondances. « Avec le changement climatique, les années ne se ressemblent jamais, les phénomènes sont plus marqués, a observé Morgane Duffy. L’année dernière, cela allait en début de saison et rapidement cela s’est dégradé, il a fait trop chaud et trop sec, l’herbe a grillé. Cette année, ça a été l’inverse : trop humide avec peu de soleil en début de saison, donc une herbe qui a du mal à pousser. Cela impacte nos montées et descentes : on veut que la période en montagne soit la plus grande possible pour faire un maximum de foin en bas. » En 2022, le 23 août signait déjà la fin de l’estive, contre mi-septembre à mi-octobre habituellement.
En parallèle de son volet pédagogique, l’alpage a donc entrepris plusieurs expérimentations pour adapter les pratiques pastorales à l’évolution du climat. « La deuxième partie de la philosophie de ce lieu, explique Emilie Fontaine, la directrice du lycée agricole, c’est d’arriver à produire des données scientifiques qui vont justifier ou peut-être infirmer des pratiques ancestrales. On a toujours monté les vaches en alpages. Cette tradition s’est un peu perdue à une période plus productiviste, quand les exploitations n’avaient plus ce besoin de monter. Avec la pression foncière dans notre département conjugué au réchauffement climatique, l’alpage revient en force. Donc on fait comme les anciens, mais on se doit de préparer l’avenir. »
Rationaliser l’eau et le pâturagePremière expérience : une gestion au cordeau de la ressource en eau. L’alpage de Sulens est situé en tête de bassin versant (d’où ruisselle l’eau de pluie et de fonte), assez sec, sans rivière, sans lac, et la seule source disponible est partagée avec deux autres exploitations. Une vache boit en moyenne 100 litres d’eau par jour, quantité à multiplier par 40 vaches et par le nombre de jours d’estive. Le nettoyage de la salle de fabrication est l’autre poste très gourmand en eau, difficilement compressible. « Aujourd’hui, l’eau n’est pas un problème critique pour nous. Cette année, le réservoir est plein. Mais l’année dernière, on avait peut-être deux ou trois semaines de marge. Or, il faut par exemple compter une semaine pour préparer la descente des bêtes », explique Émilie Fontaine, la directrice du lycée agricole. Deux réservoirs d’eau, l’un de 200 m3 pour les animaux, l’autre de 133 m3 pour l’usage domestique, ont été installés lors du chantier, « un stockage indispensable en cas de tarissement de la source ».
Par ailleurs, chaque parcelle a été équipée d’un abreuvoir à flotteur permettant de réguler au mieux le débit de l’eau. En plus, des compteurs sont installés un peu partout. « L’objectif est de quantifier la ressource disponible et la consommation d’eau pour le quotidien, la transformation fromagère et l’abreuvement des vaches », explique Morgane Duffy. « Et comme tout est lié, on fait également une expérimentation de pâturage sous-bois : il s’agit de comparer la consommation d’eau lorsque les vaches sont dans un pré ouvert, sans ombre, et lorsqu’elles sont sous les arbres. »
Courant dans le sud de la France habitué aux températures caniculaires, mais plutôt pour les élevages ovins et caprins, le pâturage en sous-bois est l’expérimentation-clé lancée à l’alpage cette année, avec l’aide d’experts locaux. Un petit périmètre de bois a été éclairci pour permettre à la lumière de pénétrer et favoriser l’émergence d’un couvert herbacé. En ruminant, à l’ombre, cette nouvelle ressource fourragère plus fraîche (mais moins dense), mais aussi éventuellement des petites plantes ligneuses, c’est un nouveau champ des possibles culinaires qui s’ouvre dans l’assiette des vaches. Elles seront a priori moins assoiffées et produiront plus de lait. Encore faut-il qu’elles acceptent cette nouvelle pitance. Il faudra plusieurs années pour mesurer l’intérêt de cette forme de pâturage, tant sur les économies en eau que sur la qualité et la quantité de lait.
Troisième pratique d’adaptation, le recours au pâturage tournant permet de rationaliser l’herbe broutée. Louisa agrandit progressivement les parcs de pâture pour éviter le gâchis : « Comme elles n’ont qu’un espace limité, elles sont obligées de tout manger et pas uniquement ce qu’elles aiment. » Cela évite aux ligneux et arbustes, moins appréciés, de pousser ici et là. « On fait attention à ne pas tomber dans du surpâturage avec trop de vaches sur un petit espace donné. C’est un équilibre entre bien mangé mais pas trop », précise Morgane Duffy. « L’alpagisme est une des solutions au réchauffement climatique, assure Emilie Fontaine, mais lui-même doit s’adapter plus vite. » Le réchauffement est en effet deux fois plus rapide en plus en montagne qu’en plaine.
Il est 17h sur le sentier des vaches. Élise les ramène au bercail pour la seconde traite. Sont-elles toujours aussi « gentilles » ? « La traite, c’est vraiment différent. Faut faire plus attention à l’animal, les coups de pieds partent vite. » Et pour cause, elle en a reçu un à la tête. Pas rancunière, elle a oublié le nom de l’agresseuse. Ah, l’amour vache !
La vie en camping-car est devenue une tendance sur les réseaux sociaux. Sur divers comptes Instagram, on peut trouver des familles, des couples ou des personnes seules traversant le pays en vivant dans un camion, plus ou moins bien aménagé. La perspective d’une vie plus libre et surtout moins chère a séduit Margaux et Aymeric, deux jeunes habitants d'Azay-le-Rideau en Indre-et-Loire, dans le centre de la France.
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La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) a publié son rapport annuel sur le sujet. Selon elle, le coût de la rentrée étudiante s’élève, pour 2024, à un peu plus de 3 150 euros pour un étudiant non boursier et ne vivant pas chez ses parents. Cette hausse de 3,79% par rapport à 2023 est principalement due à une augmentation des loyers et du matériel pédagogique. Comment les étudiants vivent-ils cette augmentation, quand on sait qu'ils ne mangent pas toujours à leur faim ?
Les clubs sportifs croulent sous les demandes d'inscription. L’engouement suscité par les Jeux paralympiques a généré 15 à 18% de licenciés en plus dans les clubs. À Cergy Pontoise, dans le nord de Paris, un club de badminton prône le sport inclusif : les valides jouent avec des sportifs en situation de handicap. Le club Les Volants de Cergy a trois priorités : l'insertion des jeunes issus des quartiers, le développement de la pratique féminine et la pratique handisport. La section para badminton, née en 2021, est portée par Méril Loquette, n°4 mondial. Ce qui lui a valu le label fédéral « Club inclusif ».
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Impliquer des collégiens sur les grands sujets de société qui les concernent comme les addictions, le harcèlement ou encore la discrimination, c'est ce qu'a souhaité faire l'association le Gao de Nanterre. En réalisant quatre petits films écrits, tournés et montés par les collégiens. Quatre films réalistes sur leur quotidien et les problèmes qu'ils peuvent rencontrer tous les jours. Ils ont été projetés au théâtre des Amandiers à Nanterre cet été. Camille Hurcy a assisté à la projection.
Dans le hall du théâtre des Amandiers, à Nanterre, dans la banlieue parisienne, les 16 collégiens se préparent. Dans quelques minutes, les quatre courts métrages qu'ils ont réalisés vont être projetés sur l'écran géant installé pour l'occasion. « On est parti du constat, en équipe, que l'on voulait sensibiliser les jeunes, mais aussi les voir à l'action », explique Fretas, l'un des éducateurs spécialisés de l'association Le Gao du Petit Nanterre qui est à l'initiative de ces spots de sensibilisation.
Les collégiens, qui ont été mobilisés pendant deux semaines en avril, « sont venus librement faire le projet sur leurs heures de vacances, explique Laurence Moreau, éducatrice spécialisée. C'est quelque chose de très positif pour nous, voir un peu comment l'action de ces jeunes peut être positive à l'échelle d'un quartier », se réjouit-elle.
Ces longues heures de tournage ont permis aux collégiens de s'investir dans un projet pédagogique de longue haleine, mais pas seulement. « Cela a permis aussi pour nous, éducateurs, de voir le potentiel de ces jeunes et de faire en sorte qu'ils puissent découvrir le monde du cinéma, se félicite Laurence Moreau. Parce qu'ils ont fait plein de choses ! Ce film, c'est vraiment quelque chose qui leur appartient. »
Chacun a en effet été mis à contribution. « À un moment donné, j'ai filmé pendant que deux acteurs marchaient. J'étais dans le coffre d'une voiture en train de filmer tandis que la voiture roulait », raconte ainsi Ibrahim, 15 ans. À côté de lui, son camarade Sofiane explique rêver depuis toujours de devenir acteur, mais ce n'est pas la seule chose qu'il tire de son expérience autour des conduites à risque : « Moi, ce qui m'a beaucoup choqué, ce sont les dangerosités des puffs [cigarettes électroniques à la mode chez les collégiens, ndlr]. C'est un sujet qui touche beaucoup mon entourage, surtout mes amis. Je me suis dit que, si personne n'y allait, il fallait que moi, j'aille à la pêche aux informations pour ensuite aller les voir. Maintenant, je leur dis que ce n'est pas bien ! ».
Une étole orange autour du cou, Jenny Khalid prend la parole après la diffusion du film consacré au cyberharcèlement, un sujet douloureux pour la mère d'Alisha, jeune victime de harcèlement, frappée et jetée dans la Seine, à Argenteuil, en 2021. « Ma fille, je le dis chaque fois, n'est pas partie pour rien. Cela peut arriver à tout le monde. Moi, je suis là pour délivrer ce message, je voudrais que cela s'arrête », explique-t-elle à l'auditoire. En mémoire de sa fille et pour faire de la prévention, Jenny Khalid vient de créer l'association Alisha Forever.
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Chaque hiver, en France comme dans le reste de l’Europe, 20 à 30% des colonies d’abeilles meurent, deux fois plus que la moyenne. Une surmortalité due directement ou indirectement aux activités humaines comme le changement climatique, l’utilisation de pesticides, mais aussi l’arrivée d’espèces invasives. L'ennemi numéro 1 s’appelle le Varroa Destructor. Venu d’Asie du Sud-Est dans les années 1980, il a désormais colonisé le monde entier.
Quelques coups de soufflet pour enfumer les abeilles, les engourdir. La ruche ouverte semble d'emblée en mauvais état aux spécialistes tel Benjamin Basso. « On voit déjà que la taille de la colonie est plus réduite, montre-t-il. On voit que les abeilles ne couvrent pas autant de cadres. Vous avez là une colonie qui a du mal à élever correctement ses abeilles. » Son travail est d'estimer le nombre d'abeilles par colonie et compter leurs parasites, les Varroas Destructor. À côté de lui, Fanny Mondet, spécialiste de l'abeille, chapeaute le projet à l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
« Tous ces petits points marron là, et si vous vous approchez, vous les voyez gigoter avec leurs pattes, ce sont des Varroas Destructor, montre-t-elle. Les varroas sont des acariens, la même famille que les poux qu'on peut avoir dans les cheveux quand on est enfant. Ce petit acarien se nourrit du sang des abeilles et ce faisant, il les affaiblit. Il transmet aussi des virus qui affaiblissent un peu plus les abeilles et qui peuvent conduire à la mort des individus et de la colonie. »
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À peine 2 ou 3% de varroa peuvent faire chuter la production de miel. Si l'apiculteur ne réagit pas, les varroas peuvent détruire une colonie en un mois seulement. L'ennui, c'est qu'ils commencent à être résistants aux traitements disponibles. Les chercheurs s'intéressent donc désormais à certaines abeilles capables de résister naturellement aux parasites. Elisa Pal tente de sélectionner ces abeilles au comportement dit hygiéniste, capables de détecter les alvéoles dont les larves sont infestées.
« Elle est venue commencer à manger la nymphe, décrit-elle Une fois qu'elle aura fini de tout manger, la cellule sera complètement nettoyée. C'est leur seul moyen de défense contre les pathogènes et les parasites, dont le Varroa. Il y aurait surtout des phéromones qui seraient impliquées dans ce comportement hygiénique. »
Objectif : isoler et répliquer ces phéromones, des molécules émises par les abeilles pour communiquer entre elles, pour de futurs traitements naturels. Il ne s'agit pas seulement d'assurer la production de miel, rappelle Thierry Caquet, directeur scientifique environnement à l'Inrae, mais d'assurer « le rôle essentiel, pour l'agriculture, de la pollinisation par les abeilles, notamment les abeilles domestiques. Ce rôle est fondamental, car sans elles, tout un ensemble de cultures ne pourront plus être réalisées sur notre territoire. »
D'après les experts apicoles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des abeilles.
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Les Bouches-du-Rhône sont le premier département en nombre de véhicules volés selon un groupement d'assureurs français. Les modèles les plus convoités sont aussi les plus vendus. Les véhicules ciblés, entiers ou désossés, alimentent généralement les pays de l'Est et l'Afrique depuis Marseille.
Ismaël est accroupi au-dessus de sa boite à outils, en train de fixer de nouvelles gentes sur sa voiture. « Sur l'ancienne, on m'a pris la batterie », explique cet habitant d'un quartier pavillonnaire du nord de Marseille. Des vols qui ne se limitent pas aux simples pièces détachées : « Ils ont volé deux scooters à mon fils, se lamente-t-il. On les a retrouvés dans le 15e arrondissement, avec des gamins qui se baladaient avec ! »
Ismaël est loin d'être un cas isolé dans la capitale des Bouches-du-Rhône, premier département de France en nombre de véhicules volés, une ville souvent associée aux phénomènes de délinquance. Dans le 11e arrondissement de Marseille, Jeannot est aux fourneaux de son restaurant. « J'avais une Mercedes, une Classe A, que je garais devant chez moi. Le lendemain matin, plus de contact, rien ! Ils avaient arraché le faisceau électrique. Depuis, je mets la voiture au garage », grince-t-il en se remémorant ces mauvais souvenirs, sachant que le coût du garage lui revient à une cinquantaine d'euros par mois. « Même pour l'assurance, il a fallu payer une franchise supplémentaire ! », se désole le restaurateur.
À quelques kilomètres, Éric est garagiste. Musique des années 80 en fond sonore dans l'atelier, blouse de travail grise, il fait tourner sa clé à molette dans la main en parlant des pièces détachées volées ces derniers mois. « Il y a beaucoup de vols, d'airbags, des optiques, d'afficheurs dans les tableaux de bord, de GPS, les écrans, tout cela, énumère-t-il. C'est la maladie de nos jours ! »
8% des voitures volées sur la totalité du territoire français en 2023Un constat partagé par Bernard Leclerc, président d'Argos, groupement d'assureurs spécialisés sur les vols de véhicules : « C'est là où on rencontre le plus de vols, confirme-t-il. Il y a eu 9 236 vols dans les Bouches-du-Rhône. » Ce qui représente 8% des voitures volées sur la totalité du territoire français en 2023. Un nombre de vols qui s'explique notamment par deux facteurs, selon Bernard Leclerc, la densité de population, premièrement, et la particularité de Marseille, son histoire et son port, d'où part une grande partie des véhicules volés, vers l'Afrique principalement.
Des vols de pièces détachées ou de voitures entières, organisées parfois en véritable réseau, du voleur jusqu'au garagiste. « Au cours d'une nuit, quatre véhicules d'une même marque et d'un même modèle qui peuvent se faire voler tous les quatre, leur capot et moteurs démontés, sur la même commune, et tout cela de manière très propre, explique Constant Caylus, chef de la gendarmerie des Bouches-du-Rhône. C'est démonté pour être remonté ensuite sur d'autres véhicules. C'est là que l'on voit, des enquêtes l'ont démontré, qu'on a des vraies filières. »
Voiture la plus vendue en France en 2023, la Renault Clio arrive logiquement en tête des voitures les plus volées, mais les voleurs peuvent aussi jeter leur dévolu sur des modèles plus haut-de-gamme ou des motos, des scooters… « Ce sont souvent des véhicules de marque, selon le chef de la gendarmerie. Vous avez derrière des gros profits qui sont générés parce qu'une pièce qui est remontée avec une valeur neuve, alors qu'elle est en fait une pièce volée, est une pièce qui ne coûte rien. » L'occasion pour lui de rappeler qu'en France, un fait de délinquance sur six est lié à l'automobile.
À écouter aussiFace aux gangs à Marseille, «on ne peut pas se limiter à des opérations ponctuelles»
C'était la dernière cérémonie de ces Jeux 2024. Dimanche 8 septembre au soir, la flamme olympique s'est définitivement éteinte à Paris. L'occasion d'une dernière soirée sous le signe de la fête au Stade de France, sous la pluie également, comme dans la fan zone de l'hôtel de ville, où les spectateurs étaient partagés entre joie et nostalgie.
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