Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
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Un procès hors norme s’ouvre ce jeudi 7 novembre à Marseille, celui de la rue d’Aubagne, six ans presque jour pour jour après la mort de huit personnes dans l’effondrement de deux immeubles en plein centre-ville. Depuis, des dizaines d’associations et collectifs de citoyens se mobilisent, car le drame est devenu un symbole de la lutte contre les logements indignes.
Impossible d’ignorer la dent creuse de la rue d’Aubagne, cet espace blanc laissé par les bâtiments 63 et 65, qui tranche avec le ciel bleu de Marseille. Six ans après le drame, une centaine de personnes écoutent les proches des huit victimes.
Une proche de Fabien Lavieille a laissé un message : « Le 5 novembre 2018 à 8 h 55, Fabien a appelé sa maman, car il ne parvenait plus à ouvrir la porte de son appartement [...] Il a littéralement vu l’immeuble lui tomber dessus sans rien pouvoir faire. Sa maman n’a jamais eu la force de revenir à la rue d’Aubagne [...] mais elle aurait souhaité dire à quel point elle a été touchée par la mobilisation citoyenne et par tout ce que les collectifs ont réalisé. »
Soutenir la justiceC’est dire l’importance qu’a pris la société civile dans la lutte contre l’habitat indigne : il y a eu un avant et un après le drame, confirme l’avocate Chantal Bourglan, désormais retraitée. Elle lutte depuis des années contre les logements indignes et s’est occupée des dossiers de certaines familles de la rue d’Aubagne : « Ça a été un électrochoc pour la société civile marseillaise de voir qu’une ville d’une importance telle que Marseille pouvait avoir tant de logements indignes, dangereux pour la vie et la santé des gens. Et là, c’est vrai qu’il y a eu un mouvement très fort à partir du collectif et ça a changé énormément de choses quand même »
Les bénévoles ont aussi été un soutien majeur pour les avocats. Ils ont aidé à constituer des dossiers, pour le procès ou pour aider une partie des 8 000 personnes délogées dans la vague d’évacuations d’immeubles délabrés qui a suivi le drame. « Toutes ces associations, ces collectifs, nous ont beaucoup aidés pour monter les dossiers parce que les personnes n’étaient pas en capacité, vu le traumatisme qu’elles avaient subi, de réunir des documents, les preuves, les éléments, savoir vers quel avocat, vers quelle structure aller », abonde Chantal Bourglan.
À écouterDrame de la rue d’Aubagne à Marseille: «Une rupture sociale et une rupture politique»
Prévention directe chez l’habitantLes associations planifient leurs actions grâce aux réseaux sociaux, notamment sur WhatsApp. Elles organisent des séries d’ateliers ouverts à tous sur l’habitat indigne, ou encore des porte-à-porte pour vulgariser les enjeux du procès qui commence ce jeudi 7 novembre.
Un travail de prévention qui passe aussi par une vigilance directe chez les habitants de Marseille. Mélina Foubert est cheffe de projet à l’association des Compagnons bâtisseurs Provence, qui pratique l’auto-réhabilitation accompagnée, c’est-à-dire la réparation par les locataires : « On travaille sur des visites à domicile qui nous permettent de faire des diagnostics dans les logements, et de pouvoir flécher des travaux à la charge des locataires. On les accompagne à ce niveau-là. Et aussi pour faire valoir les droits des locataires sur des désordres au bailleur, d’engager des médiations, voire plus si l’on voit que le propriétaire ne réalise pas les travaux nécessaires. »
Le soutien des citoyens n’est pas que logistique, mais aussi émotionnel. Ouafa Labbani a habité quatre ans dans un logement insalubre et témoigne régulièrement dans des ateliers. Le collectif des habitants du 3ᵉ arrondissement de Marseille, le CHO3, l’a accompagnée dans cette période difficile : « J’ai payé des marchands de sommeil. [Le CHO3] ils m’ont toujours poussé, ils me disaient “tu es une maman forte, essaye de patienter, tu vas réussir”. Ils ont couru avec moi, à gauche, à droite ».
Élargir l’enjeuLes associations sont en contact avec des habitants de Lille, Grenoble et même de Californie, qui sont intervenus dans le quartier juste avant le procès pour témoigner lors de tables rondes sur les situations de leurs villes respectives.
Pour Kevin Vacher, membre du Collectif du 5 novembre et habitant du quartier de la rue d’Aubagne, l’habitat indigne est partout. « Le procès va le démontrer parce qu’il met l’ancienne mairie de Marseille sur le banc des accusés. Mais il y met aussi un syndic, un bailleur social, des copropriétaires, un expert. Et ça, c’est caricatural des situations de l’habitat indigne qu’on connaît partout en France, voire dans le monde, c’est l’occasion pour nous de discuter de la systémie de l’habitat indigne », explique le militant.
Aujourd’hui, les choses bougent peu à peu à Marseille, avec une charte pour protéger les personnes délogées, mise en place grâce au travail des habitants, des collectifs et des associations.
Le procès va durer jusqu’au 18 décembre : il compte 87 parties civiles et devra déterminer la responsabilité de 16 prévenus, dont un adjoint de Jean-Claude Gaudin, le maire de l’époque. Une étape marquante, une parmi les nombreuses qui ponctuent le long chemin de la lutte contre l’habitat insalubre : au moins 600 000 logements sont encore considérés comme indignes en France.
À écouter dans 8 milliards de voisinsSommes-nous trop nombreux pour vivre dans un habitat décent?
Quatre ans après le meurtre du professeur Samuel Paty, le procès des complices présumés du terroriste s’ouvre ce 4 novembre à la cour d’assises spéciale de Paris. Comment continuer à enseigner après le traumatisme ? Comment enseigner la laïcité à l'école en France ?
Pour des raisons de sécurité, le nom du collège et du professeur d'histoire interviewé dans ce reportage ne sont pas donnés. Les prénoms des élèves ont été changés.
Il y a quelques semaines, un débat sur la laïcité était organisé entre des élèves de 3ᵉ et leur professeur dans un collège parisien dans le cadre d'un cours d'éducation civique. L'éducation civique, c'est la matière qu'enseignait Samuel Paty, enseignant en histoire assassiné vendredi 16 octobre 2020 pour avoir montré des caricatures à ses élèves.
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Ce débat sur la laïcité est animé. Une fesse posée sur le coin d'une table, le professeur écoute attentivement ses élèves. Émilie ne comprend pas pourquoi on ne peut pas porter de signes religieux en classe. « Je trouve qu'il faudrait limiter les paroles et pas les vêtements, parce que les vêtements, en soi, ça n'influence pas et c'est juste pour pratiquer sa religion », opine l'adolescente.
L'enseignant revient sur la question du prosélytisme : « S'il n'y a pas d'intentionnalité, peut-être, marquée d'influencer, l'influence se fera par destination, peut-être, et auquel cas, on briserait le côté neutre de l'école, grâce auquel vous pouvez exercer votre libre arbitre et ne subir aucune influence, quelle qu'elle soit. C'est ça l'esprit de la loi », analyse le professeur.
Aminata enlève la main de sa bouche et intervient : « La laïcité, elle dit nous protéger, mais est-ce qu'elle protège les jeunes femmes voilées françaises ? Car à l'entrée du collège, on les force à enlever leur second bout de peau, leur voile. Leur voile, c'est identitaire, ça fait de mal à personne. »
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« On devrait pouvoir exprimer notre différence en classe pour qu'il y ait moins de discrimination »Pour Mélanie, la laïcité implique la neutralité, ou presque. « Pour moi, la neutralité, ça ne devrait s'appliquer que dans l'apprentissage, pour qu'on ait tous des bases neutres d'apprentissage, argumente-t-elle. Mais je ne pense pas que les élèves devraient être neutres, parce qu'on est tous différents et qu'on devrait tous pouvoir exprimer notre différence en classe pour qu'il y ait moins de discrimination. »
Le professeur rebondit sur l'intervention de l'adolescente : « Bravo, parce que c'est une question qu'on n'avait pas encore évoquée. Évidemment, on l'a fait en cours sur la neutralité des enseignements. Souvenez-vous de ce que je vous ai dit. Par exemple, en sixième, on étudie l'évolution de l'humanité. Tel ou tel commence à dire que ce n'est pas le respect de ses croyances et va quitter le cours... »
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Cette remarque relance le débat, une élève répond au professeur : « On est obligés d'écouter ce que vous nous dites, mais on n'est pas obligés d'y croire. Par exemple, que nous, on descende des singes, je n'y crois pas. »
Le professeur de conclure à ce propos : « Tu essaies de manifester la différence entre croyance et savoir. Oui, tu peux savoir sans que ça entame tes croyances. Mais pour le savoir scientifique, tu as les moyens de vérifier. »
Ces élèves de troisième avaient neuf ou dix ans lorsque Samuel Paty a été assassiné. Cette collégienne revient sur les caricatures de Mahomet que Samuel Paty avait montré pendant un cours sur la liberté d'expression. « Le professeur a essayé d'expliquer que si vous ne voulez pas regarder, c'est votre choix. Il respecte les convictions de tout le monde. Sauf que là, il a été tué pour quelque chose qu'il n'a pas fait. »
C'est la fin du cours, les élèves bondissent de leurs chaises. Au moment de partir, Aminata recouvre ses cheveux avec sa capuche. L'enseignant, debout, les bras croisés, lui demande de l'enlever.
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C’est l'un des sites les plus touristiques de Paris : près de 600 000 visiteurs descendent chaque année dans la pénombre des catacombes. Ce site historique abrite les os de plusieurs millions de personnes mortes à Paris entre les Xe et XVIIIe siècles. Actuellement, le lieu fait l'objet d'un programme de rénovation historique, car les murs d'ossements sont fragiles et peuvent se dégrader. Car l'os, matière organique, s'abime. C'est un travail minutieux et de grande ampleur qui s’achèvera en 2026. Visite guidée avec, à 20 mètres sous terre, Isabelle Knafou, administratrice des lieux.
Pour aller plus loin : Catacombes de Paris
Il a marqué les esprits lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Zeus, le cheval d'acier, est exposé depuis le 1er octobre au Château de Versailles. Comme un clin d'œil aux épreuves équestres qui ont eu lieu dans les jardins du château et à l'exposition Le Cheval en Majesté, qui se tient au même endroit jusqu'à début novembre, Zeus semble à sa place. Et une chose est sûre, il ne passe pas inaperçu.
«Zeus» au Château de Versailles
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Le Salon international de l'alimentation (Sial), qui se tient tous les deux ans à Paris, s'est déroulé la semaine dernière au Parc des expositions de Villepinte, au nord de la capitale. Cinq jours pendant lesquels l'ensemble des acteurs du secteur agroalimentaire se sont réunis pour parler business, innovation ou pour réfléchir sur des solutions à apporter à des problématiques du secteur. Sur 3 700 participants, seule une soixantaine de pays africains étaient présents. En Afrique, la grande majorité des emplois agricoles est occupée par des femmes. Et pourtant, elles sont peu nombreuses à participer à des événements comme le Sial. Mais cette année, une tendance se dessine. Malgré de multiples difficultés telles que l'accès aux terres et aux financements, de plus en plus de femmes relèvent le défi de l'entrepreneuriat agricole, un secteur jusque-là réservé aux hommes.
C'est une nouvelle génération de femmes africaines engagées et très motivées qui participe pour la première fois au Sial. Née au Congo, Sandrine Vasselin Kabonga a quitté son travail de conseillère financière il y a une dizaine d'années pour fonder Misao Spices, une entreprise de production et de distribution d'épices d'Afrique centrale, et surtout de la République démocratique du Congo :
« En RDC, on n'a pas de filière de production des épices professionnelles comme elles peuvent exister à Madagascar, Zanzibar ou en Asie. Donc c'est vraiment de l'agroforesterie. C'est travailler avec les communautés locales, les communautés paysannes, les producteurs. On va cueillir, sécher, faire toute la transformation si je puis dire localement, donc créer de l'emploi autour de ça. Mais on reste sur le marché de niche, donc vraiment sur des produits de qualité. »
Les modes de consommation changent...Des produits de qualité, c'est également ce que Lydia Mérouche veut promouvoir dans son pays. Après avoir été avocate pendant plusieurs années, cette Algérienne a fondé en 2016 Fossoul Agricol, une société spécialisée dans la production de fruits et légumes bios de saison :
« Ma présence aujourd'hui ici au Sial représente mon engagement dans l'alimentation, l'alimentation en Algérie, l'alimentation en Afrique, et tout simplement l'alimentation durable. Parce qu'on sait aujourd'hui que l'alimentation durable est un enjeu environnemental et un enjeu de santé publique et notre santé en dépend. Et la santé passe aussi par ce qu'il y a dans nos assiettes. Et c'est pour ça qu'en tant qu'avocate, j'ai décidé de ranger ma robe et d'enfiler mes bottes d'agricultrice pour militer pour une agriculture saine et durable en Algérie et en Afrique. »
... pour une recherche de qualité authentiqueJessica Allogo est une autre entrepreneure africaine présente au Sial. Cette ancienne ingénieure dans l'industrie pétrolière a créé il y a huit ans les Petits Pots de l'Ogooué, une entreprise de transformation agroalimentaire au Gabon :
« C'est vrai que les premières années, c'était difficile... L'accès au marché n'était pas simple. Mais en huit ans, j'ai beaucoup vu le paysage changer, les modes de consommation changer. Le consommateur africain aujourd'hui est vraiment en quête de produits plus authentiques, de produits locaux qui valorisent le patrimoine, et il y a aussi une notion vraiment de solidarité, d'accompagner les entrepreneurs locaux et de participer finalement à l'économie et à faire vivre des transformateurs comme nous et, du coup, d'améliorer les conditions de vie des communautés. »
Hommes ou femmes, il y a de la place pour tout le monde dans le secteur agricole. Jean-Luc Luboya Tshichimbi est producteur et exportateur de fruits et légumes à Kinshasa en RDC. « Nos activités, c'est plus dans les produits frais, on a 30 % du marché local sur Kinshasa et on a 70 % sur l'exportation », explique-t-il.
Un taux d'exportation qui devrait augmenter, car ce producteur congolais a pu signer de nouveaux contrats lors du Sial.
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Les hôpitaux publics de tout le pays sont appelés à faire grève ce mardi 29 octobre. Les débats parlementaires sur le PLF (projet de loi de finances) et le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), vont durer jusqu’en décembre. Dans les hôpitaux, la profession est d’ores et déjà inquiète et appelle à la grève ce mardi 29 octobre. Le personnel de l’hôpital psychiatrique Édouard Toulouse, dans les quartiers nord de Marseille, compte bien se joindre au mouvement.
De notre correspondante à Marseille, Sophie Bourlet,
À Marseille, le personnel de l’hôpital psychiatrique d’Édouard Toulouse a de bonnes raisons de rejoindre la grève nationale : dans moins d’un mois, 25 lits vont être supprimés. C’est la moitié des 50 actuels, pour plus de 100 000 habitants dans les quartiers nord. Alors que la santé mentale des Français continue de se dégrader, pour les patients, pas facile de trouver un rendez-vous. Julia, 24 ans, vient consulter à l’autre bout de la ville. Elle regrette le manque de psychiatres. « Il n’y a pas de nouveaux psychiatres, il n’y a pas de nouvelles choses qui sont faites malheureusement. Je ne blâme pas les psychiatres parce qu’ils font comme ils peuvent. Mais il y a un manque cruel. »
Olivier Boyer, du syndicat FO, fait les comptes : il ne reste aujourd’hui qu’un tiers des lits présents en 1985, quand il a commencé à travailler. Selon lui, la situation n’est pas tenable. « Les refus d’hospitalisation, donc des patients en crise à qui on dit : “Non, on ne peut pas te prendre”, ces patients vont être suivis à domicile, donc ça va être très lourd pour les collègues, s’indigne-t-il. Et à mon avis dangereux, parce qu’il faut quand même avoir en tête que dans les cités des quartiers nord, certains n’y rentrent pas. »
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« Il y a des patients qui nous sortent des armes »Un risque pour les patients, comme pour les soignants. Kader Benayed, du syndicat majoritaire Sud Santé, rappelle que l’hôpital Édouard Toulouse se trouve dans l’un des territoires les plus pauvres de France, une zone particulièrement sensible. « J’ai vu trois faits divers en deux jours, trois faits divers, insiste-t-il. C’était trois personnes qui étaient connues de nos services. Ils avaient besoin de soins et on a dû à un moment donné les faire sortir pour faire entrer un patient qui était plus en crise. »
De plus, selon le syndicaliste, il y a de plus en plus de patients avec le statut de D.398, c’est-à-dire le statut de détenu. « Il y a des patients qui nous sortent des armes, il y a des points de deal à l’intérieur des unités de soins. Quand la famille arrive pour voir les patients et qu’on leur dit non, souvent, les soignants se font menacer. 30 patients pour trois soignants. C’est vrai que quand on est médecin, quand on arrive avec des patients qui sont beaucoup plus compliqués qu’ailleurs en France et qu’on a trois soignants, c’est très compliqué. »
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Une pénurie de personnel médicalDes conditions d’exercice qui n’attirent pas de nouveaux médecins. Ce sont eux qui le disent, ils assurent aujourd’hui le travail qui devrait être celui d’une équipe deux fois plus grande. Le directeur de l’hôpital Thierry Acquier rappelle que c’est justement le départ d’un médecin qui a précipité la fermeture de l’unité. « Moi, si demain je retrouve cinq praticiens hospitaliers en psychiatrie, je rouvre la totalité des lits qui sont fermés, affirme-t-il. Alors la tendance, c’est la fermeture de lits dans les hôpitaux publics, elle existe depuis un certain temps, mais elle est essentiellement liée à la pénurie de personnel médical. Ce n’est peut-être pas satisfaisant, mais je ne crois pas qu’on reviendra à l’âge d’or d’il y a 20 ans. »
Alors que le gouvernement s’apprête à réaliser des milliards d’euros d’économies, les syndicats hospitaliers craignent des retombées économiques sur un secteur déjà fragile, qui suscite de moins en moins de vocations.
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Gérard Depardieu, accusé d'agressions sexuelles sur deux femmes lors du tournage Les Volets verts en 2021, est jugé à partir de ce lundi 28 octobre par un tribunal correctionnel. En plus de ces plaintes, l'acteur français fait l'objet de dizaines d'accusations pour agressions sexuelles et viols. Depuis #MeToo, la parole se libère. Cependant, sur les plateaux de tournages ou dans les salles de spectacles, l'omerta continue et les agressions ne sont pas en baisse, selon les militantes féministes. À Évreux, les comédiennes et membres du collectif MeTooThéâtre répètent leur spectacle Les Histrioniques.
Sur la scène faiblement éclairée, les comédiennes répètent, texte en main. L’une d’elles, Louise Brzezowska-Dudek, porte un tee-shirt large, sur lequel est dessiné un grand requin blanc, la mâchoire ouverte. La pièce s’appelle Les Histrioniques, un titre (mystérieux) que la jeune femme explique. « Histrioniques, c’est un mot qui est utilisé en psychiatrie et dans les expertises psychiatriques, plus précisément pour stigmatiser les victimes de viols. »
Car c’est bien ce que raconte la pièce : le viol d’une comédienne qui se tourne vers les membres du collectif MeTooThéâtre, pour leur demander de lui venir en aide. Le texte résonne dans la salle de répétition : « Elle est partie chercher ses affaires, il l’a rejointe dans les loges, en bas. Sans rien dire, il avait fondu sur elle. »
Cette pièce, c’est aussi l’histoire de femmes qui luttent ensemble contre les violences sexistes et sexuelles.« On a décidé d’écrire, de mettre en scène, de jouer toutes ensemble, explique Séphora Haymann, l’une des comédiennes. On joue et on raconte une affaire de violence dans le milieu du théâtre qu’on suit et qui est “une affaire type”. »
« On reçoit des témoignages d’il y a trente ans autant que d’il y a deux ans »
MeTooThéâtre fête ses trois ans cette année. « Au départ, le MeTooThéâtre, c’était vraiment pour visibiliser des affaires qui, dans le milieu, ne se partageaient pas, note Marie Coquille-Chambel, doctorante en étude théâtrale et l’une des figures du mouvement. Avec Les Histrioniques, elle fait ses premiers pas sur les planches. Elle poursuit : « Et au fur et à mesure, on a commencé à faire de l’accompagnement de victimes, on a prévenu des structures de faits de violences commis par leurs employés, etc. Donc ça a pris une tournure beaucoup plus large que juste la simple visibilisation qu’on voulait faire au début. »
Il y a eu le hashtag MeTooThéâtre, de nombreuses révélations, un livre, des mises en examen... mais, selon ces femmes, le combat n’est pas terminé. « Ca ne faiblit pas, on reçoit des témoignages d’il y a trente ans autant que d’il y a deux ans, ou d’il y a deux semaines, observe Marie Coquille-Chambel. On reçoit aussi beaucoup de personnes qui nous écrivent sans savoir vraiment ce qu’elles veulent faire. »
Des jeunes générations qui se fédèrent et n’acceptent plus les rapports de violenceSéphora Haymann a tout de même de l’espoir : dans les écoles, la jeune génération fait peu à peu bouger les choses : « Les élèves ne sont plus du tout en mesure d’accepter des rapports de violences dans le travail. Ils et elles se fédèrent pour passer des informations sur des profs ou des formateurs qui seraient problématiques, relate la comédienne. Ils et elles se fédèrent en classe pour dire : "Ça on n’accepte pas, ça on est pas d’accord, on ne veut pas bosser avec telle personne". »
Désormais, les formations sont obligatoires dans les structures culturelles. Il doit y aussi y avoir des référents. Et partout, des brochures et guides d’informations sur ces violences. « Oui, c’est bien, la formation est essentielle, mais tant que loi n’évolue pas, tant que les condamnations n’évoluent pas, tant que la culture du viol est toujours à l’œuvre, les choses n’avanceront pas », dénonce Séphora Haymann.
Les requêtes du collectif sont nombreuses, les militantes demandent entre autres de rappeler aux directeurs des théâtres, compagnies ou écoles, qu’ils doivent protéger toutes personnes se disant victimes de violences.
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À écouter dans Le Débat du jour#MeToo et cinéma : quel est le problème ?
En France, l'Aide sociale à l'enfance du département du Nord est à nouveau pointée du doigt. À côté de Dunkerque, une soixantaine de mineurs étrangers ont été placés sans accompagnement dans un hôtel désaffecté. Sans école, sans formation, sans activités ludiques pour occuper leur journée, ces jeunes exilés sont livrés à eux-mêmes depuis plusieurs mois alors que cet hébergement devait n'être que provisoire. La Ligue des droits de l'homme a saisi la Défenseure des droits pour leur venir en aide.
De l'extérieur, cet ancien hôtel Formule 1, près de Dunkerque, n'a pas beaucoup changé. Certes, l'enseigne qui surplombait la façade a été démontée et les clients n'y viennent plus. Mais les chambres de ce bâtiment en crépi jaune pâle qu'on aperçoit au bord de la route sont toujours occupées.
Sur le rebord des fenêtres, des baskets et des vêtements d'adolescents sèchent au soleil. 60 à 80 jeunes mineurs non accompagnés y sont hébergés, selon l'antenne locale de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Sabine Donnaint, sa présidente, est allée sur place au mois de mai. « Le premier contact que j'ai eu, c'est deux jeunes, un Afghan et un Malien, qui étaient là depuis quatre mois déjà, donc sans avoir réalisé les tests pour pouvoir aller à l'école, et eux, c'est ce qu'ils voulaient : aller à l'école, pouvoir avoir une formation. On leur disait que ce n'était pas possible parce qu'ils ne savaient pas s'ils allaient rester sur le dunkerquois ou être envoyés aux quatre coins de la France. »
L'un des jeunes témoigne via un message WhatsApp envoyé à RFI : « Je ne vais pas à l'école, je ne fais rien... Même la nourriture, c'est un problème, les habits, on ne m'en donne pas, on n'est pas bien vêtus, même les chaussures, on ne nous en donne pas… On souffre ici. »
En France, lorsqu'un jeune exilé est évalué mineur, c'est l'Aide sociale à l'enfance qui prend le relais. Elle est pilotée par les départements et se charge de trouver un logement et de l'inscrire à l'école ou en formation. Mais dans cet ancien hôtel, aucun de ces dispositifs n'a été mis en œuvre.
« À chaque fois, ils nous disent qu'ils ne peuvent rien faire tant qu'on n'a pas encore été transférés, qu'on ne peut pas partir à l'école et qu'on ne peut pas s'occuper de nous, témoigne le même jeune, toujours via WhatsApp. Quand on se réveille le matin, on va prendre notre petit-déjeuner à 8 h, dès qu'on a fini de manger, on rentre dans notre chambre, on va se coucher. Nous sommes deux dans la chambre, on ne fait rien ici, on vit très mal ici. »
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Des jeunes qui redoutent de recevoir une OQTF pour leur 18ᵉ anniversaireL'association Coallia, qui est conventionnée pour accompagner ces mineurs, n'a que partiellement répondu aux questions de RFI. Selon elle, il est « difficile de mobiliser les établissements scolaires » puisque les jeunes ne sont censés rester sur ces dispositifs que pour cinq jours maximum. Pourtant, ceux que nous avons contactés sont là depuis au moins quatre mois et ont loupé la rentrée scolaire.
Coallia assure également que « l'équipe encadrante propose des activités aux jeunes », sans préciser lesquelles. Interrogé à ce sujet cette semaine, un autre adolescent dément : « Il y a des cours de français à la Médiathèque, ils ont commencé ça hier », mais rien d'autre. L'association reconnait que les activités sont « délicates à mettre en place, car la convention actuelle est reconduite par période de trois mois », ce qui poserait des problèmes de gestion des effectifs.
Pas de réponse sur le nombre de personnels encadrants présents dans l'établissement, mais les mineurs qui y vivent disent ne pas pouvoir compter le nombre d'éducateurs qui se succèdent au quotidien, embauchés pour des contrats très court, parfois à la journée.
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« Pour ces mineurs, il y a un enjeu qui est totalement déterminant, affirme Bernard Champagne, co-président de la Ligue des droits de l'homme à Dunkerque, très préoccupé par cette situation. Quand ils vont avoir 18 ans, l'obtention de leur titre de séjour est aussi tributaire du parcours scolaire éducatif dans lequel ils sont. S'ils n'y sont pas, il y a une argumentation ouverte par la préfecture en disant qu'ils ne sont pas dans un processus d'intégration et d'insertion et donc, qu'ils n'auront pas de titre de séjour. » Il ironise : « En revanche, avec délicatesse, on leur offre une OQTF. »
Et c'est cette OQTF, cette obligation de quitter le territoire, que redoutent certains de ces jeunes, coincés à l'hôtel, alors que leur 18ᵉ anniversaire approche à grands pas.
Dans ce département, les travailleurs sociaux estiment que 1 000 enfants sont en attente d'un placement convenable. La Défenseure des droits enquête d'ailleurs sur les dysfonctionnements de l'Aide sociale à l'enfance du Nord, depuis 2022.
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L'école inclusive, c'est plus de 436 000 élèves en situation de handicap accueillis dans les établissements scolaires. Ils sont trois fois plus nombreux qu'il y a 20 ans, mais le dispositif n'est pas à la hauteur. Faute de formation et d'accompagnement, les professeurs se disent démunis et en souffrance devant des classes déjà surchargées. Rencontre avec des enseignants d'une école primaire de Seine-Saint-Denis, en région parisienne. Ils se mobilisent pour dénoncer le manque d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Au-delà de ce problème particulier, le modèle d'école inclusive manque de moyens.
En fonction de l'importance de son handicap, un enfant peut être orienté dans un institut spécialisé, appelé institut médico-éducatif (IME), ou alors au sein de l'établissement scolaire dans une classe particulière dite ULIS, ou bien encore en classe « ordinaire » aidé d'un accompagnant.
Seulement voilà, dans cette école primaire comme ailleurs, l'engorgement se répercute en cascade : des enfants en attente d'IME vont en ULIS, et on scolarise en classe ordinaire des élèves qui n'ont pas de place dans les dispositifs faits pour eux, malgré des handicaps parfois très lourds.
Ainsi, Margaux, enseignante, accueille dans sa classe de CM2, une petite fille en grande difficulté : « J'ai fait une demi-heure de course poursuite dans l'école avec elle, puisqu'elle s'enfuit de ma classe. Je devais donc laisser ma classe aux soins de ma collègue parce que je ne pouvais pas être au four et au moulin. Ce sont des hurlements, des crises, des enfants qui se font taper aussi dans la classe. J'ai couru dans toute l'école et cela a été difficile de la rattraper. »
Impossible donc pour Margaux d'enseigner aux autres élèves... Comme elle, Clémence a une passion pour son métier et de l'énergie à revendre. Mais aujourd'hui, elle se sent démunie : « Cela devient très compliqué, car on va se retrouver avec des enfants de CM2 qui ont, par exemple, travaillé sur la division ou des notions un peu plus complexes à côté d'enfants non-lecteurs, avec lesquels il va falloir apprendre l'alphabet, les sons, la phonologie, explique l'enseignante. On va donc se retrouver avec des doubles, triples, quadruples niveaux, sans aucune formation supplémentaire pour les aider. »
Pénurie d'AESHSur le papier, un élève en situation de handicap devrait être épaulé par un AESH, un professionnel qui lui vient en aide, mais il en manque cruellement. Sarah est la maman d'Anna, atteinte du spectre autistique. En classe, elle est gênée par le bruit. Sa mère s'est battue pour qu'elle soit accompagnée jusqu'à présent : « Actuellement, elle n'a plus d'AESH, elle est complètement perdue. Sans compter que sa maitresse est en "burn-out", car la situation est très tendue. Elle est partie au bout de trois semaines. Actuellement, il y a un remplaçant et aujourd'hui, il est absent. C'est une situation vraiment dramatique. »
Émilie est une jeune femme souriante et douce. Comme toutes les AESH, elle est mal considérée et sous-payée. Elle s'occupe des 12 enfants de la classe ULIS de cette école primaire : « Aujourd'hui, on a des enfants qui demandent beaucoup d'attention et il faut qu'ils puissent avancer dans leur scolarité. »
L'équipe pédagogique ne rejette pas le principe de l'école inclusive, mais elle déplore le manque de moyens et de formation pour mettre en œuvre cette noble idée.
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En France, une femme migrante a 18 fois plus de risques de subir un viol que la population générale. Considérées comme des personnes étrangères avant d'être considérées comme des victimes, elles se battent quotidiennement pour obtenir les protections auxquelles elles ont droit. Des protections difficiles à obtenir rapidement des préfectures. Dans ce parcours du combattant qui se rajoute au traumatisme, l'association La Cimade ouvre chaque vendredi une permanence pour accompagner ces femmes victimes de violences sexuelles.
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