Le Ruban de satin bleu
Née à Saint-Just-la-Pendue, vivant à Montbrison, Nicole
Mercier-Thomasson nous livre ici son troisième roman.
C’est au bord de l’étang de la Cotille, à deux pas de
Montbrison et en mangeant une belle pomme rouge, que
Léonard Trémolin – qui plus souvent qu’à son tour avait
croqué bien d’autres pommes – fut arrêté par deux
gendarmes. Deux gendarmes à cheval et en bicorne. C’était
en pleine troisième République et alors qu’une division de la
flotte russe d’Alexandre III venait de débarquer à Toulon.
Ce qui n’a rien à voir sauf que l’événement situe l’époque,
les gendarmes à cheval et leur bicorne.
Depuis des décennies - au moins trois - Léonard Trémolin,
avec sa charrette, sa mule, son chien, son chat, son
perroquet, sans oublier son violon, arpentait les chemins de
Montbrison à Saint-Germain-Laval, de Noirétable à Saint-
Romain-le-Puy et proposait aux belles dames et aux autres,
dentelles, tissus, fils, aiguilles, boutons, onguents et
produits de beauté.
« Qu’est-ce que vous me voulez ? » Avait-il crié aux pandores venus l’arraisonner.
« Devine ? » Lui avaient-ils répondu avant de l’embarquer, entravé, les mains ficelées dans
le dos, à la prison la plus proche. Et c’est là, dans un cachot miteux qu’il avait fait
connaissance de trois allumés de première qui attendaient le bagne, Cayenne, la guillotine
ou ... la liberté. Il y avait Pierre un comptable qui s’était perdu pour une fille qu’au bout de six
mois il n’avait toujours pas déflorée, Lino un Italien du sud que sa femme venait de larguer
avec ses cinq enfants pour un veuf qui en comptait lui une demi-douzaine, et enfin un
troisième larron - « l’endormi » pour ses potes – auteur-inventeur-créateur d’une nouvelle
forme de vol à la tire, le vol sur vélo Hirondelle de Manufrance.
Lui, aussi innocent que l’agneau pascal, espérait rien moins que la liberté sauf que les
gendarmes venaient de découvrir le curé de Mornand le crâne fracassé et agonisant les
bras en croix dans sa cuisine. Un vieux père curé que connaissait bien Léonard et
réciproquement. Et comble de poisse, de malveillance ou de tout ce que vous voudrez, on
venait de retrouver l’arme du crime. Devinez où ? Je vous le donne en mille.
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