Livre de Job 9-10

Job reprend la parole pour répéter à quel point il respecte Dieu et ses volontés. Conscient de la grandeur de Dieu, respectueux de sa sagesse, Job reflète aussi le dialogue de la Bible avec les sagesses païennes, la sagesse grecque en particulier. Cependant, Job reste néanmoins accablé de détresse et ne peut taire sa plainte : « La vie me dégoûte, je veux donner libre cours à ma plainte, d’un cœur amer, je parlerai. Je dirai à Dieu : Ne me condamne pas, fais-moi connaître tes griefs contre moi. Est-ce un bien pour toi d’opprimer, de renier l’œuvre de tes mains et de favoriser les intrigues des méchants ? ». Job en vient à désirer ne plus vivre : « Suis-je un homme intègre ? Je ne sais plus moi-même. Vivre me répugne ». « Oh, que se réalise donc ma prière, que Dieu réponde à mon attente ! Que Lui consente à m’écraser, qu’il dégage sa main et me supprime ».

Eh oui, la détresse absolue peut conduire au désir d’en finir. S’il ne convient pas de demander des comptes à Dieu, il n’est pas interdit de crier sa peine devant lui.

Psaume 16

Au centre de la vie, l’âme s’ouvre à la joie et à la confiance en Dieu. La prière devient contemplation et reconnaissance, révélant la sécurité et le bonheur trouvés dans la présence divine. Même face aux incertitudes, la fidélité de Dieu éclaire chaque pas et fortifie le cœur.

Évangile de saint Luc 4, 1-37

Le récit des tentations de Jésus au désert se trouve dans les trois évangiles synoptiques. Avant de présenter un Jésus qui exorcise et guérit, ce récit vise à souligner sa victoire initiale sur le Mal. Les trois tentations concernent la filiation divine de Jésus, la tentation du pouvoir sans que celui-ci ne vienne de Dieu et enfin, la tentation d’échapper à la mort à Jérusalem.

Ces trois tentations de Jésus soulignent à la fois son humanité – nous aussi nous sommes tentés – et sa victoire sur le Mal. Jésus n’entend tirer aucun privilège de sa situation de Fils de Dieu. Cet épisode clôt la période de la jeunesse de Jésus. Il est désormais à pied d’œuvre pour accomplir sa mission et faire l’œuvre de son Père. Il commence son ministère en Galilée et l’inaugure par un grand discours à la synagogue de Nazareth le jour du sabbat. L’auditoire est sceptique : c’est un enfant du pays, on le connaît ; de quel droit s’arroge-t-il le droit de guérir ? On le menace et ce rejet initial préfigure déjà la mort violente qu’il subira un jour. Pourtant, ajoute Luc, « on était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité ». Une autorité immédiatement signifiée par l’expulsion d’un démon impur qui agitait un possédé, qui reconnaît en lui « le Saint de Dieu », celui dont la venue sonne la fin des forces du mal.

L’autorité de Jésus, c’est celle d’une parole qui fait ce qu’elle dit, comme le montre l’épisode suivant de la guérison de la belle-mère de Pierre.

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Livre de Job 8

Insensible à l’argumentation de Job qui clame son innocence, un deuxième ami, Bildad de Shouah, renchérit. C’est si simple de se contenter d’une explication toute faite. Gustavo Gutierrez, dans son livre Job, Parler de Dieu à partir de la souffrance de l’innocent, décrit ces beaux parleurs comme « des théologiens sûrs de leur doctrine, mais inconscients du fait qu’elle n’a aucun sens et aucun rapport avec la souffrance humaine […]. Job, lui se sent certain non d’une doctrine, mais d’une expérience vitale [...]. Même en fouillant au plus profond de sa conscience et de son passé, il ne découvre en lui aucune faute justifiant la terrible souffrance qu’il subit ».

Implicitement, Job pressent que cette souffrance ne peut pas venir de Dieu, un Dieu qu’il « craint » au sens biblique, c’est-à-dire qu’il respecte et admire infiniment. Dès l’Exode et la sortie d’Egypte, Yahvé dit « avoir vu la souffrance de (son) peuple ».

Psaume 12

Dans un monde où les paroles trompeuses se répandent, l’âme se tourne vers Dieu pour trouver lumière et fidélité. Chaque cri de prière devient un acte de confiance, et le cœur reçoit la certitude que le Seigneur entend, protège et soutient ceux qui cherchent refuge en Lui.

Évangile de saint Luc 3

Après nous avoir dit que Jésus repart avec ses parents mener l’existence paisible d’un jeune enfant, une vie sans histoire en somme, Luc raconte ce que fait Jean, l’enfant d’Elisabeth. Jean est le Précurseur ; il alerte sur l’urgence de la conversion, afin de rendre ses contemporains accueillants au salut que Jésus vient apporter. Quand on lui demande : « Que devons-nous faire ? », Jean invite à être juste, à ne faire violence à personne, à partager ses biens. « Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ », conclut Luc dans son évangile. Ainsi s’achève, ce qu’il est convenu d’appeler, l’évangile de l’enfance que Luc est le seul à raconter avec l’évangéliste Matthieu.

À plusieurs reprises déjà, en particulier lors de l’annonciation à Marie, Luc a souligné que Jésus prend place dans la maison de David. Jésus est situé dans une filiation riche de sens pour le peuple juif. Cette filiation est réaffirmée de manière solennelle lors du baptême de Jésus dans le Jourdain. Luc prend alors la peine, comme le fait aussi Matthieu, de donner une généalogie détaillée de Jésus qui, par son père Joseph est descendant de David, fils de Jessé, et remonte jusqu’à Adam. Dans le monde biblique, les généalogies n’ont pas pour but d’établir une liste exacte des ancêtres ; il s’agit plutôt de donner une légitimité à un statut : ici la filiation davidique. Alors que Matthieu donne une généalogie qui situe Jésus uniquement dans l’histoire d’Israël, Luc omet certains noms et en intègre d’autres de manière à la rendre solidaire de l’humanité entière. Jésus est le nouvel Adam, prototype d’une humanité nouvelle comme cela sera explicitement affirmé dans les Actes des Apôtres, que l’on doit aussi à Luc.

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Livre de Job 6-7

Agacé par la soi-disant explication de son mal, Job reprend la parole et, dans un long monologue très poétique, dit sa peine devant l’incapacité de ces consolateurs importuns à entendre vraiment sa plainte, à en mesurer la dimension insondable. L’innocent qui souffre veut au moins avoir le droit de dire sa plainte, sans que d’autres viennent y ajouter des mots inadéquats. Que de souffrants nous disent : « Tu n’imagines pas mon désespoir. Tu ne peux pas te mettre à ma place ». Pour Job, de surcroît, souffrir ainsi sans le mériter perturbe l’idée qu’il se fait de Dieu ; il n’arrive pas à concevoir que Dieu soit injuste. La Bible ne se paie pas de mots quand elle évoque la souffrance de l’innocent.

C’est pourquoi depuis des siècles le juste humilié se retrouve volontiers dans ces pages du Livre de Job. C’est aussi une des forces de la parole du psalmiste qui, à longueur de pages, sait mettre des mots sur la détresse humaine. Ce n’est pas par hasard que depuis des siècles les priants reprennent le texte des psaumes, car tous les sentiments de l’âme y trouvent une expression juste.

Psaume 7

Lorsque l’injustice menace et que les ennemis s’agitent, le cœur cherche refuge auprès du Seigneur. La prière devient appel à la protection et à la justice, un espace où l’âme trouve sécurité et courage. Dans la fidélité divine, celui qui se confie découvre que la vérité et la droiture ne sont jamais abandonnées par Dieu.

Évangile de saint Luc 2

Par contraste avec Jean, né dans une famille où les voisins viennent se réjouir de la naissance de cet enfant, Jésus naît dans le dénuement, au hasard d’un voyage. Personne n’est là pour assister la maman et seuls de pauvres bergers viennent lui rendre visite dans l’abri misérable où Marie a dû accoucher. Un ange les rassure, donnant à cet enfant le titre suprême de Sauveur que le monde grec réservait aux Césars divinisés : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Si la terre ne prête pas attention à cette naissance, une troupe céleste d’anges s’exclame : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. ».

Puisqu’il est de la maison de David, Jésus doit se soumettre aux coutumes prescrites par la Loi de Moïse : il est présenté au Seigneur dans le Temple par ses parents qui offrent un sacrifice de colombes et de tourterelles. Pour souligner que cet enfant accomplit la Promesse, un vieil homme, Syméon, qui, nous dit Luc, « attendait la Consolation d’Israël », reconnaît devant tous que c’est bien le Messie, le Sauveur tant attendu. Aujourd’hui encore, seuls ceux qui attendent dans la prière avec un cœur ouvert peuvent apercevoir les merveilles que Dieu fait autour de nous et en nous.

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Livre de Job 4-5

Le récit fait alors intervenir trois amis de Job, Eliphas, Bildad et Sophar, qui tentent d’expliquer le malheur qui s’est abattu sur Job : à leurs yeux, c’est clair, le malheur est une punition de Dieu. Job estime être juste, mais « un mortel est-il juste devant Dieu, en face de son auteur, un homme serait-il pur ? » Pour retrouver le bonheur, il n’y a qu’un moyen : admettre sa faute et se repentir. C’est la morale traditionnelle de la rétribution : si je suis éprouvé, c’est que Dieu me fait payer mes fautes ; si je suis heureux, que tout va bien pour moi, c’est que Dieu a reconnu mes bonnes œuvres et me bénit. Le premier à parler ainsi est Élifaz de Témane.

Psaume 6

Accablé par la fatigue et le poids de la faute, le cœur s’ouvre dans la prière, exprimant peine et confiance mêlées. Les larmes deviennent langage de l’âme, et le cri vers le Seigneur porte avec lui l’espérance de pardon et de consolation. Même dans la fragilité, l’âme retrouve force et paix dans la miséricorde de Dieu.

Évangile de saint Luc 1 , 57-80

Le premier bébé à naître est Jean-Baptiste. À sa naissance, on l’appelle Jean, bien que personne ne porte ce nom dans la famille, signale l’entourage. Dès que ce nom est donné à l’enfant, Zacharie son père retrouve l’usage de la parole, qu'il avait perdu. « La crainte saisit alors tous les gens du voisinage, écrit Luc, et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? »

Quand Dieu intervient dans nos vies, il surprend, il y a de quoi être perplexes. Où cela va-t-il me conduire, sommes-nous tentés de dire ? Mystère du projet de Dieu sur l’humanité. Zacharie, inspiré par l’Esprit, annonce ce qui va se passer : le Dieu d’Israël, fidèle à sa promesse, fait surgir « la force qui nous sauve ».

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Livre de Job 3

Après avoir accepté son épreuve sans maudire Dieu, Job plonge dans une profonde dépression : « Périsse le jour où je suis né et la nuit qui a dit : "un mâle est conçu" […]. Pourquoi ne suis-je pas mort au sortir du sein ? ». Job ne veut pas maudire Dieu, mais il souhaite plutôt disparaître et regrette même d’avoir vu le jour, ce que dira aussi le prophète Jérémie avec des accents dramatiques. Toute personne qui vit une grande épreuve passe par ces sentiments : « J’aurais préféré ne pas exister plutôt que de devoir vivre cela ». À terme, cela pose une question métaphysique : « Pourquoi donner à un malheureux la lumière, la vie à ceux qui ont l’amertume au cœur… Pourquoi ce don à l’homme qui ne voit plus sa route ». Écoutons ce monologue dramatique en pensant à des proches écrasés par la maladie incurable d’un enfant ou le décès d’un être aimé. Job est une école de compassion, d’attention à l’autre qui souffre.

Psaume 5

Au lever du jour, la voix s’élève vers Dieu avec espérance et attention. Face aux mensonges et à l’injustice, l’âme cherche guidance et lumière. La prière devient offrande de vérité et de fidélité, un appel à marcher sur le chemin de la justice et à trouver dans le Seigneur soutien et clarté pour chaque pas.

Évangile de saint Luc 1, 26-56

L’annonce que sa vieille épouse allait engendrer avait littéralement laissé Zacharie sans voix. Comment Élisabeth pourrait-elle enfanter à cet âge ? Mais l’annonce que l’ange fait à Marie est encore plus incroyable : elle va donner naissance à un fils qui sera appelé le « Fils du Très-Haut » ; « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin », dit l'ange. Une annonce doublement surprenante : Marie n’est que fiancée à Joseph, mais, fille d’Israël, elle partage avec son peuple l’attente millénaire du Messie, l’envoyé de Dieu qui doit le libérer et lui apporter le bonheur, selon la promesse faite à Abraham et à sa descendance. « Celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu » : par cette seule phrase, le mystère de Jésus est annoncé dans toutes sa plénitude.

Impatiente d’annoncer la nouvelle, Marie va rendre visite à sa cousine Élisabeth dont l’enfant à naître tressaillit dans son sein, à l’image de notre humanité en attente de salut. Le prieur du monastère de Tibhirine, Christian de Chergé, aimait dire que l’Église est encore en Visitation dans les autres cultures : quelque chose en elles vibre lorsque le salut s’annonce et se fait connaître. Quelle émotion de se dire qu’à notre tour nous sommes appelés, si nous sommes disciples de Jésus, à faire vibrer au plus profond d’eux-mêmes l’attente des hommes et des femmes en recherche d’un sens à leur vie, en attente et en désir de Dieu.

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Livre de Job 1-2

Le Livre de Job commence par un dialogue entre Yahvé et Satan. Celui-ci a remarqué la belle conduite de Job, un homme d’une grande intégrité morale, mais le soupçonne d’être prêt à abandonner sa soumission à son Dieu s’il connaît une véritable épreuve. Yahvé permet que Job soit éprouvé, sans que soit portée atteinte à sa vie : la vie heureuse de Job est soudainement brisée par une succession de malheurs qui le dépouillent de sa famille et de ses biens. Il perd coup sur coup son bétail, ses enfants et sa propre santé. Un ulcère malin va le marquer « depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête ». Poussé par sa femme à maudire son Dieu, Job reste inflexible et répond : « Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ! ». En deux courts chapitres, le sujet est posé : comment Dieu peut-il permettre le malheur du juste ? Cette question hante toute l’histoire humaine. Elle peut parler à chacun de nous.

Psaume 3

Quand l’angoisse est là et que les ennemis semblent se multiplier, le cœur se tourne vers le Seigneur pour trouver protection et force. La prière devient refuge et repos, un souffle de confiance qui soutient l’âme au milieu des épreuves. Même dans la détresse, la présence de Dieu éclaire et relève celui qui s’abandonne à lui.

Évangile de saint Luc 1, 1-25

Nous allons parcourir ensemble cette année l’évangile de Luc qui a la particularité de se prolonger dans le Livre des Actes des Apôtres également attribué à Luc. Dans ce premier livre, Luc nous raconte les faits et gestes de Jésus, en s’appuyant sur une tradition qu’il a reçue ; lui-même n’a pas connu Jésus. Dans le Livre des Actes, il nous décrira les fruits de la vie du Christ ressuscité dans la vie des disciples de Jésus.

L’évangile de Luc est rédigé en grec, une langue qui souligne son enracinement dans le monde hellénistique : il témoigne ainsi du passage de l’Évangile du monde palestinien au monde grec. L’Église, au cours de son histoire, aura à vivre plusieurs passages dans des cultures nouvelles. À la manière des historiens de son temps, Luc a le souci de la clarté dans son exposé ; il souligne qu’il s’est informé avec soin et insiste sur la crédibilité du message qu’il transmet : la Révélation de Dieu en Jésus-Christ. Le bibliste Augustin George disait que « Luc est le peintre de la douceur du Christ ». Page après page, il va nous conduire du mystère de la naissance de Jésus – c’est l’évangile de l’enfance- au mystère de sa Résurrection, qui va se déployer par l’intermédiaire des disciples jusqu’aux confins de la terre. Nous commençons par l’épisode de l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus.

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Bonjour ! Est-ce que vous lisez la Bible ? Je suis le frère Jean-Jacques Pérennès et suis heureux de vous retrouver pour cette lecture continue de la Bible que j’ai commencée l’an passé avec vous.

De la Genèse à l’Apocalypse, la Bible regorge de textes passionnants et déroutants. Avec mes frères dominicains de l’École biblique de Jérusalem, J’aimerais vous aider à en découvrir la saveur. Grâce à ce podcast hebdomadaire, c’est toute l’année que nous allons nous imprégner de la Parole même de Dieu.

Nous allons lire ensemble le Livre de Job, qui pose la question du mal et de la souffrance. Chaque semaine, nous entendrons aussi un psaume, et, en continu sur l’année, l’évangile de Luc.

Obéissons à l’ange qui nous dit à la fin de la Bible : « Prends le livre et avale-le : alors la Parole de Dieu fut dans ma bouche douce comme le miel ! »

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Livre des lamentations 4 - 5 et évangile de saint Jean 21

“Fais-nous revenir à toi, Seigneur, et nous reviendrons. Renouvelle pour nous les jours d’autrefois”. C’est sur cette supplication que s’achève ce texte poignant du Livre des Lamentations. Un livre dont l’intensité dramatique permet à chacun de nous de s’y retrouver dans les pires jours de détresse. Qui n’a pas eu, un jour, l’impression d’être abandonné par Dieu ? Des siècles avant la venue du Fils en notre condition humaine, la prière juive avait déjà pressenti ce mystère de la proximité de Dieu avec celui qui est souffrant, abattu, abandonné de tous.

Les scènes de la fin de l'évangile de Jean sont pleines d’espérance et contrastent avec la brutalité de la Passion : la pêche miraculeuse et le partage d’un poisson grillé au bord du lac permettent aux disciples d’affermir leur foi : c’est vraiment lui, le Seigneur. Vient alors la question bouleversante adressée à Simon : “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ?”. C’est à celui qui l’a renié trois fois que Jésus pose trois fois cette question, comme pour rassurer tous ceux qui doutent et ont peur d’être des témoins du Christ ressuscité. Alors s’ouvre le temps de l’Église, un temps pour des hommes et des femmes qui, comme les disciples, comme nous, sont parfois traversés par des doutes, mais à qui Jésus fait pourtant confiance et confie la mission d’être pour le monde témoins d’une certitude : la vie sera plus forte.

Psaume 53

L’ennemi est parfois trop puissant. Il ne reste alors qu'à faire appel à Dieu qui, lui, est fidèle et fera justice.

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Livre des Lamentations 3 et évangile de saint Jean 20, 11-31

“Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson de chaque jour. Il m’a gorgé d’herbes amères, abreuvé d’absinthe”. L’homme éprouvé est souvent l’objet de moqueries qui viennent miner sa confiance en Dieu. Il faut un long chemin intérieur pour pouvoir dire à notre tour comme l’auteur de ce poème : “Grâce à l’amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis ; ses tendresses ne s’épuisent pas “. Osons donc l’invoquer encore et encore afin de pouvoir dire à notre tour : “Au jour où je t’invoquais, tu t’es fait proche et tu as dit : « Ne crains pas ! » Tu as plaidé ma cause, Seigneur : tu as racheté ma vie”. Ces pages nous plongent au cœur du mystère de la souffrance humaine.

Une fois affirmé que la croyance en la Résurrection est d’abord un acte de foi, l’apparition à Marie de Magdala, puis aux disciples, enfin à Thomas l’incrédule vient souligner que chacun est appelé à faire l’expérience du Ressuscité dans sa propre vie. L’apparition est Marie de Magdala est d’une grande douceur : ce n’est que l’appelant par son nom “Marie” que Jésus parvient à arracher Marie à son chagrin ; les disciples, eux, se sont enfermés par peur des Juifs ; Thomas, lui, est un sceptique. Chacun doit faire un peu de chemin pour accéder à la foi en la résurrection. Jésus ne leur en fait pas reproche. Il dit seulement : “Heureux ceux qui croient sans avoir vu”. Chacun d’eux, grâce au don de l’Esprit, va faire désormais l’expérience d’une vie nouvelle, une vie “à tombeau ouvert”. Ce chemin-là est proposé à chacun d’entre nous.

Psaume 52

Dans son exil, le peuple d’Israël a pris conscience de son infidélité. Il est, certes, malheureux, mais son malheur l’aide à prendre conscience qu’il doit d’abord compter sur le Seigneur. Ce sera la joie quand le Seigneur ramènera les déportés de son peuple.

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Livre des Lamentations 2 et évangile de saint Jean 19, 38 - 20, 10

La destruction du Temple de Jérusalem où résidait l’Arche d’Alliance, et donc la présence de Yahweh au milieu de son peuple, conduit à des questions redoutables : “ Le Seigneur a-t-il délaissé son autel et maudit son sanctuaire ? “, comme le dit ce poème ? Lorsque l’épreuve nous écrase, il est tentant de penser que Dieu a abandonné son peuple. Il faut du temps pour découvrir que c’est plutôt nous qui lui avons été infidèles.

Joseph d'Arimathie, un Juif qui était disciple de Jésus, apporte soudain une touche d’humanité après cette scène d’horreur, si bien décrite par le cinéaste Mel Gibson. Il apporte des aromates, propose une sépulture dans un tombeau tout neuf, dans un jardin, un jardin dans lequel beaucoup de Pères de l’Eglise ont vu un écho au jardin de la création. Une création défigurée dont il s’agit de rétablir la ressemblance avec le visage de son créateur. C’est dans ce même jardin que se situe l‘arrivée de Simon-Pierre et de Jean, alertés par Marie Madeleine de la disparition du corps de Jésus. “Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts”. La radicalité de l’acte de croire est soulignée par le laconisme de la formule : “Il vit et il crut”. Avant même les apparitions du Christ ressuscité, le rôle décisif de l’acte de croire est ici souligné.

Psaume 51

Le psaume 51 évoque deux personnages qui peuvent être deux faces de la même personne : celui qui défie Dieu, ne comptant que sur lui-même, et celui qui met en lui toute sa confiance et s’abandonne à lui. Une fois encore, le psautier décrit avec finesse la complexité de l’âme humaine.

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