Jean-Pascal BEAUFRET, ancien inspecteur des finances, ancien directeur général des impôts, directeur financier d’entreprises de télécommunications et associé au fonds de capital développement Ring Capital. Auteur de la note pour le premier président de la Cour des Comptes Contribution à la mission flash de la clarification du financement des retraites (Fondapol)

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Mgr Francis KOHN, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel du diocèse de Paris, postulateur de la cause de Pierre Goursat. Auteur de Pierre Goursat - la première biographie du fondateur de la Communauté de l’Emmanuel déclaré vénérable par le pape François (éditions Emmanuel) Surgie en France dans les années 70, la Communauté de l’Emmanuel a fortement influé sur la vie de l’Église au point de représenter aujourd’hui un élément moteur de l’évangélisation. Mais comment ce mouvement inspiré du pentecôtisme américain a-t-il pu s’enraciner en France, renouveler les pratiques, une manière de prier, un répertoire de chants, tout en insufflant un dynamisme à des paroisses touchées par la déprise généralisée du catholicisme ? Ce phénomène a “fonctionné” en grande partie grâce à un personnage méconnu, Pierre Goursat (1914-1991). L’humilité le caractérisait tant qu’on le prenait même parfois pour un sans-abri ! Pierre Goursat est mort le 25 mars 1991, le même jour que Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité saint Pie X. A sa manière, cet homme discret, qui a fait sa carrière dans le cinéma, a représenté une réponse à la crise post-Vatican II, non en le récusant, mais en le prenant au mot. Déclaré vénérable le 18 décembre 2024, il fait l’objet d’une première biographie. Pierre Goursat est quasiment à la retraite quand en 1972, à l’âge de 57 ans, il reçoit l’effusion de l’Esprit au cours d’une retraite où Xavier et Brigitte Le Pichon, de retour des États-Unis, relatent leur expérience marquante du renouveau charismatique US. Sa sagesse et sa grande expérience ecclésiale lui permettront d’adapter, de franciser ce « produit d’importation spirituel » qui est alors tout à fait inconnu en France. PS : Xavier Le Pichon, géophysicien et professeur au Collège de France, vient d'être rappelé à Dieu (22 mars 2025).

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Alexandra LAIGNEL-LAVASTINE, historienne, essayiste. Auteur de André Zirnheld - le chant d’un partisan (éditions du Cerf) Puisque

le mot « guerre » circule en ce moment, on va parler de quelqu’un qui

l’a faite, en l’espèce le premier officier parachutiste de la France Libre

foudroyé à 29 ans dans les sables du désert d’Egypte. André Zirnheld, membre

des SAS, l’ancêtre des forces spéciales, avait écrit la fameuse « prière

du para ». Son nom devrait être cité dans toutes les écoles de France et

pourtant ce combattant philosophe, appartenant au à la revue Esprit, est un

soldat inconnu. Une biographie corrige cette bizarrerie, cette erreur de

l’histoire : intitulée le Chant d’un partisan et parue aux éditions du

Cerf, elle est signée Alexandra Laignel-Lavastine, philosophe, historienne,

longtemps critique au Monde des Livres et lauréate du Prix européen de l’essai.

Les archives familiales de la famille Zirnheld en font un document exceptionnel.

Ce livre est le fruit de quatre ans d’enquête. En 2017, Alexandra

Laignel-Lavastine se demandait Pour quoi serions-nous prêts à mourir ?

Elle répond à cette question à travers l’histoire de ce personnage que rien ne

prédestinait à devenir commando et qui, jusqu’à la fin de sa courte vie, n’aura

rien abdiqué de son questionnement philosophique. Zirnheld, s’il eût vécu plus

longtemps, aurait sans doute eu l’aura et l’influence d’un Albert Camus. Son

oncle, Jules Zirnheld, a été le fondateur de la CFTC.

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Jean-Claude ANTAKLI, biologiste, écrivain franco-syrien né à Alep. Auteur de Itinéraire d’un chrétien d’Alep (éditions du Parvis) En Syrie, la transition reste difficile, comme l’illustrent les massacres commis ces dernières semaines dans l'ouest, les pires violences depuis l'arrivée de la coalition menée par le groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Cette coalition est dirigée par Ahmad al-Chareh qui a mis fin à plus d'un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad. Le pays est en ruine. Une conférence de pays donateurs s'est engagée lundi à fournir 5,8 milliards d'euros d'aide à la reconstruction (dont 2,5 venant de l’UE), moins que son engagement précédent, faute de l'apport des États-Unis. Pour les chrétiens, la question est toujours la même : partir ou rester ? La valise ou le cercueil. Jean-Claude Antakli est biologiste, il vit en France. Il a raconté son histoire dans Itinéraire d’un chrétien d’Alep (éditions du Parvis). Depuis 2011, les chrétiens ont fui en masse. Ils sont 20 % à être restés. Ils vivent, comme le reste de la population, dans des conditions très précaires. Entre la peur des représailles islamistes et l'espoir de voir la vie quotidienne s'améliorer, Jean-Claude Antakli livre ses dernières impressions en amont de la conférence qu'il donnera à 18h00 à l'Espace Bernanos (Paris IXe).

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Pablo LADAM, 20 ans, étudiant en troisième année de Sciences Po. Auteur de La terreur violette - comment ils ont détruit Sciences Po (éditions de l’Observatoire) Le violet est la couleur que l’on associe d’ordinaire au clergé. D'ailleurs, si on vous parle de terreur violette, vous allez voir surgir dans votre esprit des images de bûcher et d’inquisition. C’est toujours vrai sauf que le clergé n’est plus dans le clergé, que les clercs en surplis n’ont plus l’autorité sur les esprits qu'ils avaient naguère. Les vrais séminaires, ceux qui forment le futur clergé dans une société laïcisée, ce sont des établissements comme Sciences-Po où l’on apprend ce qu’il faudra dire pour exercer le pouvoir. Aussi, ce qui se passe dans cette école, les dérives que l’on y constate, ne sont pas anecdotiques. Elles forment un laboratoire dans lequel la liberté d’expression a disparu, et où le sectarisme, joint à l’ignorance, sont des semences de guerre appelées à croître comme de l’ivraie dans le monde politique et la société tout entière. Ces dérives n’ont rien à voir avec le chahut estudiantin. Peu importe qu’elles soient le fait de minorités bruyantes, ce qui compte, c’est que la majorité se soumet pour ne point passer pour "facho" ou "d'extrême-droite". La terreur est toujours exercée par une minorité, l'histoire nous le démontre. Pablo Ladam est étudiant en troisième année à Sciences-Po Paris. Il a vingt ans. La troisième année se passe à l'étranger, en l'occurrence à l’université de Berkeley. Son témoignage connaît un certain écho médiatique. Il mérite d’être entendu par les parents ert les grands-parents à l’heure où leurs progénitures s’interrogent sur leur orientation. Pablo Ladam décrit ce qu'il a vu, entendu et subi. Tout commença lors d'un concours d'éloquence. Sa prise de parole déplut à des activistes féministes, dénommés le Pôle Violet. Il s'ensuivit une vague de harcèlement tout à fait invasive et visant à lui infliger une mort sociale. Les activistes firent même pression sur le propriétaire du logement qu'il habitait pour l'en faire exclure ! La plainte qu'il dépose n'eut pas d'effet. La direction ne bougea pas non plus. Son témoignage cherche à faire bouger les choses car beaucoup d'étudiants, relève-t-il, sont dans un état de détresse psychologique tel que certains pensent au suicide, comme celui le cas à l'université d'Oxford, où un étudiant harcelé se jeta dans la Tamise. Ce qui se passe à Sciences-Po est donc inquiétant à plus d'un titres : fin du pluralisme, de la liberté d'expression, disparition de la nuance, terreur psychologique, paranoïa, tout cela ayant des conséquences sur la santé mentale des étudiants. Pablo Ladam ne conteste pas les causes défendues par ces étudiants fanatiques, persuadés - c'est tout le problème - d'être au service du bien. Il épingle la tournure psychopathologique de ceux qui se croient investis d'une mission salvatrice. La nouvelle direction de Sciences Po, représentée par Luis Vassy, est consciente que l’image de l’école est abîmée. Ira-t-elle jusqu'à faire preuve de courage pour que ce lieu prestigieux permette juste l'acquisition du savoir et de la connaissance ? La question reste en suspens.

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Cyril CHABANIER, président de la CFTC La France n’est pas le pays de l’égalité mais le pays du discours sur l’égalité. La réalité est bien différente et la question des retraites l’illustre au plus haut point : tout se cristallise sur l’âge de départ et rien que sur ce point, on a des secrétaires sous statut SNCF qui cessent de travailler à 57 ans quand un maçon dont la pénibilité est avérée qui devra attendre 64 ans. C’est la même chose pour un agent RATP qui pourra partir bien avant 60 ans, alors que le même métier exercé à Marseille obligera le même agent à attendre 64 ans. Y aurait-il une injustice à avoir 42 régimes de retraite différents ? La CFTC plaide pour un régime universel par points qui prenne en compte la pénibilité et non le statut. Le système de points serait plus juste que les trimestres, lesquels ne sont pas toujours validés lorsque le cotisant n’a pas le volume de travail suffisant. Quoi qu’il en soit, au-delà de ces propositions, le conclave semble patiner : plusieurs organisations syndicales ont demandé hier à Matignon de clarifier la position du gouvernement après les propos qu'elles jugent « incompréhensibles » du Premier ministre sur l'impossible retour aux 62 ans. Les partenaires sociaux doivent se revoir demain pour parler de la retraite des fonctionnaires. François Bayrou, qui avait rouvert en janvier le dossier de la réforme des retraites, avait pourtant confié aux partenaires sociaux la tâche de trouver un nouvel équilibre du système et de discuter à nouveau "sans aucun totem" ni "tabou" sur le départ ultra contesté à 64 ans.

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Nathalie HEINICH, sociologue au CNRS. A coordonné l'ouvrage collectif Notre-Dame des Valeurs - retour sur une émotion patrimoniale (Puf) Qui ne n’est pas exprimé sur Notre-Dame de Paris, pour s’affliger puis pour s’extasier, pour prendre position aussi. Autant de points de vue qui mettent en évidence un répertoire de valeurs. La fameuse question du Christ, “pour vous, qui suis-Je ?” reste pertinente. On peut la décliner à la grande maison que les hommes ont bâtie pour lui rendre gloire. La sociologie n’est pas indifférente à la dame de pierre. L’EHESS dispose d’un atelier sur la “modélisation des valeurs”, dans le cadre du Centre de recherche sur les arts et le langage (Cral). Cet atelier a réuni des chercheurs de plusieurs disciplines pour analyser la profusion des jugements recueillis sur le vénérable édifice, lequel, depuis une quinzaine de jours, propose 'une lumière chaude intimiste rappelant celle des bougies, à celle, bleutée et froide, évoquant la passion du Christ. Notre-Dame de Paris, qui a accueilli plus de deux millions de visiteurs depuis sa réouverture le 8 décembre, peaufine son nouvel éclairage, modulable : 2000 microprojecteurs et leds font varier l'ambiance en fonction des offices et moments liturgiques. L'éclat inédit de la pierre blonde du chef d'œuvre de l'art gothique se révèle dans toute sa splendeur. D’un éclairage à l’autre, la sociologue Nathalie Heinich rend compte de l’enquête menée par son équipe au lendemain de l’incendie - dont le but était de faire de la cathédrale un cas d’école en matière de rapports aux valeurs. Surprise : le clergé est la catégorie qui s’est montrée la moins sensible à l’esthétique du lieu en tant que tel.

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Rod DREHER, journaliste pour le magazine The American Conservative, issu d’une famille méthodiste, converti au catholicisme en 1993 puis à l’orthodoxie en 2006, auteur de Comment retrouver le goût de Dieu dans un monde qui l’a chassé (Artège) Rod Dreher, journaliste et essayiste, est une tête pensante du conservatisme américain. Avec le Pari bénédictin (Artège, 2017), ses réflexions sur la déchristianisation en Occident avaient suscité un vaste débat sur l’attitude que les chrétiens devaient adopter dans une société devenue indifférente, ignorante voire hostile. Il les invitait alors à se regrouper en communautés à l'écart du reste du monde, ce qui n’est pas vraiment ce que recommande le pape François, lequel préfère voir les chrétiens en première ligne, selon le discours sur l’hôpital de campagne. Rod Dreher est issu d’une famille méthodiste, converti au catholicisme en 1993 puis à l’orthodoxie en 2006. Il y a trois ans, il quitte les Etats-Unis pour aller s’installer en Hongrie, à Budapest, le pays de Viktor Orban. Dans cet entretien, nous parlons de son itinéraire, de politique et de l’émerveillement, thème de son dernier opus. Rod Dreher nous invite à retrouver le goût de Dieu dans un monde qui l’a chassé. Mais Dieu est-il vraiment mort ou absent ? N’est-ce pas plutôt les institutions qui souffrent d’une certaine désaffection ? L’attrait pour la question écologique dit quelque chose du besoin de s’émerveiller. Sur ce point, Rod Dreher désavoue une certaine droite américaine qui relègue la question climatique au rang des manipulations fomentées par la gauche. Rod Dreher souhaite que J.D Vance succède à Donald Trump.

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Sébastien DAYCARD-HEID, réalisateur du film documentaire Retour à Babylone produit par Yes Sir Films et KTO Partir, c’est une chose ; revenir, c’en est une autre. On parle tout le temps des migrations, et le plus souvent de notre point de vue d’occidental installé chez lui. Souvent, on entend dire qu’avec le temps, ceux qui arrivent se feront bien à leur nouvelle vie. C’est en partie vrai mais mesure-t-on ce que l’injonction de s’assimiler peut engendrer comme traumatisme identitaire ? Toute personne est attachée à des racines, et même à sa race, c’est-à-dire à une lignée qu’elle peut situer dans un espace et dans le temps. Les lieux sont ainsi pourvus d’une âme. L’identité a une dimension tellurique. Lorsqu’un peuple est arraché à sa terre, une part de son humanité s’efface elle aussi, et la diversité du monde en pâtit. Les racines viennent à la fois d’en-haut et du dessous. Tous les jours, le conflit israélo-palestinien fait la démonstration de ce que la terre signifie. D’autres peuples passent sous les radars médiatiques. Ils sont chrétiens comme les Arméniens ou les Assyro-Chaldéens. Aujourd’hui, ces peuples sont surtout diasporiques, éparpillés aux quatre coins du monde. A Sarcelles et dans le Val d’Oise, il y a près de 40000 Assyro-Chaldéens, orthodoxes ou catholiques latins. Ils ont reconstitué ainsi leur petite Babylone. Malgré des années d’exil, leur vie sentimentale continue de se déployer dans les plaines de Mésopotamie. Le rêve du retour est-il autre chose qu’un rêve ? Retour à Babylone raconte cette quête : une grande famille assyro-chaldéenne de Sarcelles (Val d’Oise), emmenée par deux sœurs Semiramis et Agnès, retourne sur ses terres, dans ses villages en Turquie et en Irak, jusqu’à Erbil. Elle parle araméen, une langue plus ancienne que l’hébreu. On efface pas comme ça une identité vieille de 6000 ans. Ce road movie est signé Sébastien Daycard-Heid. Il sera diffusé sur KTO le 17 mars. Une manière de vivre au plus près de ces chrétiens d’Orient à l’itinéraire si tourmenté.

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Philippe ÉTIENNE, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis (2019-2023), ancien conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, ambassadeur en Roumanie (2002), en Allemagne (2014), représentant permanent de la France auprès de l'Union européenne à Bruxelles (2009) Confrontée

à la fois à la menace russe et au désengagement américain, l'Union européenne

veut se réarmer avec un plan destiné à mobiliser jusqu'à 800 milliards

d'euros. « Le temps des illusions est révolu », a lancé

hier la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui s’est

faite très insistante : « Il nous faut une augmentation très

rapide des capacités de défense européennes. Et il nous la faut maintenant

! », s’est-elle écriée. De nombreuses interrogations subsistent sur la

portée réelle de ce plan et sur la capacité des Européens à trouver rapidement

autant d'argent. « La guerre, on la déclare quand on veut mais on

l’arrête quand on peut », disait Machiavel. Mesure-t-on dans quelle

voie l’UE engage les pays européens ? Il ne faut pas en faire une mauvaise

lecture : il y a un pas entre faire la guerre à la Russie et se donner les

moyens pour se protéger collectivement, en particulier d’une éventuelle menace

russe. Philippe Étienne insiste sur le besoin de se doter d’une industrie de

défense qui fonctionne à l’échelle du Vieux continent. Il prend acte de

l’évolution des mentalités de nos voisins européens sur la question de la dissuasion

nucléaire française.

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