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Nous aimons croire que notre mémoire est un enregistrement fidèle de notre passé. Pourtant, la science prouve qu’elle est bien plus malléable et sujette à l’erreur qu’on ne le pense. Le phénomène des faux souvenirs—ces souvenirs d’événements qui ne se sont jamais produits ou qui ont été déformés—fascine les neuroscientifiques depuis des décennies. Une étude célèbre menée par Elizabeth Loftus, professeure de psychologie à l’Université de Californie, Irvine, a démontré à quel point il est facile d’implanter de faux souvenirs dans notre esprit.
Une mémoire reconstructive et faillible
Contrairement à un disque dur, notre cerveau ne stocke pas les souvenirs sous une forme fixe. Chaque fois que nous nous rappelons un événement, nous le reconstruisons, et c’est à ce moment-là que des altérations peuvent se produire. Cette reconstitution est influencée par nos émotions, nos croyances et notre environnement.
Elizabeth Loftus et ses collègues ont montré, dans une étude de 1995, qu'il était possible de faire croire à des volontaires qu’ils avaient vécu une expérience qu’ils n’avaient jamais connue. Dans cette expérience, des participants ont été exposés à un récit détaillé de leur enfance, incluant un faux souvenir : s’être perdus dans un centre commercial. Au bout de quelques jours, certains d’entre eux étaient persuadés que cela leur était réellement arrivé et pouvaient même ajouter des détails fictifs à leur histoire.
Les conséquences des faux souvenirs
Ce phénomène a des implications majeures, notamment dans le domaine judiciaire. De nombreux cas d’erreurs judiciaires ont été causés par des témoignages de victimes ou de témoins convaincus d’avoir vu ou vécu quelque chose qui ne s’est jamais produit. Une étude de Loftus (1974) a révélé que lorsqu’un témoin oculaire affirme avec certitude avoir reconnu un suspect, les jurés sont plus enclins à condamner l’accusé, même si les preuves sont minces.
Les faux souvenirs jouent aussi un rôle en psychologie clinique. Certaines thérapies mal encadrées ont conduit des patients à "se souvenir" d’événements traumatisants fictifs, provoquant de lourds conflits familiaux.
Un cerveau créatif mais imparfait
Notre mémoire est un outil dynamique, conçu pour nous aider à interpréter le monde plutôt qu’à l’enregistrer parfaitement. Elle nous permet de donner un sens à notre passé, quitte à le réécrire inconsciemment. Ainsi, la prochaine fois que vous vous remémorez un souvenir lointain, demandez-vous : est-ce vraiment ce qui s’est passé, ou juste ce que mon cerveau veut que je croie ?
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Nous aimons croire que notre mémoire est un enregistrement fidèle de notre passé. Pourtant, la science prouve qu’elle est bien plus malléable et sujette à l’erreur qu’on ne le pense. Le phénomène des faux souvenirs—ces souvenirs d’événements qui ne se sont jamais produits ou qui ont été déformés—fascine les neuroscientifiques depuis des décennies. Une étude célèbre menée par Elizabeth Loftus, professeure de psychologie à l’Université de Californie, Irvine, a démontré à quel point il est facile d’implanter de faux souvenirs dans notre esprit.
Une mémoire reconstructive et faillible
Contrairement à un disque dur, notre cerveau ne stocke pas les souvenirs sous une forme fixe. Chaque fois que nous nous rappelons un événement, nous le reconstruisons, et c’est à ce moment-là que des altérations peuvent se produire. Cette reconstitution est influencée par nos émotions, nos croyances et notre environnement.
Elizabeth Loftus et ses collègues ont montré, dans une étude de 1995, qu'il était possible de faire croire à des volontaires qu’ils avaient vécu une expérience qu’ils n’avaient jamais connue. Dans cette expérience, des participants ont été exposés à un récit détaillé de leur enfance, incluant un faux souvenir : s’être perdus dans un centre commercial. Au bout de quelques jours, certains d’entre eux étaient persuadés que cela leur était réellement arrivé et pouvaient même ajouter des détails fictifs à leur histoire.
Les conséquences des faux souvenirs
Ce phénomène a des implications majeures, notamment dans le domaine judiciaire. De nombreux cas d’erreurs judiciaires ont été causés par des témoignages de victimes ou de témoins convaincus d’avoir vu ou vécu quelque chose qui ne s’est jamais produit. Une étude de Loftus (1974) a révélé que lorsqu’un témoin oculaire affirme avec certitude avoir reconnu un suspect, les jurés sont plus enclins à condamner l’accusé, même si les preuves sont minces.
Les faux souvenirs jouent aussi un rôle en psychologie clinique. Certaines thérapies mal encadrées ont conduit des patients à "se souvenir" d’événements traumatisants fictifs, provoquant de lourds conflits familiaux.
Un cerveau créatif mais imparfait
Notre mémoire est un outil dynamique, conçu pour nous aider à interpréter le monde plutôt qu’à l’enregistrer parfaitement. Elle nous permet de donner un sens à notre passé, quitte à le réécrire inconsciemment. Ainsi, la prochaine fois que vous vous remémorez un souvenir lointain, demandez-vous : est-ce vraiment ce qui s’est passé, ou juste ce que mon cerveau veut que je croie ?
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