Rarement un fait divers aura autant marqué et autant posé de questions sur notre société, à tout le moins dans la période récente.
Quelques jours après le verdict rendu le 20 décembre dernier dans le procès de l’assassinat de Samuel Paty, il nous a semblé essentiel d’en donner toute sa dimension.
Le 16 octobre 2020, à Eragny-sur-Oise, Samuel Paty est sauvagement assassiné ; son assassin est ensuite abattu par la police. Il s’agit d’un attentat terroriste.
La cause, nous la connaissons tous : dans le cadre d’un cours d’éducation civique sur la liberté d’expression, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège, montre des caricatures de Mahomet de Charlie hebdo.
A la suite du cours, le père d’une élève, laquelle mentira sur sa prétendue exclusion du cours par son professeur alors qu’elle n’était pas présente à ce cours, publie des vidéos sur les réseaux sociaux mettant en cause directement Samuel Paty, donnant son nom et l’adresse du collège.
Les vidéos deviennent virales sur les réseaux sociaux. Un torrent de haine accompagne la rumeur.
Samuel Paty est assassiné.
En 2023, c’est le temps judiciaire : six collégiens au moment des faits ont été condamnés par le tribunal pour enfants.
Fin 2024, huit personnes adultes ont été jugés par la Cour d’assises spéciale. Après 7 semaines d’audience, tous les accusés ont été reconnus coupables.
Parmi eux, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, sont considérés avoir initié la campagne de haine sur les réseaux sociaux menant à l’assassinat. Selon la Cour, « ils ont préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste ». Ainsi, le père de l’adolescente et le prédicateur islamiste ont été déclarés coupables d’association de malfaiteurs terroriste et respectivement condamnés à 13 et 15 ans de réclusion criminelle.
Les six autres personnes impliquées ont écopé de peines allant de trois ans de prison avec sursis à 16 années de réclusion criminelle.
Le président de la cour, affirme avoir pris en compte « la gravité exceptionnelle des faits s’agissant de l’assassinat d’un enseignant à la sortie (d’un) collège par décapitation au moyen d’une arme blanche ». Avant de souligner que « ces faits d’une barbarie absolue constituent une atteinte irrémédiable aux valeurs de la République et à la laïcité ».
Que disent de notre société l’assassinat de Samuel Paty et le procès qui s’en est suivi ?
Pour répondre à cette question et nous éclairer avec recul sur ce drame et ses conséquences, nous recevons David Bracq, magistrat et professeur de culture Gé au sein de la Prépa ISP.