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Or
Cette opération est une vaste enquête judiciaire anticorruption qui a bouleversé le paysage politique italien dans les années 1990. Elle débute officiellement en février 1992, à Milan, lorsqu’un juge d’instruction, Antonio Di Pietro, fait arrêter Mario Chiesa, un responsable local du Parti socialiste italien (PSI), pris en flagrant délit de corruption. Ce qui semblait au départ une affaire isolée allait se transformer en un séisme politique majeur.
L’arrestation de Chiesa provoque un effet domino. Pour se défendre, il commence à révéler l’existence d’un système de corruption généralisée dans l’attribution des marchés publics. Très vite, les juges milanais découvrent un vaste réseau impliquant des dizaines de partis politiques, des grandes entreprises, des administrations locales et des institutions nationales. L’opération prend de l’ampleur : des centaines de personnes sont inculpées, dont plus de 1 000 élus ou anciens élus. Le mécanisme était simple : les entreprises versaient des pots-de-vin aux partis pour obtenir des contrats publics, dans un système surnommé Tangentopoli ("la ville des pots-de-vin").
La société italienne est profondément choquée par l’ampleur du scandale. Les journaux publient des listes de personnalités impliquées.
La classe politique perd toute crédibilité. En moins de deux ans, les cinq grands partis traditionnels qui dominaient la politique italienne depuis l’après-guerre sont soit dissous, soit marginalisés. Parmi eux, la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti socialiste italien, piliers du système, s’effondrent. Même Bettino Craxi, ancien président du Conseil et figure centrale du PSI, est mis en cause.
Cette crise ouvre une période de transition brutale. L’Italie entre dans ce que les historiens appellent la Deuxième République. Le vide politique est rapidement comblé par de nouvelles forces, dont Silvio Berlusconi, homme d’affaires milliardaire, qui fonde le parti Forza Italia en 1994 et remporte les élections quelques mois plus tard. Ironiquement, ce nouveau pouvoir politique sera lui aussi entaché par des affaires de corruption.
L’opération Mains Propres a soulevé des espoirs de renouvellement éthique, mais elle a aussi montré les limites de la justice face aux structures du pouvoir. Si elle a permis une purge sans précédent, elle a aussi contribué à une forme de désillusion démocratique, car les pratiques dénoncées ont, en partie, perduré sous d’autres formes.
En résumé, Mani Pulite n’est pas seulement une opération judiciaire : c’est un moment de bascule historique, où une démocratie tente de se réinventer sous le poids de ses propres trahisons.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Cette opération est une vaste enquête judiciaire anticorruption qui a bouleversé le paysage politique italien dans les années 1990. Elle débute officiellement en février 1992, à Milan, lorsqu’un juge d’instruction, Antonio Di Pietro, fait arrêter Mario Chiesa, un responsable local du Parti socialiste italien (PSI), pris en flagrant délit de corruption. Ce qui semblait au départ une affaire isolée allait se transformer en un séisme politique majeur.
L’arrestation de Chiesa provoque un effet domino. Pour se défendre, il commence à révéler l’existence d’un système de corruption généralisée dans l’attribution des marchés publics. Très vite, les juges milanais découvrent un vaste réseau impliquant des dizaines de partis politiques, des grandes entreprises, des administrations locales et des institutions nationales. L’opération prend de l’ampleur : des centaines de personnes sont inculpées, dont plus de 1 000 élus ou anciens élus. Le mécanisme était simple : les entreprises versaient des pots-de-vin aux partis pour obtenir des contrats publics, dans un système surnommé Tangentopoli ("la ville des pots-de-vin").
La société italienne est profondément choquée par l’ampleur du scandale. Les journaux publient des listes de personnalités impliquées.
La classe politique perd toute crédibilité. En moins de deux ans, les cinq grands partis traditionnels qui dominaient la politique italienne depuis l’après-guerre sont soit dissous, soit marginalisés. Parmi eux, la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti socialiste italien, piliers du système, s’effondrent. Même Bettino Craxi, ancien président du Conseil et figure centrale du PSI, est mis en cause.
Cette crise ouvre une période de transition brutale. L’Italie entre dans ce que les historiens appellent la Deuxième République. Le vide politique est rapidement comblé par de nouvelles forces, dont Silvio Berlusconi, homme d’affaires milliardaire, qui fonde le parti Forza Italia en 1994 et remporte les élections quelques mois plus tard. Ironiquement, ce nouveau pouvoir politique sera lui aussi entaché par des affaires de corruption.
L’opération Mains Propres a soulevé des espoirs de renouvellement éthique, mais elle a aussi montré les limites de la justice face aux structures du pouvoir. Si elle a permis une purge sans précédent, elle a aussi contribué à une forme de désillusion démocratique, car les pratiques dénoncées ont, en partie, perduré sous d’autres formes.
En résumé, Mani Pulite n’est pas seulement une opération judiciaire : c’est un moment de bascule historique, où une démocratie tente de se réinventer sous le poids de ses propres trahisons.
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