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Imaginez. Un soir, vous goûtez un plat nouveau. Sur le moment, tout va bien. Puis, quelques heures plus tard, les premiers symptômes apparaissent : nausées, crampes, vomissements. Vous comprenez rapidement : intoxication alimentaire. Vous vous en souvenez longtemps, et surtout, vous ne touchez plus jamais à cet aliment. Ce réflexe de rejet, presque viscéral, n’a rien d’anodin. Il est désormais prouvé qu’il trouve sa source dans le cerveau.
Le 2 avril 2025, une équipe de chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’université de Princeton a publié une étude marquante dans la revue Nature. Leurs travaux montrent que les intoxications alimentaires peuvent laisser une empreinte durable dans le cerveau. Autrement dit, l’aversion que l’on développe après un épisode de ce type n’est pas seulement psychologique ou culturelle : elle repose sur des modifications neurobiologiques réelles.
Pour le démontrer, les scientifiques ont mené une expérience sur des souris. Ils leur ont d’abord fait goûter une saveur sucrée inédite. Puis, une trentaine de minutes plus tard, les rongeurs recevaient une substance leur provoquant un malaise digestif. Résultat : les souris évitaient ensuite cette saveur avec constance, parfois pendant plusieurs semaines. Et ce, alors même que le cerveau est censé avoir du mal à relier deux événements séparés dans le temps.
Ce qui a particulièrement frappé les chercheurs, c’est la région du cerveau impliquée dans ce mécanisme : l’amygdale. Connue pour son rôle central dans la gestion des émotions et des souvenirs traumatiques, elle est ici activée à la fois lors de la dégustation initiale, lors du malaise, puis lors du rappel du goût. Ce triptyque d’activation montre que le cerveau encode profondément l’expérience, et associe la saveur au danger.
Plus encore, les chercheurs ont identifié les neurones chargés de transmettre le signal de malaise : ceux du tronc cérébral qui produisent une molécule appelée CGRP. En stimulant artificiellement ces neurones, ils ont pu recréer l’aversion sans provoquer de véritable intoxication. Preuve que le signal sensoriel seul suffit à conditionner le cerveau.
Ces résultats vont bien au-delà de la simple aversion alimentaire. Ils montrent que le cerveau est capable, en une seule expérience, de créer un lien de cause à effet entre un goût et une douleur, même différée. Un mécanisme qui pourrait aussi expliquer certaines phobies ou réactions disproportionnées à des stimuli mineurs.
Ainsi, une simple intoxication alimentaire peut laisser une trace, une mémoire enfouie, mais bien réelle. Une mémoire gravée dans les circuits émotionnels du cerveau, et qui guide nos comportements bien après la guérison.
Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
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Imaginez. Un soir, vous goûtez un plat nouveau. Sur le moment, tout va bien. Puis, quelques heures plus tard, les premiers symptômes apparaissent : nausées, crampes, vomissements. Vous comprenez rapidement : intoxication alimentaire. Vous vous en souvenez longtemps, et surtout, vous ne touchez plus jamais à cet aliment. Ce réflexe de rejet, presque viscéral, n’a rien d’anodin. Il est désormais prouvé qu’il trouve sa source dans le cerveau.
Le 2 avril 2025, une équipe de chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’université de Princeton a publié une étude marquante dans la revue Nature. Leurs travaux montrent que les intoxications alimentaires peuvent laisser une empreinte durable dans le cerveau. Autrement dit, l’aversion que l’on développe après un épisode de ce type n’est pas seulement psychologique ou culturelle : elle repose sur des modifications neurobiologiques réelles.
Pour le démontrer, les scientifiques ont mené une expérience sur des souris. Ils leur ont d’abord fait goûter une saveur sucrée inédite. Puis, une trentaine de minutes plus tard, les rongeurs recevaient une substance leur provoquant un malaise digestif. Résultat : les souris évitaient ensuite cette saveur avec constance, parfois pendant plusieurs semaines. Et ce, alors même que le cerveau est censé avoir du mal à relier deux événements séparés dans le temps.
Ce qui a particulièrement frappé les chercheurs, c’est la région du cerveau impliquée dans ce mécanisme : l’amygdale. Connue pour son rôle central dans la gestion des émotions et des souvenirs traumatiques, elle est ici activée à la fois lors de la dégustation initiale, lors du malaise, puis lors du rappel du goût. Ce triptyque d’activation montre que le cerveau encode profondément l’expérience, et associe la saveur au danger.
Plus encore, les chercheurs ont identifié les neurones chargés de transmettre le signal de malaise : ceux du tronc cérébral qui produisent une molécule appelée CGRP. En stimulant artificiellement ces neurones, ils ont pu recréer l’aversion sans provoquer de véritable intoxication. Preuve que le signal sensoriel seul suffit à conditionner le cerveau.
Ces résultats vont bien au-delà de la simple aversion alimentaire. Ils montrent que le cerveau est capable, en une seule expérience, de créer un lien de cause à effet entre un goût et une douleur, même différée. Un mécanisme qui pourrait aussi expliquer certaines phobies ou réactions disproportionnées à des stimuli mineurs.
Ainsi, une simple intoxication alimentaire peut laisser une trace, une mémoire enfouie, mais bien réelle. Une mémoire gravée dans les circuits émotionnels du cerveau, et qui guide nos comportements bien après la guérison.
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