Oui, il existe bien un problème de consanguinité chez les ours bruns des Pyrénées, et il devient de plus en plus préoccupant pour l’avenir de cette population.
? Que se passe-t-il exactement ?
En 2024, environ 100 ours vivent dans le massif des Pyrénées. Une croissance qui peut sembler encourageante, mais qui cache une fragilité génétique profonde : 90 % de cette population descend de seulement trois individus, dont un mâle en particulier, Pyros, qui a été le dominant entre 1997 et 2013. Cette faible diversité de départ a engendré une forte consanguinité.
Des chiffres alarmants
Le coefficient de consanguinité global a dépassé 16 % en 2024.
Pour les oursons nés cette année, ce taux dépasse les 20 %, seuil critique au-delà duquel les effets délétères commencent à se manifester, et cela pour la troisième année consécutive.
À titre de comparaison, un taux de 20 % correspond à celui qu’on aurait si un frère et une sœur se reproduisaient. Autrement dit, le brassage génétique est devenu trop faible.
Pourquoi est-ce un problème ?
La consanguinité entraîne une réduction de la diversité génétique, ce qui rend les individus :
plus sensibles aux maladies : une épidémie pourrait décimer une grande partie de la population, faute de résistance variée.
plus sujets à des malformations, internes ou externes.
moins fertiles : les portées consanguines donnent en moyenne moins d’oursons, ce qui freine la dynamique démographique.
Le risque majeur est que cette population, bien que numériquement croissante, entre dans une spirale de déclin génétique, avec une baisse progressive de la reproduction, de la robustesse, et donc de la viabilité à long terme.
Comment résoudre ce problème ?
Les spécialistes, comme Alain Reynes (directeur du Pays de l’ours-Adet), insistent : il faut introduire de nouveaux individus génétiquement différents, idéalement plusieurs mâles. Cela permettrait de diversifier le patrimoine génétique, renforcer la population et limiter les accouplements entre proches parents.
Mais malgré les alertes, les réintroductions récentes n’ont pas été efficaces : le jeune mâle de 2006 s’est peu reproduit et a disparu, celui de 2016 (Goiat) n’a pas réussi à s’imposer comme reproducteur.
Et maintenant ?
Une étude scientifique en cours devrait livrer d’ici fin 2026 une analyse approfondie des effets réels de la consanguinité sur les ours des Pyrénées. Mais les associations appellent déjà à l’action, jugeant urgent d’introduire de nouveaux ours non apparentés pour sauver la population à long terme.
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