Dans cet épisode, Judith retrouve Cyrielle, son amie d’enfance devenue bibliothécaire passionnée 💛.
Elle nous ouvre les portes des bibliothèques publiques et de toutes leurs merveilles gratuites pour apprendre le français : livres, ateliers, contes bilingues, podcasts jeunesse et bien plus encore 📚✨.
Cyrielle partage avec enthousiasme sa vision d’un apprentissage vivant, humain et profondément ancré dans la culture et l’échange 🤝.
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Show Notes
Prise de tête - podcast de Cyrielle - courts témoignages et récits intimes de vie
La Page à Modeler – podcast de Cyrielle sur la littérature jeunesse
Les contes d’Andersen (France Culture) – adaptés aux enfants mais aussi aux apprenants
Un podcast à soi (Arte Radio) – voix claire, sujets de société et féminisme
C’est ton répondeur – messages vocaux authentiques
Polissons – témoignages d’enfants sur des moments extraordinaires
Transcript
[0:17] Aujourd'hui, vous l'entendez peut-être, je ne suis pas avec Hélène, mais avec une amie d'enfance qui s'appelle Cyrielle. Alors, Cyrielle, elle a mon âge et elle a déjà eu plein de vies, mais aujourd'hui, c'est en tant que bibliothécaire qu'elle est avec nous pour nous parler de toutes les ressources que l'on peut trouver dans les bibliothèques municipales, donc publiques, accessibles à tous pour apprendre le français en tant que langue étrangère.
Judith:
[0:51] Pour commencer, est-ce que tu peux te présenter ?
[0:53] Alors je m'appelle Cyrielle, je suis bibliothécaire, mais on peut aussi dire médiathécaire. Pourquoi médiathécaire ? Parce que dans une bibliothèque publique, on n'a pas que des livres. Et c'est de ça dont on va parler aujourd'hui. On a tout un tas de ressources qui sont gratuites, accessibles à toutes et tous, au moins en consultation. Parfois, on peut avoir un abonnement payant pour emprunter les ressources. Mais sinon, c'est gratuit, c'est ouvert toute la semaine. Et il y en a surtout partout en France, dans les grandes villes, mais aussi dans les toutes petites.
[1:29] C'est vrai que nous, on n'a jamais trop recommandé les bibliothèques municipales. Çanous est jamais venu à l'esprit comme ressource pour apprendre le français en tant que langue étrangère. Alors, est-ce que tu peux nous expliquer ce qu'on peut trouver dans une bibliothèque municipale quand on veut apprendre le français ?
[1:45] Alors, on va avoir des ressources qu'on appelle manuscrites, donc c'est des livres. On va avoir des méthodes qu'on peut consulter ou emprunter avec le classement A1, A2, B1, B2. Mais on va avoir aussi des dictionnaires. Tout ça, ça va être classé dans les documentaires adultes. Donc, il faudra soit s'adresser à un bibliothécaire, soit aller directement dans les documentaires et aller fouiller et trouver ce dont on a besoin. On va aussi avoir des livres qu'on appelle Français Facile, qui permettent non seulement aux personnes qui ne parlent pas français de pouvoir s'entraîner, mais aussi pour permettre aux enfants d'apprendre à lire, y compris des Français dont c'est la langue maternelle. On va avoir des romans bilingues. Là, ce sera dans la partie fiction, où il y aura une page écrite en français et une page écrite dans une langue, peu importe laquelle. On a beaucoup de langues, en tout cas. Pour les enfants, on va avoir des albums totalement en langue étrangère ou alors des albums, pareil, bilingues. On a des ressources numériques. Toutes les bibliothèques ont une plateforme sur laquelle on peut soit s'inscrire pour avoir des cours de langue avec des méthodes. Il y a plusieurs types de méthodes, ça c'est en fonction des bibliothèques, elles choisissent celles qui leur plaisent. Et puis on va avoir des livres audio, ça peut être intéressant aussi pour apprendre le français. Ça c'est accessible de manière numérique, mais on va aussi avoir des CD directement en bibliothèque qu'on peut emprunter. Est-ce que tu veux qu'on parle des services et des ateliers qu'on peut proposer aussi en bibliothèque ?
[3:11] Attends, attends, parce que là, tu as mentionné plein, plein de choses. Est-ce qu'on peut revenir un peu ? Tu nous dis qu'il y a des livres de méthode, c'est-à-dire, c'est des livres vraiment d'apprentissage du français.
[3:21] C'est des livres avec des exercices.
[3:23] Qui sont disponibles sur place.
[3:25] Ils sont disponibles sur place. On n'a pas besoin d'avoir une carte. Je le redis, toutes les bibliothèques sont gratuites. On y entre, tout le monde a le droit d'y rentrer. Il n'y a aucune obligation d'avoir un abonnement. Par contre, pour emprunter les ressources, chaque bibliothèque a son règlement. Mais rentrer, consulter, discuter avec un bibliothécaire parce que c'est important et on est là aussi pour donner des informations tout ça c'est gratuit, il faut juste se renseigner sur les horaires d'ouverture. Les méthodes, c'est des livres qui permettent de s'exercer donc il va y avoir des, exercices de grammaire de vocabulaire avec des petits textes, ça c'est des choses qu'on met à disposition mais nous, notre règle d'or en bibliothèque c'est qu'on n'est pas là pour éduquer, donc on met à disposition des ressources mais par contre, on a une approche beaucoup plus globale. On a une approche culturelle de la langue. On propose des services en lien avec l'apprentissage de la langue, mais on n'est pas professeur. Et c'est important quand même de le préciser. On va avoir les ressources parce qu'elles nous sont demandées et que c'est un besoin des publics, et donc on les met à disposition. Mais en fait, il y a tout un tas de manières d'approcher une langue, et nous on est là pour ça, pour montrer tout ce panel d'approche de la langue.
[4:36] Ok, j'ai compris que tu veux en venir à toutes ces animations et ces ateliers que vous faites. J'ai vraiment hâte de savoir ça. Juste par rapport aux livres en français facile, toutes les bibliothèques en disposent ?
[4:47] A priori, oui. Alors, il faut savoir qu'il y a un réseau de bibliothèques énorme en France. Ce qui est sûr, c'est que dans les grandes villes, oui, c'est une certitude. Dans les métropoles, on a toutes les ressources que j'ai citées précédemment. Et si ce n'est pas le cas, de toute façon, on est un service public. Donc si on entre dans une bibliothèque et qu'on voit qu'il n'y a pas la ressource qu'on cherche, les bibliothèques sont aussi là pour répondre à une demande. Et donc on peut faire la demande que la bibliothèque acquiert des documents français facile pour pouvoir s'en servir. Et en général, c'est écouter.
[5:17] Parce que ça, c'est une vraie demande des gens qui apprennent le français, d'avoir ce genre de livre qu'on ne trouve pas forcément facilement et qui peuvent coûter assez cher et on ne sait pas forcément quelle référence choisir ?
[5:28] Les bibliothécaires, ils sont là pour ça. Je n'avais pas du tout prévu de parler de ça, mais vraiment, le cœur de notre métier, c'est ça. C'est répondre à une demande, un besoin. Quelqu'un qui rentre et qui dit « j'ai envie d'apprendre le français et j'ai besoin d'un livre en français facile », le bibliothécaire, il a les connaissances. Il fait ce qu'on appelle de la veille, donc il sait quels sont les éditeurs à aller chercher pour avoir des livres dans ses rayons qui correspondent aux besoins. Et en général, on achète ce qui est demandé.
[5:53] Ok, ça c'est vraiment génial parce que même nous, c'est vrai que souvent, on a quelques références en tête, quelques éditions. Effectivement, il y a des gens dont c'est le métier, comme tu dis, de faire de la veille.
[6:03] Et d'ailleurs, sans forcément les acheter, les bibliothécaires, ils sont aussi là pour dire, vous pouvez les trouver à tel endroit et du coup, permettre aux gens d'aller directement acheter ce dont ils ont besoin.
[6:15] Ok, alors maintenant, on peut attaquer cette approche plus globale et culturelle de la langue que je trouve hyper intéressante. Qu'est-ce qui est fait en rapport avec ça dans une bibliothèque pour les gens qui apprennent le français ?
[6:27] Alors, il faut savoir que chaque bibliothèque, elle fait un peu ce qu'elle a envie. En termes de proposition d'animation et proposition de service, on part toujours des gens. Donc, on va regarder quels sont les besoins des populations qui sont sur le territoire sur lequel la bibliothèque est implantée. Moi, ce que j'ai connu, par exemple, c'est des mamans qui ne travaillaient pas dans un quartier et qui avaient envie de se rencontrer pour parler de cuisine. Des personnes qui ne parlaient pas français, qui avaient besoin de s'exercer au français. Et dans ce contexte-là, on a organisé ce qu'on appelle des ateliers de conversation. Ça, c'est des choses qu'on retrouve très souvent dans des bibliothèques. La vraie différence qu'on va trouver dans chaque bibliothèque, c'est quel est le point de départ. Là, en l'occurrence, c'était la cuisine. Donc, nous, bibliothécaires, on apporte des ouvrages de cuisine, des recettes. Elles viennent aussi avec elles ce qu'elles ont à apporter, ce qu'elles ont envie de partager. Et puis, on discute. On peut même cuisiner en discutant. Et du coup, on s'exerce à parler le français. Encore une fois, ce n'est pas un cours. On ne donne pas des cours.
[7:29] C'est exactement ce que j'allais dire. Vous, vous n'êtes pas là pour enseigner le français et corriger les fautes. Vous créez un lieu, un espace pour que quelque chose se passe.
[7:37] Exactement, un espace d'échange. Et en général, il y a des trucs super qui se passent. Une année, on a fait un livre de recettes. Et chaque personne a écrit sa recette. Et on a fait un recueil qu'on a donné à tout le monde dans le quartier. C'était vraiment super. Et puis, dans d'autres bibliothèques, on peut avoir, par exemple, des ateliers de conversation autour d'un savoir-faire qu'on a envie de partager. J'ai aussi connu un atelier de conversation tricot.
[8:00] Chacune vient avec son savoir-faire, on s'apprend les unes les autres. Je dis « elles » parce que souvent, c'est des femmes, mais il y a eu aussi des hommes qui ont participé. En s'exerçant, en partageant un savoir... Un morceau de culture, en fait, on parle et on pratique le français. Et c'est trop chouette. On peut aussi s'appuyer sur le tissu associatif local. Si vraiment on a des demandes un peu plus spécifiques sur on voudrait aborder telle thématique, on voudrait parler de ça. Nous, les bibliothèques, on est vraiment implantées sur le territoire et on fait appel à des associations qui sont un peu plus spécifiques et qui peuvent être un support à ces ateliers.
[8:35] Et tout à l'heure, tu parlais des ressources pour les enfants, des enfants qui arrivent en France, qui ne parlent pas français.
[8:41] Alors, la littérature de jeunesse, elle est foisonnante. De manière générale, un album de littérature de jeunesse, on peut le lire à quelqu'un qui ne parle pas français, que ce soit un enfant ou un adulte, parce qu'il y a un vrai dialogue entre le texte et l'image. Donc ça, déjà, c'est super. Se laisser bercer par la langue tout en regardant les images et les illustrations. Déjà, c'est une première approche culturelle et de langue. Et puis, on va avoir toutes les ressources type abécédaire, imagier, qui permettent d'avoir un mot en correspondance avec une image. Et donc d'entrer dans la langue comme ça, vraiment avec l'illustration. En termes d'atelier aussi, ce qu'on fait beaucoup, c'est des contes bilingues. Alors ça, c'est super parce qu'en général, on fait aussi participer les publics qui ne parlent pas français ou qui ont deux langues à la maison, une langue maternelle et puis la langue française. Et en général, les gens arrivent avec un conte qu'ils connaissent. Le bibliothécaire lit une page en français et l'autre personne va raconter la même histoire dans la langue choisie.
[9:37] Donc tu as assister à des scènes d'échange culturel intenses.
[9:40] Voilà, et là, l'approche de la langue, elle est merveilleuse, parce que on parle plus que juste savoir parler français, c'est vraiment un échange culturel hyper intense, et c'est en général très beau.
Judith:
[9:57] Bon alors, vous l'aurez compris, Cyrielle est un puits de connaissances. Je me demande si tu as à nous partager un podcast que tu apprécies et qui pourrait être adapté aux gens qui apprennent le français ?
[10:12] Alors, je vais partir de qui je suis, et actuellement je suis maman d'enfants en bas âge. Je vais t'en donner plusieurs, parce que comme ça, ceux qui écoutent auront le choix. D'abord, encore une fois, la production jeunesse, elle est géniale pour ça, parce qu'en général, les podcasts, c'est des endroits où les histoires sont très articulées, la manière de parler est lente, et donc tout ce qu'on va retrouver, par exemple des contes, J'en ai en tête, il y a les contes d'Andersen, notamment sur France Culture, qui sont très bien. Mon fils est à fond sur La Reine des Neiges, mais la vraie histoire !
[10:46] Attention, c'est cinq podcasts de 20 minutes et c'est très bien articulé, c'est un français assez soutenu quand même, mais ça reste accessible parce que c'est pour les enfants. Après, moi, à titre personnel, ce que j'écoute, je suis une fan absolue d'Arte Radio, juste pour le son. L'ambiance que ça nous met dans les oreilles. Et en particulier, j'ai un podcast que j'écoute beaucoup. Et en faisant mes recherches, j'en ai trouvé deux qui peuvent être hyper intéressants pour les gens qui apprennent le français. Un podcast à soi. Ça, c'est le podcast que j'écoute à fond et que j'adore. Je trouve justement que quand on apprend le français, la voix de Charlotte Bienaimé, elle est bien parce qu'elle est vraiment posée. Elle est assez régulière. Elle articule très bien. C'est des formats longs, donc on a le temps de rentrer dans le sujet. Même si on ne comprend pas tout, je pense que ça peut être intéressant. Les sujets, c'est principalement du féminisme et des sujets de société qui concernent les Français en ce moment. Mais ça reste très intéressant pour découvrir la culture et ce qui se passe en France en ce moment.
[11:42] C'est un podcast que Hélène a déjà recommandé plusieurs fois, donc c'est bien la confirmation.
[11:48] Je ne le savais même pas. Il y a un autre podcast que j'ai écouté dans le train en arrivant et que j'ai trouvé génial. Il date un peu, c'est super pour les gens qui apprennent le français. Ça s'appelle « C'est ton répondeur ». Ça, c'est plutôt dans l'idée de découvrir comment se parlent les Français entre eux. Et donc, il y en a un, c'est "C'est maman". Et donc, c'est une compilation de mamans qui ont laissé des messages vocaux à leurs enfants. Il y en a un autre, "C'est papy". Et ça, je trouve ça super. C'est très court. Il faut peut-être savoir un peu mieux parler français que quelqu'un qui est vraiment grand débutant. Par contre, ça plonge vraiment dans comment les Français se parlent entre eux. Et je trouve ça super. Et le dernier, qui est encore quelque chose pour la jeunesse, mais que je trouve très bien aussi, c'est un podcast qui s'appelle "Polisson". Et là, c'est des témoignages d'enfants sur quelque chose qu'ils ont vécu, quelque chose d'extraordinaire, mais qu'ils ont réellement vécu et qu'ils racontent à travers leurs yeux d'enfant. Et là, je trouve ça très intéressant parce que, pour le coup, c'est la parole d'enfant, la manière assez propre qu'ils ont, eux, d'articuler. Ça peut être intéressant aussi. Et puis, comme on dit en français, c'est une expression, ils racontent les choses pour de vrai.
[12:46] Voilà. De façon complètement authentique.
[12:49] Exactement. Tout ça, c'est sur Arte Radio.
[12:52] Arte aussi, c'est quelque chose qu'on vous recommande très souvent. On est très fan avec Hélène. Bien évidemment, tous les podcasts que tu as mentionnés seront notés dans les show notes de cet épisode. Et puis, il y a bien sûr un podcast que je suis obligée de mentionner, parce qu'en plus, ça parle de littérature jeunesse. Et c'est ton podcast, Cyrielle.
[13:09] Ah, je n'étais pas prête pour celui-là. Bien sûr. Alors, c'est un podcast qui date maintenant, parce que je l'ai sorti en 2021 et je n'ai pas ressorti d'épisode depuis 2022.
[13:19] Alors, il n'y a pas beaucoup d'épisodes, mais ils sont d'une grande qualité. Et pour le coup, vous l'entendez peut-être, mais ta façon de parler est incroyable, extrêmement articulée avec du vocabulaire très choisi. Et donc, bien évidemment, si vous êtes intéressés par la littérature jeunesse ou si vous avez juste envie de continuer à entendre Cyrielle, on vous mettra le lien vers le podcast La Page à Modeler.
[13:42] Oui, et d'ailleurs, les ressources jeunesse de manière générale française peuvent être un bon support pour apprendre le français. Et donc, le podcast peut aussi aider les personnes qui ont envie de se plonger là-dedans.
Judith:
[13:56] Alors Cyrielle, quand je pense à toi, je pense très souvent à l'expression avoir plusieurs casquettes. Parce que j'ai l'impression que t'as déjà eu mille vies et qu'au quotidien, tu fais un milliard de choses. Alors l'expression avoir plusieurs casquettes, ça veut dire faire beaucoup de choses dans sa vie, avoir plusieurs rôles. Et à chaque fois qu'on change de casquette, on change de rôle. Est-ce que tu veux bien nous partager un peu quelques-unes de tes nombreuses casquettes ?
[14:24] Alors, comme tout le monde, je pense à mon âge. Je fais plein de trucs et notamment, j'ai la casquette maman qui me prend quand même beaucoup de temps. Donc, c'est vrai que quand je rentre à la maison, je mets la casquette maman. Mais avant de mettre ma casquette maman, j'ai ma casquette bibliothécaire. Donc là, c'est vraiment mon quotidien quand je travaille. En ce moment, je ne travaille pas, mais quand je travaille, c'est ça. Et là, au quotidien, je vais aller au devant des publics, répondre à leurs besoins, organiser le travail des équipes. Voilà, ça, c'est mon métier au quotidien. J'ai aussi une casquette musique qui est plutôt de l'ordre de la passion. Donc, je fais ça avec mon mari. On compose. Ça fait un moment qu'on n'a pas composé. Mais il fut un temps où c'était vraiment quotidien.
[15:06] Et puis, j'ai une casquette que je nommerai un peu geek parce qu'il y a plein de choses dedans, mais j'ai pas mal de passion et notamment la littérature de jeunesse. Donc, ça va être de la création audio. J'adore faire de la photo. Mais j'ai l'impression que ça concerne un peu tout le monde. Toi-même, tu as au moins deux casquettes entre un enfant et un podcast, plus que deux casquettes.
[15:27] C'est vrai, mais tu vois par exemple, toi, avec tout ça, tu arrives aussi à être très au courant de tout ce qui se passe autour de toi en termes d'actualité.
[15:38] C'est vrai que quand je vais parler avec mes copines, je vais dire « Alors attends, là, je mets ma casquette bibliothécaire pour te répondre quand on parle de bouquins. » Et puis, si à un moment, on parle de maternité, parce que c'est quand même des sujets qui m'intéressent à fond aussi, je vais dire « alors attends, là je vais mettre ma casquette de « j'ai fait un D.U. (diplôme universitaire) à la Sorbonne l'année dernière en santé sexuelle et du coup je peux répondre à ta question ». T'as raison, il y a un peu ce truc de « je change de casquette et j'aime bien ça, c'est vrai ». Mais je pense qu'on le fait tous.
[16:04] En tout cas, tu vas au bout des choses quand quelque chose t'intéresse et du coup tu maîtrises plein de sujets.
[16:09] Oui, ça c'est le côté passion hyper focus.
Je râle, tu râles, nous râlons
Judith:
[16:19] Tu nous as présenté des ressources, honnêtement, incroyables, insoupçonnables, qu'on peut trouver en bibliothèque publique, donc encore une fois, accessibles à tout le monde et gratuitement. A ton avis, qu'est-ce qui pourrait être amélioré autour de ça ?
[16:34] Je pense que l'écueil principal qu'on retrouve en bibliothèque, et ça ne concerne pas que le français langue étrangère d'ailleurs, ça concerne tous nos champs d'action, c'est la communication. On a du mal à montrer qu'on fait les choses. On a du mal à aller chercher les publics. Il y a vraiment un enjeu d'aller vers, de dire aux gens, regardez, on est là, on est à votre disposition, on a des ressources à votre disposition, c'est gratuit, c'est public. Venez vous servir, venez aussi nous apporter des choses parce qu'on fait en fonction de vous. Donc, je pense que la vraie amélioration, elle se trouve à cet endroit. On n'est aussi pas tous égaux en termes de financement. Il y a des petites villes qui ont moins de budget que les très grosses structures, donc forcément, on va avoir des disparités en termes de ressources. Et puis, la dernière chose, c'est aussi l'accès au numérique. Il y a des plateformes qui sont super dans les grosses structures, avec vraiment un choix incroyable, notamment dans les grandes villes. Toutes les bibliothèques de Paris, par exemple, c'est vraiment foisonnant, c'est super.
[17:34] Qu'est-ce qu'on trouve de plus dans les bibliothèques de Paris ?
[17:36] Ça va être sur le catalogue, les propositions de livres numériques, de livres audio, de cours en ligne. Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de bibliothèques qui commencent à se mettre aussi au partage de connaissances et de savoir-faire en ligne.
[17:48] J'ai une question. Des livres audio, ça s'emprunte ?
[17:51] Les livres audio, on en a en CD. Donc là, oui, ça s'emprunte avec une carte en physique, mais on peut aussi y avoir accès justement sur ces plateformes numériques. Et là, la condition, c'est d'être inscrit en bibliothèque. Globalement, dans les grandes villes, l'inscription, elle est gratuite. Il y a encore quelques endroits où ça peut être payant, mais c'est vraiment pas très cher.
[18:07] L'inscription est gratuite si on est domicilié ?
[18:11] Alors ça, c'est une fausse idée aussi. Encore une fois, ça dépend. Il y a des territoires vraiment dans les toutes petites bibliothèques où là, il va falloir fournir un justificatif de domicile. D'ailleurs, le justificatif de domicile, il n'est pas tant pour prouver qu'on habite à l'endroit, mais il est plus pour que, si jamais il y a un souci, qu'on ne rend pas un livre.
[18:25] Oui, pour avoir l'identité.
[18:27] Ce qu'il faut, c'est juste avoir un domicile. Mais moi, je peux très bien habiter Marseille et avoir une carte de bibliothèque à Paris. Ça, il n'y a pas de souci. Donc, ça peut être intéressant aussi pour les gens qui viennent plusieurs mois, mais qui n'habitent pas en France.
[18:39] De savoir que ce n'est pas obligatoire, parce que moi, j'ai toujours eu cette idée. Là, il y a quelques mois, j'ai voulu faire une carte de bibliothèque pour mon fils, et on m'a demandé un justificatif de domicile.
[18:48] Mais ce n'est pas pour ce que tu croyais.
[18:50] On n'a pas lissé les pratiques. Ça dépend si il y a des bibliothèques nationales aussi, si il y a des bibliothèques municipales. Les unes sont gérées par l'État et les autres sont gérées par les collectivités. Donc, ce n'est pas exactement les mêmes règlements. Mais par contre, ce qui est sûr, c'est que si tu présentes un justificatif d'identité, un justificatif de domicile à ton nom, tu as accès à ce que tu veux. Après, ça peut être payant ou pas. Mais ça, c'est de moins en moins le cas quand même.
[19:12] Si c'est payant, c'est pas beaucoup, normalement.
[19:14] Je n'ai pas les chiffres en tête, mais ce n'est vraiment pas beaucoup. Et de toute façon, la généralité tend vers la gratuité. C'est-à-dire que les grandes villes, de toute façon, c'est gratuit. Et il y a de plus en plus de bibliothèques qui se mettent en réseau. Et la mise en réseau, en général, conditionne aussi un accès gratuit à l'abonnement.
[19:30] Alors moi, j'ai une question pour toi, parce que quand je pense aux bibliothèques, j'ai été très peu dans les bibliothèques et les médiathèques quand j'étais petite. Et je crois que je garde un peu en tête cette idée que c'est un peu élitiste.
[19:42] Ça fait justement partie des choses qu'il faut qu'on améliore. Aujourd'hui, les bibliothèques, c'est plus du tout des endroits, les bibliothèques publiques, attention, je ne parle pas des bibliothèques universitaires, c'est encore un autre fonctionnement qui dépendent, donc elles, des universités. Et où c'est des endroits, pour le coup, où vraiment, il y a des chercheurs qui travaillent, on est vraiment sur un autre usage. Les bibliothèques publiques, c'est d'abord et avant tout des lieux d'accueil. C'est pas des endroits, c'est plus, en tout cas, ou de moins en moins des endroits où on garde le silence, où on doit chuchoter, où on doit respecter un certain protocole. Pas du tout. C'est des endroits où il se fait plein de choses. Il y a des grainothèques, des gens qui échangent des graines. Il y a des ateliers, je sais pas moi, de graphistes.
[20:21] C'est-à-dire, attends, une grainothèque, ça veut dire que moi j'ai des tulipes, j'échange mes tulipes contre quelqu'un qui a des graines de laurier.
[20:28] Voilà, exactement. On est vraiment dans cette transition, on appelle ça des troisième lieu.
[20:34] On aimerait vraiment tendre là-dessus, où l'usager, il est au cœur, et c'est aussi lui qui fait la bibliothèque. Donc on a de plus en plus de pratiques collaboratives dans les bibliothèques, on a même des espaces qui sont dédiés à ça, qu'on appelle des Fab Labs, dans lesquels les personnes qui visitent les bibliothèques s'emparent d'un projet, disent « moi je sais coudre, J'ai envie de partager cette passion, je propose de faire des cours de couture tous les lundis avec les gens qui s'inscrivent."
[21:03] Donc Fab Lab, ce serait pour laboratoire, fabrique ?
[21:06] Oui, je pense qu'il y a fabrique et laboratoire dedans. C'est vraiment l'idée qu'on fait ensemble et on cherche. Il y a la question de la recherche un peu aussi et du partage. Et les bibliothécaires, en fait, nous, on n'est pas tant là parce qu'on aurait un savoir. On est là pour faire passer, on est un peu des médiateurs, en fait. On fait transiter les savoirs, les connaissances on dit "Ah mais oui toi je te connais, attends je te mets en relation avec lui, attends je vous mets en relation avec telle association !" et puis nous on a des ressources aussi qu'on peut vous mettre à disposition et voilà on est plus dans ce truc de médiation que de choses très descendantes qu'on a pu connaître à une époque où le bibliothécaire était celui qui savait, le sachant qui avait tout un tas de connaissances non non on est tous au même niveau en bibliothèque
[21:52] Petit moment témoignage, est-ce que dans ta carrière, tu as déjà eu l'occasion de suivre le parcours d'un apprenant du français ?
[22:01] Alors directement non, mais indirectement oui. J'en ai déjà un petit peu parlé tout à l'heure avec les ateliers tricot, les ateliers cuisine. Il y a eu un moment où j'étais en charge aussi des ateliers numériques. Donc, c'est des ateliers qu'on organisait en médiathèque où on aidait les personnes qui ne savaient pas se servir d'un ordinateur. Et effectivement, dans ce contexte-là, il y avait beaucoup de gens qui parlaient peu, voire pas le français. Et donc, toujours dans cette idée d'amener le français, de l'utiliser comme un outil pour faire quelque chose d'autre, oui, j'ai suivi des gens qui étaient en plein apprentissage et du coup, j'en profitais pour leur dire « Ah bah ça, ça se dit comme ça », pousser un peu la discussion et la pratique.
[22:40] Toujours avec une transmission informelle.
[22:42] Et j'imagine que tu as dû voir aussi des enfants qui parlaient peu français s'améliorer petit à petit.
[22:48] Oui. J'ai travaillé longtemps sur un territoire où il y avait pas mal d'immigration. Et d'ailleurs, souvent, on approche les parents qui ne parlent pas du tout français avec les enfants. On va faire des lectures, donc les heures du conte, très classiques. On lit des histoires pendant une heure à des enfants entre 3 et 7 ans, ou même des lectures pour les tout-petits avant 3 ans. On fait donc des lectures en français, et en fait, on se rend compte, en discutant avec les parents, « Ah mais, ils ne parlent pas français ! » Hop ! Je vais l'attraper, et je vais lui dire « Tenez, il y a un atelier de conversation à telle heure, si vous êtes disponible, venez, et ça, il y a aussi des choses pour vous. » Donc oui, toujours en dialoguant, en s'approchant des publics, d'une manière un peu détournée, On travaille avec des personnes qui ne parlent pas français.
[23:25] Et c'est épanouissant d'avoir ce lien d'actrice comme ça au sein de la société ?
[23:29] Ce qui est génial, c'est effectivement le lien qu'on fait. On se dit, je pars pour une animation lecture avec des enfants de 3 ans. Et puis l'après-midi, je me retrouve à faire de la cuisine avec sa maman. Et qu'elle me raconte comment elle cuisinait quand elle était enfant, quand elle habitait pas en France. Et on a des témoignages absolument magnifiques. C'est hyper enrichissant.
[23:49] C'est sur cette onde très joyeuse que nous allons vous laisser là, les amis. Je suis sûre que vous avez adoré faire la connaissance de Cyrielle et on aura sûrement l'occasion de l'inviter à nouveau.
[24:01] Merci beaucoup, Judith, pour l'invitation. C'était très plaisant.
[24:04] Écoutez, pour ceux qui sont membres de la communauté Easy French, qui ont le Podcast Membership, on se retrouve dans la partie bonus où j'aurai le plaisir de continuer de discuter avec Cyrielle. Et puis pour les autres, on vous dit à la semaine prochaine.
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