« Aimer sans savoir comment aimer blesse la personne que l’on aime »
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Qu’est-ce que l’amour? On parle de l’amour inconditionnel, cet amour qui n’a besoin de rien en retour. Il y a l’amour passionnel qui peut détruire. Il y a l’amour omniprésent, celui qui émerge lorsque la peur disparait et donne du sens à la vie. La chanson ne dit-elle pas « Nous n’avons besoin que d’amour! »
Le sentiment d’amour accompagne nos vies. Parfois il grandit et d’autres fois se perd dans nos soucis. L’amour par moment nous apporte une grande joie, mais lorsqu’il semble avoir disparu, nous rempli de désespoir. Mais malgré cette proximité, pour beaucoup, l’amour reste un mystère.
Mais qu’en pense le bouddhisme, cette philosophie épurée de la vie fondée sur l’expérience des sens et du moment présent?
Qu’est ce que l’amour selon le bouddhisme
La réponse nous vient de l’un de ses plus respectés porte-parole, le moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh. Un ouvrage, How to Love (ed. Parallax Press), vient de paraître avec une collection de ses observations sur ce vaste sentiment humain.
Nhat Hanh note en essence qu’aimer l’autre c’est le comprendre. Et par comprendre, il entend: être capable de ressentir, sans jugement, le profond sentiment d’insatisfaction qui fait souffrir la personne qui est face à nous. Comprendre l’autre commence par créer suffisamment d’espace en soi pour d’abord se comprendre soi-même et pour ensuite pouvoir accueillir l’autre.
Si vous mettez une poignée de sel dans un verre d’eau, l’eau devient imbuvable. Mais si vous mettez le sel dans une rivière, on peut continuer à y collecter l’eau pour cuisiner, nettoyer et la boire. La rivière est immense, et elle a la capacité de recevoir et de transformer. Lorsque nos coeurs sont étroits, notre compréhension et notre compassion sont limitées, et nous souffrons.
Nous ne pouvons alors pas accepter ou tolérer les autres et leurs manques, et nous demandons qu’ils changent.
Mais lorsque nos coeurs s’élargissent, ces mêmes choses ne nous font plus souffrir. Nous avons suffisamment de compréhension et de compassion et nous pouvons étreindre les autres. Nous acceptons les autres tels qu’ils sont, et alors, ils ont la possibilité de se transformer.
Il ajoute
Comprendre la souffrance d’autrui est le plus cadeau que l’on peut offrir à une personne. La ‘compréhension’ est l’autre nom de l’amour. Si vous ne comprenez pas l’autre, vous ne pouvez pas aimer.
Le moine zen explique que tout commence par soi. Pour aimer l’autre, il faut d’abord être conscient de ses propres sentiments.
Lorsque nous nourrissons notre propre joie, nous nourrissons notre capacité à aimer. C’est pourquoi aimer c’est d’abord apprendre l’art de nourrir notre joie d’être.
Nhat Hanh observe que notre capacité à aimer a été influencée par notre éducation et nos proches.
Si nos parents ne se sont ni aimés ni compris, comment pouvons-nous alors savoir à quoi l’amour ressemble? Le plus précieux héritage que les parents peuvent donner à leurs enfants est leur propre bonheur.
Nhat Hanh parle aussi de la différence entre infatuations, ce fantasme de ce que l’autre peut devenir pour soi, et amour.
Souvent, nous désirons une personne non pas parce que nous l’aimons et la comprenons véritablement,